« Il faut vraiment différencier les sévices sexuels, qui sont des crimes et qui sont horriblement traumatisants, du contexte de violences [physiques] qui maintenant seraient inacceptables. […] Mais à l’époque, ça passait. » Ainsi parle Jean-Marie Berchon, maire de Lestelle-Bétharram, commune des Pyrénées-Atlantiques où se situe l’institution Notre-Dame-de-Bétharram [aujourd’hui Le Beau Rameau], dans un article publié sur le site de France 3 Nouvelle-Aquitaine le 20 février 2025. Entre les murs de ce collège-lycée catholique, de la fin des années 1950 jusqu’en 2024, des élèves ont été battus et violés 1Nous employons ici le masculin car les violences physiques et sexuelles dénoncées à Notre-Dame-de-Bétharram ont essentiellement été subies par des garçons., et les alertes successives ont toutes été ignorées – y compris par François Bayrou, qui y a scolarisé plusieurs de ses six enfants, et dont la femme, Élisabeth Bayrou, y a enseigné le catéchisme. L’affaire a éclaté au grand jour en novembre 2023 et a pris une ampleur nouvelle en février 2025 (lire l’encadré page 86), quand Mediapart a publié des documents prouvant que, contrairement à ce qu’il affirmait, l’actuel premier ministre était bien au courant des violences infligées au sein de l’établissement privé. Conseiller général des Pyrénées-Atlantiques (1982–2008), président du conseil général (1992–2001), maire de Pau (depuis 2014), mais aussi ministre de l’Éducation nationale (1993–1997) : on perd le compte des fonctions au titre desquelles François Bayrou aurait pu agir.
Au sujet des coups, le « c’était une autre époque » revient régulièrement dans les commentaires. Ainsi, le 25 février 2025, dans « Télématin » (France 2), le député MoDem Marc Fesneau rappelait, pour relativiser l’inaction de François Bayrou, que les châtiments corporels dans les écoles n’avaient été formellement interdits qu’en 1991. « C’est vrai que la rumeur, il y a vingt-cinq ans, laissait entendre qu’il y avait eu des claques à l’internat. Mais des risques sexuels, je n’en avais jamais entendu parler », déclarait François Bayrou lui-même un an plus tôt au Parisien (29 mars 2024).
Affaire Bétharram : des décennies de terreur
D’après les témoignages d’anciens élèves de Notre-Dame-de-Bétharram, les violences physiques et sexuelles perpétrées au sein de l’établissement remontent aux années 1950 et ont été principalement commises dans les années 1980 et 1990. En 1996, un parent d’élève porte une première plainte contre un surveillant pour coups et blessures. Quelques mois plus tard, un rapport d’inspection blanchit l’établissement mais l’affaire éclate à nouveau en 1998 avec une plainte qui accuse de viols le père Silviet-Carricart. L’ancien directeur de l’établissement est alors exfiltré au Vatican, à Rome, où il se suicidera un an plus tard. En octobre 2023, un groupe Facebook d’anciens élèves victimes est créé : les témoignages se multiplient.
À ce jour, sur les 200 plaintes déposées pour des violences physiques, des agressions sexuelles et des viols – seules deux ne seraient pas prescrites et près de la moitié concernent des faits à caractère sexuel –, pour lesquels 14 agresseurs présumés ont été identifiés. L’ampleur de ce scandale en fait « l’affaire de pédophilie la plus importante de France », selon Alain Esquerre, fondateur et porte-parole du collectif des victimes de Bétharram, qui, à l’heure où nous bouclons ce numéro, allait sortir un livre Le Silence de Bétharram. Le récit choc du lanceur d’alerte et ancien élève aux éditions Michel Lafon.
