Comment concilier vie parentale et vie militante ? La question n’est pas nouvelle, mais la montée des violences lors des manifestations en France ces dernières années a intensifié le besoin de solutions concrètes. La Bulle en est une. Depuis 2019, ce collectif rennais se déplace lors d’événements militants pour garder bénévolement les enfants. Et espère que d’autres s’en inspireront, ailleurs.
Des enfants qui s’échangent un ballon en forme de cœur, une bouée remplie de doudous, une pile d’albums jeunesse et des Kapla en pagaille. À première vue, tout indique un lieu dévolu à la petite enfance. À quelques détails près. Sur les murs, une affiche du documentaire d’Amandine Gay Ouvrir la voix en côtoie une autre annonçant un bal queer. Ce samedi 4 juin, les parents qui déposent leurs enfants à Iskis, le centre LGBTI+ de Rennes (Ille-et-Vilaine), sont plutôt pressés de profiter de leur après-midi. Direction le centre-ville, d’où s’élance la 27e Marche des fiertés.
C’est tout le principe de La Bulle, acronyme « capillotracté » de « Bienvenue, unissons nos luttes par l’accueil d’enfants ». Depuis plus de trois ans, ce collectif rennais se déplace au gré des invitations pour garder bénévolement les enfants durant des temps militants (réunions, manifestations, festivals…). « L’idée est née au début de 2019, à la suite de la projection-discussion du film Le Sel de la Terre », retrace Martin, 25 ans, l’un des fondateur·ices de ce collectif. Dans une mine du Nouveau-Mexique, les travailleurs d’origine mexicaine bataillent pour obtenir les mêmes droits que les travailleurs blancs. Se pose la question de la place des femmes dans la lutte. En effet, la loi Taft-Hartley interdisant aux mineurs de poursuivre le mouvement, les femmes avaient pris leur place, et eux gardaient les enfants. De quoi, plus de soixante-dix ans après, inspirer des Rennais·es convaincu·es que la question de la garde d’enfants est une autre façon de lutter et ne concerne pas que les femmes et les parents. Ce 4 juin d’ailleurs, trois bénévoles sur quatre sont des hommes non parents. Crête fluo, débardeur et short assortis, Sam, 31 ans, évoque[…]
Retrouvez la suite de ce reportage sur le collectif La Bulle dans La Déferlante #8.