« Je me bats ! je me bats ! je me bats !»
Cette scansion, écrite par un homme, Edmond Rostand, ces mots, ceux d’un homme, le personnage de Cyrano de Bergerac, m’ont obsédée pendant la préparation de ce texte.
J’ai déjà dit ailleurs que mon père était un ange parmi les anges, je n’y reviens pas.
Je ne suis pas Cyrano. Je ne me bats pas. Sauf avec mes frères et sœurs, il y a longtemps et pas méchamment. Je ne me suis jamais battue physiquement. Ni dans la cour de récré ni ailleurs. Mes seuls street fights se mènent à vélo. Là, oui, quand je pédale sur une piste cyclable à contresens des voitures, je suis en mode combat. J’attends les Klaxons et les insultes, je me déporte volontairement sur la gauche à l’extrémité de la ligne de démarcation, je sais que sinon les automobilistes boufferont mon espace. Je reçois tant d’insultes et d’agressivité à vélo. Je les poursuis, je viens taper à leurs vitres. Mais ce sont les seuls moments, je crois, où je ressens de la rage immédiate. Sinon, l’envie de taper m’est étrangère. Je n’ai pas le goût de la riposte, et je continue à discuter même avec des personnes qui m’ont attaquée, comme je l’ai fait dans le texte Sister Insider ² . Je ne donne ni coups de poing ni coups de pied, et pourtant, depuis plusieurs mois, je suis décrite comme une « justicière » ( titre du portrait du Point paru le 24 septembre 2020 ) qui «sort de ses gonds» ( mots du Parisien dans un article du 11 mars dernier après mon intervention parfaitement calme et informée au Conseil de Paris pour dénoncer le choix d’attribuer une plaque à l’ancien maire du 16e , Claude Goasguen ). Touche pas à mon poste ( talk-show présenté par Cyril Hanouna sur C8 ) a même poussé un peu plus loin mon image de fighteuse, en m’invitant à débattre des droits des femmes avec… Jean-Claude Van Damme. Je n’y suis pas allée, mais j’ai beaucoup rigolé.
C’est vrai que mon corps est un combat. Comme celui de toutes les femmes. L’artiste américaine Barbara Kruger l’a résumé en une sérigraphie : « Ton corps est un champ de bataille. » Avortement, viol, féminicide, PMA. Nous combattons pour et par nos corps. J’aimerais comprendre ce que la lutte fait à mon corps, mon corps de combat, objet à déboulonner, corps politique.
Le Corps abject
Qu’elles soient des proies, des trophées ou des éléments hostiles et étrangers à expulser, les femmes sont chassées. Mon corps aux cheveux courts, mon affichage lesbien me font échapper à la catégorie gibier. Pour mieux me précipiter dans celle de parasite à éjecter. Les hommes font des premières des corps-objets, et des secondes des corps abjects. Rendre mon corps abject, c’est l’animaliser, me traiter de « hyène » ( par Raphaël Enthoven sur Twitter³. C’est le psychiatriser en criant pendant la réunion du Conseil de Paris : « Il faut l’interner » (un maire d’arrondissement socialiste ). C’est accoler, des milliers de fois sur les réseaux sociaux, l’adjectif « folle » ou ses équivalents à mon nom.
Pour construire un corps abject, le plus simple est encore de le déshumaniser. En l’occurrence : nier mon existence. L’obsession à me qualifier d’homme est probante. Toutes mes interventions publiques suscitent ce commentaire, des milliers de fois : « C’est un mec. » L’acharnement à me trouver des sosies est éloquent. Je serais « le jeune frère de Depardieu », Laurent Ruquier, Guillaume Canet. Un youtubeur américain peu recommandable, aux millions d’abonné·es, Logan Paul, s’est retrouvé en TT ( Trending Topic, sujet tendance et viral sur Twitter ) à la suite d’une de mes apparitions télé tant les comparaisons physiques entre lui et moi, insultantes, se multipliaient. Le but est d’humilier. Mais aussi de fabriquer le terreau propice aux menaces de viol et de meurtre. La caricature sert à cela. Le corps qu’on déshumanise, qu’on nie dans son existence de femme, est un corps violable. Les courriers arrivent par paquets, qui me traitent de « charogne de lesbienne », assortis d’un « Je t’encule avec un godemiché sans vaseline », avec toujours une requête : que je démissionne du Conseil de Paris. Menacer pour expulser.