Cette complaisance à peine voilée trahit un secret de polichinelle : là comme ailleurs, les violences physiques et psychologiques n’étaient pas une anomalie, mais une méthode éducative. Si certains parents avaient confié leur enfant à l’institution en toute innocence, d’autres « savaient », affirmait encore le maire de Lestelle-Bétharram (site de France 3, 20 février 2025). « Ils y envoyaient leurs enfants pour ça, pour qu’ils soient bien cadrés. “Tu ne travailles pas ? Tu vas y aller.” “Tu fais la forte tête ? Là-bas, ils vont te mater.” » Ainsi, Patrice y est entré en 1986 parce que son père, militaire, était furieux qu’il redouble. Le directeur de l’époque, le père S., l’a reçu dans son bureau avec ses parents. À la fin de l’entretien, il lui a mis une énorme gifle en disant : « Ici, ça, c’est une caresse. » Ses parents n’ont pas réagi, ce qui amène Patrice à conclure qu’ils ont « signé un chèque en blanc aux curés » (site de France 3, 16 mai 2024).
« Il y a de quoi rester rêveuse en imaginant combien la société pourrait changer si on entendait enfin les enfants. »
Avec un taux de réussite au bac très élevé, l’institution avait la réputation d’un établissement « d’excellence ». Et il semble aller de soi que l’« excellence » s’obtient en terrorisant et en humiliant les élèves. « Les violences, c’est ce qui faisait l’ADN de l’établissement », a déclaré le porte-parole des victimes, Alain Esquerre. Cette éducation dite « stricte », « à la dure », impliquait de « briser l’enfant ». Françoise Gullung, professeure de mathématiques à Bétharram qui a tout tenté pour mettre fin aux violences, se souvient d’enfants « éteints, apeurés », « maintenus dans un état de soumission extrême » (Mediapart, 20 février 2025).
Dès lors, n’est-il pas un peu hypocrite de s’étonner que cette domination totale ait aussi impliqué des agressions sexuelles et des viols ? Croit-on encore que de tels délits et crimes sont exceptionnels ? Selon le rapport de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) publié en 2023, 160 000 enfants subissent des violences sexuelles chaque année ; 5,4 millions de femmes et d’hommes en ont été victimes dans leur enfance. D’après l’enquête menée par l’Inserm pour le compte de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique (Ciase) et publiée en 2021, l’Église est le deuxième cadre dans lequel ces violences se produisent (la famille étant le premier, et de loin). Le nombre de victimes mineures est estimé à 330 000, et 30 % des violences commises par des clercs l’ont été dans des établissements scolaires, en particulier entre les années 1950 et 1970. Dans le sillage des révélations sur Notre-Dame-de-Bétharram, les dénonciations de violences physiques et parfois sexuelles dans d’autres institutions catholiques se sont multipliées : Notre-Dame-de-Garaison (Hautes-Pyrénées), Notre-Dame-du-Sacré-Cœur (Landes), Saint-François-Xavier (Pyrénées-Atlantiques), Saint-Pierre (Finistère), Ozanam (Nouvelle-Aquitaine) 2Face au scandale, la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, a annoncé le 17 mars 2025 le lancement d’un plan pour utter contre les violences morales, physiques et sexuelles au sein des établissements privés sous contrat.…
Éduquer les enfants en les brisant : c’est ce que la pédagogue allemande Katharina Rutschky, en 1977, a baptisé la « pédagogie noire ». La psychanalyste suisse Alice Miller a repris et développé ce concept dans son livre C’est pour ton bien 3Alice Miller, C’est pour ton bien. Racines de la violence dans l’éducation de l’enfant [1983], traduit par Jeanne Étoré, Aubier, 1984., complété par plusieurs ouvrages ultérieurs 4Je reprends ici des propos et des références issues de mon livre Résister à la culpabilisation. Sur quelques empêchements d’exister, Zones, 2024, chapitre 2 : « Une injonction de non-vie. De la diabolisation des enfants ».. Elle se réfère en particulier à l’éducation autoritaire et répressive très répandue en Europe du Nord. Cette pédagogie s’enracine dans une vision très sombre des enfants. La tradition chrétienne en est fortement imprégnée, puisqu’elle les considère comme marqués par la tache du péché originel. Au début du XVIIe siècle, saint François de Sales, par exemple, les comparait à « des bêtes privées de raison, de discours et de jugement ». (« On nous punissait comme des bêtes sauvages », témoigne aujourd’hui un ancien élève de Notre-Dame-de-Garaison sur le groupe Facebook des victimes.) Des éducateurs chrétiens prescrivaient les coups de fouet comme une nécessité afin d’« extirper le Diable » de l’enfant.
