🚸Une éducation qui libère

Affaire Bétharram, refonte du service national universel, polé­miques autour du nouveau programme d’éducation à la vie affective et sexuelle (Évars) : alors que la planète gronde des discours d’extrême droite, mas­cu­li­nistes et va-t-en-guerre, à quoi peut servir l’éducation ? C’est toute la question posée par notre prochain numéro « Pour une éducation qui libère », à paraître le 28 mai et actuel­le­ment en pré­com­mande. Comment éduquer les enfants en fémi­nistes ? Dans cette news­let­ter, on partage avec vous nos coups de cœur et nos res­sources sur le sujet. 
Publié le 22/05/2025

Illustration : Laura Acquaviva pour La Déferlante

Découvrez la revue La Déferlante n°18, « Pour une éducation qui libère », parue en mai 2025. Consultez le sommaire.

🗞️
Revue de presse

Improvisation

Dans un « parti pris », la jour­na­liste spé­cia­liste des questions d’éducation Mathilde Mathieu partage sa stupeur à l’écoute de l’audition de François Bayrou à l’Assemblée nationale dans l’affaire Bétharram, le 14 mai dernier. Le Premier ministre continue à défendre les vertus édu­ca­tives de la gifle et ne propose aucun plan concret pour lutter contre les violences du #MeToo scolaire, lancé par d’anciens élèves d’institutions catho­liques d’excellence.

👀 → à lire sur le site de Mediapart

Le piège de l’apprentissage

À la faveur des exo­né­ra­tions gou­ver­ne­men­tales, le nombre d’apprenti·es est passé d’environ 300 000 à près d’un million depuis le début du premier quin­quen­nat d’Emmanuel Macron. Mais, alors que l’État vient de décider la baisse de leur rému­né­ra­tion et que les accidents du travail les concer­nant se mul­ti­plient, l’apprentissage apparaît de plus en plus nettement comme un cadeau fait aux entre­prises, sur le dos des jeunes des classes populaires.

👷🏼‍♀️ → Lire l’article sur le site du magazine Frustration

EPS et luttes de pouvoir

Agrégé d’éducation physique et sportive (EPS) et docteur en sciences de l’éducation, Raffi Nakas décrit comment l’enseignement du sport à l’école agit comme un révé­la­teur des hié­rar­chies de classe et de genre. Mais permet également une nouvelle répar­ti­tion du pouvoir à la faveur d’élèves en dif­fi­cul­té dans d’autres matières.

🏀 → Lire sur le site de The Conversation

📽️
On regarde

Redresser les filles perdues

Lorsqu’elles étaient enfants ou ado­les­centes, entre les années 1930 et 1960, Édith, Michèle, Éveline et Marie-Christine ont été enfermées dans des maisons de cor­rec­tion pour jeunes filles, tenues par la congré­ga­tion de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur. Dans le docu­men­taire Mauvaises Filles, elles témoignent du trai­te­ment qu’elles y ont subi, notamment des violences sexistes et sexuelles. Financés par l’État français, ces éta­blis­se­ments catho­liques accueillaient au moins jusqu’aux années 1970, des jeunes filles que la société consi­dé­rait comme « perdues » : filles-mères, victimes de viols ou délin­quantes. En mars 2025, la pré­si­dente de l’association des victimes du Bon Pasteur déclarait à Libération voir dans l’affaire Bétharram une « chance à saisir » pour relancer une plainte collective.

📺 → Émérance Dubas, Mauvaises filles, Les Films de l’œil sauvage, 71 minutes, 2022. Disponible en VOD.

📚
On lit

Les « nouveaux pères » n’existent pas

Guillaume Daudin et Stéphane Jourdain, tous deux pères et jour­na­listes, cherchent à com­prendre l’effarant décalage entre l’image des prétendus « nouveaux pères », qui circule partout dans les médias, au cinéma comme dans la lit­té­ra­ture, et la réalité sta­tis­tique : selon l’enquête Insee (2010) sur laquelle s’appuient les deux auteurs, les femmes assurent encore 71 % des tâches ménagères et 65 % des tâches paren­tales. Pour expliquer ce décalage, ils vont à la rencontre de mili­tantes, de cher­cheuses, d’hommes poli­tiques, et inter­rogent leurs propres pères et leurs compagnes. Leur inves­ti­ga­tion s’achève en Suède, un pays érigé en modèle du partage des tâches où – spoiler – les inéga­li­tés per­sistent aussi.

💭 → Guillaume Daudin et Stéphane Jourdain (texte), Antoine Grimée (dessin), L’Arnaque des nouveaux pères, Glénat, 2024. 20,50 euros.

Les enfants d’abord

Militante éco­lo­giste dès les années 1970, membre du Mouvement de libé­ra­tion des femmes (MLF), Christiane Rochefort a très tôt, dans ses livres, dénoncé l’inceste et pris le parti des enfants. Dans cet essai aux allures de pamphlet, elle s’insurge de l’éducation que la société capi­ta­liste donne aux plus jeunes, qui vise à en faire des êtres dociles et pro­duc­tifs. Une fois « adultés », ils repro­dui­ront ces méca­niques d’oppression dont ils ont été victimes. Le plus ébou­rif­fant dans cet ouvrage, c’est qu’il semble avoir été écrit hier, tant il résonne avec les débats de 2025 autour de la domi­na­tion adulte. Une preuve sup­plé­men­taire que les luttes, aussi nouvelles qu’elles paraissent, s’inscrivent toujours dans une généalogie.

👶🏻 → Christiane Rochefort, Les Enfants d’abord, Grasset, 1976. 15,90 euros.