Certains de mes collègues au Conseil de Paris n’agissent pas différemment. Ils crient: « Faites-la taire », « Sortez-la. » Jusqu’à me traiter d’« excrément » au micro⁴ . Lorsque j’ai protesté contre la standing ovation orchestrée par le préfet Lallement en l’honneur de Christophe Girard⁵, le son de la retransmission a été immédiatement coupé. Contre toute règle du débat démocratique. Puis les communiqués et interventions se sont multipliées pour demander à m’exclure de la majorité. Sur les listes officielles attribuant des sièges aux Conseillères et Conseillers de Paris dans des établissements coadministrés par la ville, mon nom a été recouvert de blanco, et il a fallu des semaines de négociation pour que je sois réintégrée dans ces instances. La silenciation et l’invisibilisation en action.
Lire aussi : « Armons-nous, nous en avons le droit par la nature et même par la loi ! »
Pour que le combat n’ait pas lieu, ils effacent l’adversaire. Ou, plus retors, ne laissent pas d’espace au combat. Lors de plusieurs réunions, alors que je tentais d’exposer, posément, certaines problématiques, j’ai eu droit soit à de longs silences, soit à des protestations. « Ce n’est pas le lieu, ici ce n’est pas la rue ou les réseaux sociaux », m’a‑t-on opposé en masse alors que je tentais, lors d’une réunion de la commission Culture, de parler de violences pédocriminelles. Si pas là, où ? Une assemblée politique d’élu·es devrait évidemment être le lieu pour discuter de pédocriminalité.
Face à cela, que faire? Doit-on transformer un corps vilipendé en un corps protégé ? Mon emploi du temps, ces derniers mois, a dû intégrer de nouvelles cases. Des passages répétés au commissariat, des rendez-vous avec une avocate.
Je n’ai pas peur. Ou alors de l’aigreur. Comment supporter l’injustice et ne pas sombrer dans l’amertume? J’ai trop observé ce phénomène chez d’ancien·nes militant·es pour ne pas m’en inquiéter. J’ai lutté d’abord sur ce terrain intime pendant tous ces mois. Le traitement médiatique réservé au Génie lesbien a été infect, dans Paris Match ou ailleurs, au mépris de toute règle de déontologie journalistique.
Avortement, viol, féminicide, PMA. Nous combattons pour et par nos corps.
Le Corps révélateur
Face aux avanies subies, ne plus voir son corps harcelé, expulsé, ridiculisé, menacé, mais l’appréhender comme un corps révélateur. Le révélateur est ce composé chimique qui permet de fixer l’image d’une photographie argentique. Sans lui, l’image est latente. Avec lui, elle se développe et se fixe. Je suis, depuis plus d’une décennie, membre du groupe La Barbe. Depuis des siècles, des hommes se réunissent entre eux et décident. Dans des fédérations sportives, des assemblées générales de grands groupes, des conseils généraux de départements, des inaugurations culturelles. Ils trônent sur ces scènes. Mais pour fixer cette image, comprendre que c’est celle d’hommes dans leur entre-soi, il faut un révélateur. Ce sont les corps de femmes
ornées d’une barbe postiche qui s’introduisent sur ces scènes et leur crient: «Vive le patriarcat, messieurs, tenez bon et préservez les viriles valeurs de la France!» J’ai accompli ce geste des dizaines de fois. Il n’en va pas différemment au Conseil de Paris ou sur les réseaux sociaux. Je ne me bats pas, c’est ma simple présence qui révèle leur violence.
Face aux barbues, ils se lâchent. « Montrez vos seins», « Connasses», «Dégagez », « Fermez-la », «Dehors.» La sexualisation, l’insulte, la volonté d’expulser. Les mécanismes sont toujours les mêmes. D’abord, ils excluent. Puis, si nous parvenons tout de même à entrer ou à être élues, ils se font plus violents. En avril 2019, une soirée co-organisée par l’hebdo d’extrême droite Valeurs actuelles affichait sept invités. Sept hommes blancs. Lorsque j’ai revu les images de mon entrée sur la scène du Cirque d’hiver, au moment du débat entre Éric Zemmour et Bruno Le Maire, j’ai été surprise par ma posture. Je me tiens sage. Droite, les bras le long du corps. Et pourtant ils me foncent dessus et m’empoignent. La violence est déchaînée. Le corps révélateur a fait son effet.