Plusieurs anciens élèves de Bétharram racontent que lorsqu’ils ont essayé de dénoncer auprès de leurs parents les violences subies, ceux-ci les ont accusés de mentir, ou leur ont rétorqué qu’ils avaient forcément fait quelque chose pour les mériter. Mais cette défiance envers les enfants n’est pas l’apanage des milieux religieux. On la retrouve, sous une forme laïcisée, chez nombre de médecins et de psychologues spécialistes de l’éducation.
Dans un livre au titre révélateur, Qui commande ici ? (Anne Carrière, 2018), Marcel Rufo et Philippe Duverger, tous deux pédopsychiatres, décrivent de prétendus « enfants-tyrans » reçus en consultation. Parmi ces redoutables créatures : une fillette atteinte d’épilepsie ou un bébé de neuf mois qui refuse de dormir seul après avoir été opéré d’une malformation cardiaque… Leur confrère Didier Pleux décrit ses petits patients comme des monstres de machiavélisme : « Tel un dictateur qui sait préparer son coup d’État, [l’enfant] gagnera petit à petit toute une série de combats familiaux, contestera les règles, les refusera, les changera et agressera quiconque voudra rétablir l’ordre. Puis il sera seul au pouvoir et l’omnipotence virera vite au despotisme », écrit-il dans De l’enfant-roi à l’enfant-
tyran (Odile Jacob, 2020, première édition 2002).
L’éducation répressive ne concerne pas que les garçons. Internats, prisons, couvents, asiles : les jeunes filles et les jeunes femmes aussi ont leurs institutions d’enfermement, comme l’a retracé l’exposition « Mauvaises filles. Déviantes et délinquantes (XIXe-XXIe siècles) 5Exposition prolongée par un livre : Véronique Blanchard et David Niget, Mauvaises Filles. Incorrigibles et rebelles, Textuel, 2016, ainsi que par une websérie documentaire : mauvaises-filles.fr». « Je me rappelle une sœur en particulier, qui frappait les filles sauvagement. Elle a failli en tuer une devant nous : elle lui a attrapé la tête et l’a cognée sur le lavabo jusqu’à ce qu’il y ait du sang partout », raconte Marie-Christine, placée dans un pensionnat à Orléans 6« Les diablesses », Les Pieds sur terre, France Culture, 22 avril 2024.. Mais la particularité des établissements comme Bétharram – où le collège a été réservé aux garçons jusqu’aux années 1990, et le lycée, jusqu’aux années 2000 – est qu’il s’agit de lieux d’entre-soi masculin, où l’injonction à « s’endurcir » comporte une forte dimension viriliste.
Lire aussi notre enquête : « Maltraitance au Bon Pasteur : un silence religieux », Sarah Boucault (La Déferlante n°6, juin 2022).
En 2004, sous le titre Professeurs de désespoir (Actes Sud), l’écrivaine Nancy Huston a consacré une étude à plusieurs auteurs et philosophes nihilistes, des hommes pour la plupart : Arthur Schopenhauer, Samuel Beckett, Emil Cioran, Thomas Bernhard, Michel Houellebecq… Elle y analysait leurs traits communs : leur individualisme radical, leur misanthropie et leur dégoût, voire leur haine du féminin. Et elle notait que presque tous étaient passés par un internat où ils avaient subi la violence. On en trouve un témoignage glaçant chez Michel Houellebecq. Dans une interview accordée à Libération en 1997, l’écrivain a décrit le pensionnat de Meaux, où il a été élève de la sixième à la terminale, comme « une espèce d’enfer ». L’un des deux héros de son roman Les Particules élémentaires (Flammarion, 1998), Bruno, est également interne dans cet établissement. Il y subit des viols et des brimades effroyables de la part d’autres élèves. « Tous les dimanches soir, lorsque son père le ramenait dans sa Mercedes, Bruno commençait à trembler aux approches de Nanteuil-les-Meaux », lit-on dans le roman – une expérience également décrite par des anciens de Bétharram, qui étaient pris de vomissements ou de diarrhée à l’idée de devoir y retourner.