Pédagogie antiraciste

En 2017 et en 2018, l’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a déposé deux plaintes contre le syndicat SUD éducation 93 : la première pour dif­fa­ma­tion pour l’emploi de l’expression de « racisme d’État », la seconde pour dis­cri­mi­na­tion à la suite de l’organisation d’un atelier réservé aux personnes racisées. « Pourquoi l’emploi de certains termes est-il si tabou qu’il nécessite […] une forme de répres­sion jamais vue aupa­ra­vant dans l’institution scolaire ? » s’interrogent les militant·es du syndicat dans ce manuel collectif publié en 2023. Elles et ils y partagent les outils proposés lors de ces stages de pédagogie anti­ra­ciste pour com­prendre les racines du racisme à l’école, en parler avec les élèves et intégrer l’antiracisme aux méthodes d’apprentissage.

✊🏾→ SUD Éducation 93 (collectif), Entrer en pédagogie anti­ra­ciste. D’une lutte syndicale à des pratiques éman­ci­pa­trices, Shed Publishing, 2023. 25 euros.

📻
On écoute

Deux écoles

Ancienne pro­fes­seure de français devenue docu­men­ta­riste radio, Delphine Saltel est l’autrice de plusieurs séries et podcasts sur l’éducation. Le tout dernier, produit par Arte Radio, s’intéresse aux méca­niques de ségré­ga­tion sociale à l’œuvre dans les parcours scolaires et aux effets à long terme de la désertion de l’enseignement public par les classes cultu­rel­le­ment et éco­no­mi­que­ment pri­vi­lé­giées. Prenant pour fil rouge un entretien pas­sion­nant avec le socio­logue Marco Oberti, elle démontre de manière extrê­me­ment convain­cante que le choix de l’école privée, s’il est une promesse d’ascension sociale (rarement tenue) pour les familles des classes popu­laires, est, pour la bour­geoi­sie, une manière de maintenir sa domi­na­tion sociale.

🎧 → « Reste dans ta classe », de Delphine Saltel, 53 minutes, 2024, à écouter sur Arte Radio.

💡
Un glossaire pour tout comprendre

Alors que l’actualité montre à quel point la guerre cultu­relle qui fait rage est aussi une bataille séman­tique, il nous a paru important que La Déferlante propose à ses lecteur·ices des défi­ni­tions de concepts clés pour appré­hen­der l’époque dans une pers­pec­tive féministe inter­sec­tion­nelle. Évars, infan­tisme, panique morale : toutes les défi­ni­tions sont en accès libre sur notre site internet, qui sera alimenté au fil des numéros pour faciliter la com­pré­hen­sion des concepts mobilisés dans chaque dossier.

🔏 → Retrouvez notre glossaire

✊🏼
On soutient

Monument aux mortes

On ignore encore aujourd’hui combien de femmes, en France, sont décédées des suites d’un avor­te­ment avant sa dépé­na­li­sa­tion en 1975. Un collectif d’artistes, d’universitaires et de mili­tantes fémi­nistes demande que leur soit érigé, à elles aussi, un monument aux mortes.

🗽 → Je signe la pétition

En lieu sûr

L’association féministe Safe Place qui lutte depuis sept ans contre toutes les formes de domi­na­tion, rencontre actuel­le­ment des dif­fi­cul­tés finan­cières. Pour sauver puis péren­ni­ser son activité, elle lance une campagne : objectif 1 000 nouvelles adhésions.

☝🏼 → Je soutiens Safe Place

📍
On y sera

🎤 Littérature live

Sam 24 Mai — Dim 25 Mai 2025
Villa Gillet, Lyon (4e arrondissement)

Dans le cadre du festival Littérature Live, Emmanuelle Josse, coré­dac­trice en chef de La Déferlante, modérera une rencontre entre les autrices Irene Solà et Louise Chennevière le samedi à 15h. Le dimanche à 17h30, elle animera une conver­sa­tion entre la poétesse Rim Battal et la vio­lon­cel­liste Lola Malique.

ℹ️ → Plus d’informations sur le programme

🎉 Festival Mediapart

Sam 7 Juin 2025, 19h
Le Point Fort d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis)

La Déferlante tiendra un stand dans le cadre de la nouvelle édition du Festival Mediapart. Vous y retrou­ve­rez nos revues, nos livres, nos goodies et pourrez échanger avec notre équipe. Le festival, gratuit mais sur réser­va­tion, propose par ailleurs des tables rondes, un concert et un quiz de Miskin Télé.

👉🏼 → Informations pratiques

La Déferlante à Poitiers

Jeu 19 juin 2025, à 18h
Librairie La bonne Aventure, Poitiers

Emmanuelle Josse, cofon­da­trice et coré­dac­trice en chef de notre média, ren­con­tre­ra les lectrices autour du numéro 18 « Pour une éducation qui libère ».

📕 → Informations à suivre sur le site de la librairie

☂️ Les pluies de juillet

Sam 19 — Dim 20 juillet 2025
Festival Les Pluies de juillet, Le Tanu, (Manche)

Nous serons présentes tout un week-end dans ce festival normand qui promeut l’écologie, les fémi­nismes et les luttes sociales. Anne-Laure Pineau, jour­na­liste et membre du comité éditorial de La Déferlante, par­ti­ci­pe­ra à une table ronde sur le rôle de la dés­in­for­ma­tion dans la montée des popu­lismes. Sur notre stand, vous retrou­ve­rez nos revues, nos livres et nos goodies, et vous pourrez ren­con­trer le reste de l’équipe

🎟️ → Informations et billet­te­rie sur le site du festival

La Déferlante

Voir tous ses articles

Pour une éducation qui libère !

Découvrez la revue La Déferlante n°18, « Pour une éducation qui libère », parue en mai 2025. Consultez le sommaire.