La révolution sexuelle est encore à venir !
Dans les années 1960 et 1970, en France, la légalisation de la contraception puis de l’avortement a permis aux femmes cisgenres hétérosexuelles de ne plus vivre leur sexualité sous la menace d’une grossesse non désirée. Cette révolution politique aux puissantes répercussions intimes est venue rencontrer le désir d’émancipation de la génération post-Mai 68. De ce double mouvement est née la « libération sexuelle », racontée, aujourd’hui encore, comme une révolution permettant à chacun·e de vivre une sexualité supposément « sans entraves ».
Un demi-siècle plus tard, un tiers des Françaises se déclarent insatisfaites de leur vie sexuelle. Plus grave, 9 sur 10 disent avoir déjà ressenti une pression de la part d’un partenaire pour avoir un rapport sexuel. En Occident, les droits reproductifs et les mentalités ont évolué. Pour autant, la sexualité des femmes et des personnes LGBT+, a fortiori lorsqu’elles sont non blanches, handicapées, travailleuses du sexe ou âgées de plus de 50 ans, reste largement évaluée à travers le prisme patriarcal. Son script infuse un peu partout, depuis le discours médical jusqu’aux comédies romantiques: un pénis dans un vagin, avec à la fin un orgasme, environ deux fois par semaine. Ces représentations éludent en grande partie la question des violences et des logiques de domination qui traversent les rapports intimes. Elles ont aussi pour effet de hiérarchiser les sexualités et de stigmatiser les corps et les désirs de toute une partie de la population. Or, comme le soulignait, en substance, Virginie Despentes dans une interview donnée en 2019: « Une fille devrait pouvoir, autant qu’un garçon, frimer dans la cour de l’école en disant: “Je suis une bonne suceuse!” » Tout le monde devrait également pouvoir refuser un rapport sexuel sans être moqué·e, violé·e ou quitté·e.
Ce dossier propose des clés pour comprendre comment s’est construite cette norme sexuelle, et de quelle manière la sexualité peut oppresser autant qu’elle peut libérer. Il propose d’imaginer des chemins de traverse pour échapper aux itinéraires tout tracés d’une intimité qui reproduit les logiques de domination entre les sexes, les corps, les classes ou les races. Pour, enfin vivre en entente avec nos corps, nos désirs et nos partenaires. Aussi varié·es soient-ils et elles.
Retrouvez l’intégralité de ce dossier Baiser dans la Déferlante #9.