Reproduire les violences « éducatives »
Alice Miller a mis en évidence le mécanisme qui permet à la violence parentale de se perpétuer d’une génération à l’autre. Non seulement les enfants supportent les maltraitances, mais elles et ils les nient, ou les justifient, tant la mise en accusation des parents est un tabou puissant. Dès lors, le seul exutoire – inconscient – aux souffrances subies, c’est de les infliger à ses propres enfants. Cela se fait souvent par réflexe : « La créativité et la vitalité d’un enfant peuvent déclencher, chez les parents ou chez d’autres adultes, la souffrance de ressentir que leur propre vitalité a été étouffée. Ils ont peur de cette douleur, aussi mettent-ils en œuvre tous les moyens possibles et imaginables pour bloquer ce déclencheur », écrit la psychanalyste dans Ta vie sauvée enfin (Flammarion, 2017).
Au sein de la bourgeoisie, cette promesse de revanche – « Supporte, et un jour tu pourras te venger » – comporte aussi une dimension de classe. Pour occuper une position dominante dans la société, pour être apte à casser les autres (épouse, enfants, employé·es, administré·es…), un garçon doit d’abord accepter d’être dominé et cassé soi-même. La fonction d’internats comme Bétharram est d’assurer ce processus. On le voit bien dans La Fabrique de violence (Agone, 2010), roman autobiographique de Jan Guillou qui se déroule dans la Suède des années 1950. Son héros est envoyé dans un internat qui accueille les fils de la haute société. Les élèves de terminale tyrannisent et martyrisent les plus jeunes, avec l’approbation du corps enseignant. Ce système est appelé « l’éducation mutuelle ». Son inéluctabilité est intégrée par de nombreux garçons de ce milieu : « Il fallait apprendre à recevoir des ordres. Sinon, comment pourrait-on en donner soi-même quand on serait en terminale, quand on serait officier de réserve ou bien chef d’entreprise ? » À Bétharram également, les élèves plus âgés, ou les anciens, participaient aux violences. Et au collège Notre-Dame-de-Garaison, une devise, reproduite sur la page Facebook du collectif de victimes, était gravée sur les tables des salles de classe : « Ici j’ai souffert, ici tu souffriras ! »
La première des dominations
« C’était une autre époque » : vraiment ? Sur son indispensable compte Instagram, Marion Cuerq, spécialiste des droits de l’enfant, met en garde contre l’illusion selon laquelle les violences « éducatives » appartiendraient au passé. Elle rappelle que selon l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), en France, tous les cinq jours, un·e enfant meurt sous les coups de ses parents. Et que les réseaux sociaux, Instagram et TikTok en tête, débordent de vidéos dans lesquelles des parents se filment fièrement en train de brutaliser leur progéniture. Les violences physiques ou psychologiques sont interdites au sein des familles depuis 2019 seulement. Or, d’après le dernier baromètre des violences éducatives ordinaires de la Fondation pour l’enfance (2024), 81 % des parents y ont pourtant eu recours sur au moins un·e de leurs enfants.
