Y aura-t-il des comédies féministes à Noël ?

Publié le 23 décembre 2022
Comme toute bonne réunion familiale qui se respecte, Noël est souvent l’occasion de voir ressurgir des stéréotypes en cascade : déballage de jouets genrés, femmes affairées en cuisine et, à la fin du repas, une bonne comédie hétérocentrée émaillée de quelques blagues racistes. Pourtant, si dans la répartition des tâches en famille, l’évolution est lente, sur les écrans, les choses sont peut-être en train de changer. 

On se souvient du drame roman­tique Carol, en 2015, dans lequel deux femmes vivant dans les années 1950 tombaient amou­reuses sur fond de fêtes de Noël. On peut aujourd’­hui découvrir Ma belle-famille, Noël et moi – dans lequel Kristen Stewart prévoit de demander sa copine en mariage entre le fromage et la bûche. Dans Que souffle la romance, un jeune homme gay déses­pé­ré­ment céli­ba­taire, tente de berner sa famille en invitant son meilleur ami à dîner au réveillon. Rien de très révo­lu­tion­naire dans ces intrigues. Mais les per­son­nages : des gays, des les­biennes, des femmes indé­pen­dantes, font souffler sur les films de Noël un air de renouveau. Proposées depuis quelques années par la plupart des pla­te­formes VOD et SVOD ces comédies de fin d’année aux thé­ma­tiques fémi­nistes ou LGBT+ sont produites aux États-Unis, en Espagne, mais aussi en France.

Les trois épisodes de Christmas Flow, sortis l’année dernière sur Netflix, mettent en scène la rencontre amoureuse d’un rappeur misogyne et d’une jour­na­liste féministe. Sans aller très loin dans son message politique, la minisérie témoigne malgré tout d’un chan­ge­ment d’époque : « Il y a beaucoup de digues qui ont sauté ces dernières années, explique sa cos­cé­na­riste Marianne Levy, parce que l’intimité est devenue quelque chose qui est mis en débat. Ça permet de donner de la place à des créations qui embrassent ces ques­tion­ne­ments. » De fait, les intrigues inter­rogent de plus en plus souvent les sté­réo­types et les logiques d’oppression. Dans Christmas Flow, l’amoureux rappeur prend conscience de ses biais sexistes et finit par modifier les paroles de ses chansons : « Nous avons voulu inter­ro­ger la limite de l’art, la res­pon­sa­bi­li­té de l’artiste et le trai­te­ment média­tique du féminisme », analyse Marianne Levy.

« Les gens ont envie de regarder des choses différentes. »

Ce chan­ge­ment de pers­pec­tives, à l’œuvre dans les comédies de Noël, raconte plus largement l’évolution de l’ensemble des pro­duc­tions. « Ce n’est pas qu’une question d’image et de “feminism washing”, analyse la scé­na­riste et réa­li­sa­trice Léa Domenach, mais c’est aussi que les gens ont envie de regarder des choses dif­fé­rentes. » La série Jeune et Golri (OCS) qu’elle a cosignée avec Agnès Hurstel, en 2021, a reçu le prix de la meilleure série française au festival Séries Mania.

Ma belle-famille, Noël et moi, met en scène un couple de lesbiennespassant les fêtes dans leur famille très conservatrice.

Ma belle-famille, Noël et moi, met en scène un couple de les­biennes passant les fêtes dans leur famille très conservatrice.

Pour autant, « il n’y a pas encore d’industrie du cinéma où les films fémi­nistes sont majo­ri­taires » explique Pauline Le Gall, jour­na­liste et autrice d’un essai intitulé Utopies fémi­nistes sur nos écrans (éditions Daronnes, 2022). Peut-être parce que les réa­li­sa­teurs restent […]

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