Quelques jours avant Noël, le Chili élisait à sa tête Gabriel Boric, un homme de gauche de 35 ans, ouvertement progressiste et féministe. En France, où la campagne présidentielle favorise depuis plusieurs mois la libération d’une parole raciste et misogyne, cet évènement apparaît comme une lueur d’espoir. Mais dans le contexte politique chilien, la mise en place des mesures annoncées s’annonce complexe. Myriam Hernandez Orellana, journaliste politique chilienne et chercheuse en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lille, analyse pour La Déferlante les défis qui attendent le nouvel homme d’État.
Le nouveau chef d’État chilien qui entrera en fonction le 11 mars appartient à une génération qui n’a pas connu la dictature de Pinochet et s’inscrit dans un contexte où une majorité de la population adhère aux revendications féministes. Arrivé en tête du deuxième tour grâce aux votes des femmes de moins de trente ans qui ont vu dans le programme de son adversaire d’extrême droite, José Antonio Kast, une atteinte à leurs droits, Gabriel Boric, a affirmé, dès son discours de victoire, vouloir mettre fin à « l’héritage patriarcal ».
Si une partie du projet qu’il veut mettre en place, comme la lutte contre les violences faites aux femmes et aux personnes LGBTQIA+, fait l’objet d’un consensus politique, d’autres réformes risquent d’être plus compliquées à faire passer.
Une transformation effective de l’ordre du genre
Parmi les mesures-phares de son programme, la mise en place d’un service public de garde d’enfants et d’aide aux personnes âgées et aux personnes handicapées. Le but est de soulager les aidant·es sur qui reposent jusqu’ici tout le système de soin aux personnes. Ces aidant·es sont principalement des femmes, issues des milieux populaires. « Si ces femmes ne se disent pas ouvertement féministes, les mesures promises en leur faveur vont dans le sens de leurs aspirations », explique Valentina Sanchez, membre du Front féministe de convergence sociale, une formation qui appartient à la coalition gouvernementale. Comme elle, Lorena Fries, députée nouvellement élue et ancienne secrétaire d’État aux Droits humains voit dans ce programme, un projet de « réorganisation sociale » qui peut permettre une transformation effective des rôles de genre.
ACTUELLEMENT AU CHILI, L’AVORTEMENT N’EST AUTORISÉ QUE DANS DES CAS DE FIGURE EXTRÊMES.
La dépénalisation de l’avortement est l’autre
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