Cela n’empêche pas des « expert·es de l’éducation » d’affirmer que les enfants d’aujourd’hui sont trop gâté·es, que le mouvement en faveur de leurs droits est allé trop loin et que, désormais, il s’agirait de sévir un peu. C’est en particulier le cas de la psychothérapeute-star Caroline Goldman, pourfendeuse de l’éducation positive et partisane du « time out » (la mise à l’écart temporaire de l’enfant fautif) comme alternative aux violences verbales et physiques. Obsédée par l’objectif de rendre les enfants « agréables à vivre » en supprimant tout comportement qui incommode un tant soit peu l’adulte, elle conseille d’avoir recours à un « internat un peu autoritaire » pour mater les adolescent·es qui « continuent à être insolents ou à désobéir », comme elle l’écrit dans File dans ta chambre ! Offrez des limites éducatives à vos enfants (InterEditions, 2020). Le discours qu’elle tient au sujet des enfants – le mouvement en faveur de leurs droits était très bien au départ, mais maintenant il va trop loin et il s’agirait d’y mettre le holà – rappelle celui que tiennent au sujet des femmes des figures médiatiques réactionnaires telles que Caroline Fourest (Le Vertige MeToo, Grasset, 2024) et, avant elle, Élisabeth Badinter (Fausse Route, Odile Jacob, 2003). Ou comment faire passer pour une impitoyable dictature des dominé·es ce qui n’est que le premier frémissement d’une libération…
La domination des parents, écrit le sociologue Bernard Lahire dans Les Structures fondamentales des sociétés humaines (La Découverte, 2023), est le premier rapport de domination, celui dans lequel nous naissons et grandissons, et la matrice de tous les autres. C’est ce que met également en lumière le concept d’infantisme (lire l’encadré violet). Les violences subies durant l’enfance déterminent souvent – même s’il faut répéter qu’il n’existe aucune fatalité en la matière – notre personnalité future et nos relations avec les autres. Mais elles surviennent à une période de la vie où on ne nous accorde aucun crédit : à Bétharram et ailleurs, les victimes n’ont été prises au sérieux qu’une fois devenues adultes. Il y a de quoi rester rêveuse en imaginant combien la société pourrait changer si on entendait enfin les enfants. Si, pour reprendre les mots de Marion Cuerq, on parvenait à remplacer le « filtre de la méfiance » par le « filtre de la confiance7 Marion Cuerq, Une enfance en nORd. Pour une éducation sans violence et à hauteur d’enfant, Marabout, 2023. » dans la façon de les aborder. •
Infantisme : nommer les discriminations à l’encontre des enfants
Les violences faites aux enfants et aux adolescent·es s’inscrivent dans une domination systémique exercée par les adultes. C’est ce que des chercheur·euses et activistes s’appliquent à mettre au jour, notamment au travers du concept d’infantisme – pendant de l’adultisme, qui décrit les mêmes mécanismes mais en se focalisant sur celles et ceux qui exercent ce pouvoir, ces discriminations et dénigrements sur les plus jeunes. Dans son court essai Infantisme (Seuil, « Libelle », septembre 2023), la pédopsychiatre et sociologue Laelia Benoit le définit comme « un ensemble de préjugés systématiques, de stéréotypes, envers les enfants et les adolescent·es ». Traduit de l’anglais childism – un concept qui s’est développé aux États-Unis dans les années 2000 au sein des Childhood Studies –, l’infantisme, au même titre que le sexisme ou le racisme, permet avant tout de nommer ces oppressions pour mieux les combattre.
Si les violences (châtiments corporels, viol, inceste, harcèlement sexuel) sont les manifestations les plus évidentes de cette domination, elles ne la résument pas. Elles s’inscrivent dans un continuum de comportements et d’attitudes rabaissantes. Cela est prégnant dans l’éducation répressive, mais aussi par exemple dans les débats autour des enjeux climatiques : les préoccupations et les actions des jeunes à ce sujet sont souvent délégitimées.
En 2022, un mouvement citoyen en faveur des enfants a été créé en France sous l’impulsion de Claire Bourdille, ancienne militante au sein du collectif féministe #NousToutes. Intitulé Collectif enfantiste, il s’attache à mettre en lumière le système de domination des adultes et vise à « l’égalité de respect des droits et de dignité entre les adultes et les jeunes personnes ».