Je me tiens debout aussi, selon le mode d’action de La Barbe qui veut que les barbues «se tiennent droites», une «scène silencieuse, digne, picturale ». Pour créer cet instantané qui dévoile les rapports de force du monde et expose les réponses des hommes. Car leur violence est d’habitude cachée: «On ne frappe pas une femme », « Les femmes et les enfants d’abord.»
Nos êtres révélateurs sont à leur apogée sur les réseaux sociaux. Je n’efface pas les milliers d’insultes et de menaces. Ils sont pour moi des traces précieuses. Comme l’ont magistralement illustré Myriam Leroy et Florence Hainaut dans #SalePute, documentaire⁶ sur le cyberharcèlement des femmes, les insultes sur les réseaux sociaux ne sont pas une question de médium. Le problème n’est pas que, derrière un écran, certains se permettent tout. Notre présence sur les réseaux sociaux est un révélateur, qui expose la violence misogyne et raciste dans son effarante crudité et son effarante quantité. Encore faut-il que les récits s’en emparent. Je suis toujours sidérée que, dans les cas de féminicides, on interroge toutes les responsabilités sauf celles des hommes. Un homme peut défenestrer sa compagne, balancer des canettes de bière sur son corps gisant⁷, les responsabilités envisagées sont celles de l’État, de la police, de la justice. Jamais celle des hommes. La question ne survient pas sur les plateaux de télévision.
Le Corps informateur
Mon corps révélateur est aussi un corps informateur. Nous comptons le nombre d’hommes sur scène et informons sur les chiffres de la domination masculine dans le secteur que nous visons. Le procédé n’est pas nouveau. L’actrice Aïssa Maïga l’a appliqué pendant la cérémonie des Césars 2020. Son corps révélateur de femme noire sur scène, son corps informateur qui a dénombré les personnes noires dans la salle, a provoqué ce qu’on a nommé un « malaise » qui a entraîné de la violence et un déchaînement sur les réseaux sociaux. Chiffrer pour exposer. C’est ce que faisait déjà l’organisation féministe lesbienne le Combahee River Collective⁸ , grâce au procédé de sérialisation conceptualisé par Terrion Williamson. Un texte intitulé Six Femmes Noires, pourquoi sont-elles mortes ? a ainsi été publié, puis sans cesse réactualisé au fur et à mesure que le nombre de meurtres augmentait. Ce décompte organisé en France par le collectif Féminicides par compagnons ou ex a été fondamental dans la médiatisation de la lutte. Dans mes combats, parce que journaliste, je privilégie l’information. Mes interventions au Conseil de Paris citent et sourcent. Plus le sujet est susceptible de provoquer une explosion de colère, plus il faut informer. Rokhaya Diallo fait de même. Ce qui m’impressionne, au-delà du calme, de la ténacité, c’est son savoir. Bien sûr, ça nous demande dix mille fois plus de travail. Mais ça fonctionne. L’intervention sur Christophe Girard avait provoqué des oukases, celle sur Claude Goasguen des insultes, mais lorsque, extrait après extrait, et avec l’aide notamment de la journaliste Sihame Assbague, j’ai pointé le discours colonial de l’Union des Anciens Combattants dont nous discutions la subvention au Conseil du mois de mai 2021, un élu de droite m’a dit: « Je ne savais pas, je vais aller regarder de plus près. »
Le Corps transformateur
Mon corps d’activiste est aussi un corps de lesbienne. Ce qui accroît encore sa puissance révélatrice. Je sais que si l’on me traite d’excrément, c’est d’abord parce que mépriser les lesbiennes est autorisé. Parce que certains m’ont brandie comme une menace. J’en veux pour preuve le lexique de la frayeur utilisé par nombre d’édiles pour parler de moi. «Effrayant », ont tweeté des responsables politiques à mon encontre. Dans Se
défendre (La Découverte, 2017), la philosophe Elsa Dorlin a décortiqué les mécanismes de construction des corps qui font peur, des corps menaçants. Je ne compte plus le nombre de journalistes qui m’ont confié avoir eu peur de moi avant de venir m’interviewer. Pour finir d’un «En fait, vous êtes vachement sympa. » Un jour, j’ai appelé, en tant qu’élue, une fonctionnaire de la mairie. Elle m’a dit «Oh là là ! Quand j’ai su que c’était vous, je me suis dit : “J’aimerais pas la croiser dans un couloir, elle va m’en coller une.” » Cela m’a un peu brisé le cœur. Et comme d’habitude, je n’ai pas moufté, j’ai même fait en sorte de la mettre à l’aise alors qu’elle avait clairement outrepassé les convenances. Je n’ai pas d’appétence pour la confrontation dans les rapports humains. Je n’ose pas.
