Chili : un Président féministe, et après ?

Publié le 21 janvier 2022

Quelques jours avant Noël, le Chili élisait à sa tête Gabriel Boric, un homme de gauche de 35 ans, ouver­te­ment pro­gres­siste et féministe. En France, où la campagne pré­si­den­tielle favorise depuis plusieurs mois la libé­ra­tion d’une parole raciste et misogyne, cet évènement apparaît comme une lueur d’espoir. Mais dans le contexte politique chilien, la mise en place des mesures annoncées s’annonce complexe. Myriam Hernandez Orellana, jour­na­liste politique chilienne et cher­cheuse en sciences de l’information et de la com­mu­ni­ca­tion à l’université de Lille, analyse pour La Déferlante les défis qui attendent le nouvel homme d’État.

Le nouveau chef d’État chilien qui entrera en fonction le 11 mars appar­tient à une géné­ra­tion qui n’a pas connu la dictature de Pinochet et s’inscrit dans un contexte où une majorité de la popu­la­tion adhère aux reven­di­ca­tions fémi­nistes. Arrivé en tête du deuxième tour grâce aux votes des femmes de moins de trente ans qui ont vu dans le programme de son adver­saire d’extrême droite, José Antonio Kast, une atteinte à leurs droits, Gabriel Boric, a affirmé, dès son discours de victoire, vouloir mettre fin à « l’héritage patriarcal ».

Si une partie du projet qu’il veut mettre en place, comme la lutte contre les violences faites aux femmes et aux personnes LGBTQIA+, fait l’objet d’un consensus politique, d’autres réformes risquent d’être plus com­pli­quées à faire passer.

Une trans­for­ma­tion effective de l’ordre du genre

Parmi les mesures-phares de son programme, la mise en place d’un service public de garde d’enfants et d’aide aux personnes âgées et aux personnes han­di­ca­pées. Le but est de soulager les aidant·es sur qui reposent jusqu’ici tout le système de soin aux personnes. Ces aidant·es sont prin­ci­pa­le­ment des femmes, issues des milieux popu­laires. « Si ces femmes ne se disent pas ouver­te­ment fémi­nistes, les mesures promises en leur faveur vont dans le sens de leurs aspi­ra­tions », explique Valentina Sanchez, membre du Front féministe de conver­gence sociale, une formation qui appar­tient à la coalition gou­ver­ne­men­tale. Comme elle, Lorena Fries, députée nou­vel­le­ment élue et ancienne secré­taire d’État aux Droits humains voit dans ce programme, un projet de « réor­ga­ni­sa­tion sociale » qui peut permettre une trans­for­ma­tion effective des rôles de genre.

ACTUELLEMENT AU CHILI, L’AVORTEMENT N’EST AUTORISÉ QUE DANS DES CAS DE FIGURE EXTRÊMES.

La dépé­na­li­sa­tion de l’avortement est l’autre

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