L’écrivaine états-unienne, Jean Hegland, a anticipé nombre des crises contemporaines dans son roman Dans la forêt, publié il y a vingt-cinq ans. Après avoir perdu sa maison dans l’un des terribles incendies qui ont ravagé la Californie en 2020, elle vient d’achever l’écriture de la suite (à paraître) de ce livre écoféministe majeur. Rencontre avec une pionnière.
Le visage calme de Jean Hegland apparaît sur l’écran de mon ordinateur, avec son sourire amical, ses lunettes rectangulaires et ses cheveux ondulés poivre et sel. Alors que je m’apprête à commencer l’entretien, je remarque la présence d’un tatouage sur son bras. Une sorte de branche fleurie dessinée à l’encre noire. « Wild dogwood », m’apprend-elle. Ce cornouiller sauvage est un arbuste qui poussait sur les terres de son ancienne maison, située dans le nord de la Californie. En août 2020, celle-ci a brûlé dans un feu de forêt qui a réduit en cendres presque tous ses biens. Sa bibliothèque de plus de sept mille livres, des journaux intimes, des essais, des ébauches de romans, sa correspondance, entre autres trésors, ont été détruits. Après la tragédie, les enfants de Jean Hegland ont eu envie que toute la famille se fasse faire un tatouage pour garder une trace symbolique de cet événement traumatisant. C’est l’aînée, Hannah, qui a dessiné le motif de celui de sa mère. L’écrivaine de 65 ans n’aurait jamais imaginé arborer un jour un tatouage, mais elle aime regarder cette plante qui lui rappelle sa famille et la forêt. « Perdre cette maison dans laquelle nous avions vécu trente ans et élever nos enfants, ce fut vraiment difficile. Nous possédions 55 acres de forêt. J’adorais cette terre qui a inspiré mon premier roman », explique-t-elle.
Impossible en effet de ne pas trouver de résonances entre l’incendie vécu et son livre Dans la forêt, qui demeure jusqu’ici […]