Quoi que je dise, je suis ramenée à un discours de haine. J’ai été la cible d’une attaque lesbophobe à Rouen en juin 2021, au cours de laquelle des membres de Génération identitaire m’ont sommée de répondre à la question déployée sur une large banderole «Vous n’aimez pas les hommes, madame Coffin ? » Je n’ai pas de haine envers les hommes. Je serais beaucoup plus trash si c’était le cas. Je n’ai pas une once de haine, mais je ne peux le dire qu’ici, dans une revue féministe. Se justifier ailleurs, c’est rentrer dans l’antiféminisme, la lesbophobie, qui consiste à dépolitiser tout discours en les fondant sur l’homme et les affects qu’il se devrait d’inspirer.
La perfomance de genre est épuisante, elle déforme. reste à assumer les conséquences sociales d’un corps non genré
Mon corps lesbien inspire, lui, en revanche de la révulsion. Mon corps de femme athlétique aussi. Les remarques désobligeantes que j’ai subies pendant toute mon adolescence et ma jeunesse ont, pendant longtemps, fait de mon corps un corps absent, que je ne voyais pas. On me disait: « Tu as des épaules de nageuse est-allemande. » Tous ces critères si valorisés chez les hommes, les muscles, l’agilité, l’énergie, devenaient des repoussoirs. Mon corps n’était libre que sur les terrains de sport. Quand je pouvais les arpenter, ce qui n’était pas le cas dans les cours de récré. À l’école Charles Baudelaire, dans le 12e arrondissement de Paris, il y avait cette immense cour dans laquelle les garçons jouaient au foot. Je n’en étais pas. Alors que je savais jouer. Bien. Les élastiques des filles marquaient des périmètres beaucoup plus restreints. Je n’y jouais pas non plus. Je ne jubilais que lorsqu’il y avait des rondes communes pour chanter « Un samedi soir je dis à ma mère / Voulez-vous savoir le garçon que j’aime ? / C’est un jeune garçon à qui j’ai donné mon cœur… » L’hétérosexualité rôdait.
On me disait: « Tu as une démarche de cowboy. » Virginie Despentes décrit si bien le départ d’Adèle Haenel de la cérémonie des Césars, qui « avance le dos droit et la nuque raidie de colère et les épaules ouvertes » ( « On se lève et on se barre », Libération, 1er mars 2020 ). Nous sommes toujours debout. Comme les barbues si fières. Comme le titre du documentaire de Carole Roussopoulos sur le MLF ( Debout ! Une histoire du Mouvement de libération des femmes, 1999 ). Comme la chorégraphie Je suis debout des féministes polonaises pour l’IVG. Comme la dernière phrase du Regard féminin. Une révolution à l’écran, d’Iris Brey ( éditions de l’Olivier, 2020 ) : « Il est temps de redresser nos regards. »
Je soupçonne que cette énergie, je la dois précisément à mon côté gender fluid⁹. La performance de genre est épuisante, elle déforme. Reste à assumer les conséquences sociales d’un corps non genré. J’étais bien sur les terrains de sport, car mon corps était libre. J’étais bien quand je buvais, car j’oubliais un peu aussi les regards sur moi, mon surmoi patriarcal. Je suis bien en lesbienne parce qu’elles, les lesbiennes, savent valoriser ces corps-là. Yuri, avec qui je vis, m’a dit qu’elle avait flashé en me voyant jouer au foot et parce que j’avais des jambes très musclées.
Le corps lesbien libre des normes du genre comme transformateur d’énergie. Le corps lesbien comme ingurgitation et régurgitation de la violence, selon la geste des Lesbian Avengers¹⁰ qui engloutissaient des torches de feu et les recrachaient en criant: « Nous prenons le feu et le faisons nôtre. »
Je leur fais peur donc. Prétendument. Je n’en suis pas certaine. Tout au plus savent-ils, peut-être, que je n’ai pas peur. Je ne suis ni résistante à la douleur ni courageuse. Une fois réalisé le premier, j’ai été tétanisée pendant des heures de devoir faire un deuxième test PCR. Je me laisse aussi gentiment gruger par plein de gens.
Ce que je fais en ce moment, en politique, reste superficiel. J’essaie de rendre visible leur cadre coercitif, celui qui impose à certain·es le silence, j’essaie de m’y opposer, mais je ne modifie rien structurellement. Il faut davantage de temps pour cela. De compréhension du système. Il m’a fallu des années pour pouvoir réellement déconstruire le discours journalistique. Dépasser toutes les couches de justification qui l’entourent, et savoir par où attaquer et refonder, ce que j’ai tenté de faire dans Le Génie lesbien. Je n’en suis pas là en politique. J’ai terminé l’année 2020–2021 avec des poings serrés en permanence, une mâchoire qui refusait de se décrisper. À force d’attaques d’adversaires ou de mes propres communautés, mon état de vigilance est devenu permanent. Mon amie Alix Béranger m’a dit « Ton corps est comme un arc bandé. » C’est ce qui permet de réagir, je crois.
C’est l’activisme qui me l’a enseigné. Lors d’une action de La Barbe nous sommes en état d’alerte et de réceptivité maximales. Il faut enregistrer toutes les paroles, les gestes qui nous entourent. Car ils racontent une histoire.
Je refuse d’abandonner la gentillesse. Je refuse d’abandonner les cris. Tant et tant m’ont conseillé après mes premiers jours en politique d’agir différemment. Qu’on ne gagnerait pas ainsi, que jamais la Mairie ne céderait. Il ne fallait pas les croire. Il ne faut pas croire non plus ceux qui disent que la politique pousse à trahir ses convictions. C’est faux. Je n’ai pas eu à le faire depuis que je suis élue.
Le corps disqualifié des activistes, le corps précarisé des militantes, je les connais. Mais je connais aussi leur esprit de corps. Ce sont nos imaginaires et nos esprits qui modifieront les perceptions que nous avons de nos corps faibles ou puissants. Ce sont les esprits de corps des groupes d’activistes qui nous sauveront. Ils peuvent continuer à s’en battre, nous nous battrons. •
1. La procréation médicalement assistée(PMA) pour les femmes célibataires et les couples de lesbiennes, promesse de François Hollande puis d’Emmanuel Macron, a été définitivement adoptée par le Parlement le 29 juin dernier.
2. Pour ce texte, publié dans l’ouvrage Sororité (éditions Points, 2021), Alice Coffin s’est entretenue avec Anne Hidalgo, Marlène Schiappa, Sonia Mabrouk et un certain nombre d’autres femmes qui l’avaient publiquement attaquée.
3. Le 24 juillet 2020, à la suite d’un tweet d’Alice Coffin dans lequel elle expliquait son refus de se lever pour applaudir Christophe Girard, l’essayiste Raphaël Enthoven commenta sur le même réseau social: «Amis zoologistes, voulez-vous entendre le cri de la hyène privée d’empêcher les obsèques de sa victime, et qui claque des mâchoires dans le vide ? Soutien, amitié et admiration à [Christophe Girard]. Honte à ses bourreaux. Le #féminisme est mort sur l’autel du délit d’amitié.»
4. Le 10 mars 2021, lors de la délibération du Conseil de Paris sur l’attribution à une place du nom de Claude Goasguen, le maire (LR) du 16e arrondissement, Francis Szpiner, accuse Alice Coffin de «cracher sur la mémoire de Claude Goasguen» et cite le poète René Char : «Il existe une sorte d’homme toujours en avance sur ses excréments.»
5. Le 24 juillet 2020, au Conseil de Paris, le préfet de police Didier Lallement fait applaudir l’ex-adjoint à la culture, Christophe Girard, qui a démissionné la veille après la révélation de ses liens avec l’écrivain pédocriminel Gabriel Matzneff. Alice Coffin crie: « La honte ! La honte ! La honte !» avant que le son de la retransmissionne soit coupé.
6. Disponible sur Arte.tv jusqu’au 4 décembre 2021.
7. Comme à Colmar le 3 juin 2021.
8. Organisation active dans les années 1980 à Boston, aux États-Unis. Elle est notamment connue pour sa Déclaration du Combahee River Collective (1977), un des textes pionniers de l’afro-féminisme.
9. Identité de genre fluctuante et flexible
10. Lesbian Avengers est un groupe d’action directe formé à New York en 1992