À Moscou, un antiféminisme d’État
En avril 2023, Oleg Matveïtchev, député de Russie unie (le parti de Vladimir Poutine), a déposé à la Douma, le Parlement russe, une proposition de loi visant à faire du féminisme une « idéologie extrémiste ». Selon lui, les féministes sont « des agents de l’Occident » et n’ont qu’un but : détruire les « valeurs traditionnelles russes ».
Elles « sont pour le divorce, choisissent de ne pas avoir d’enfants et sont en faveur de l’avortement. » Cette motion – qui n’a pas encore été votée – marque le raidissement de Moscou sur la question des droits des femmes.
À Samara, les mères de soldats s’organisent
Comme au lendemain des guerres d’Afghanistan et de Tchétchénie dans les années 1990, des mouvements de mères de soldats voient le jour un peu partout en Russie depuis l’invasion russe en Ukraine. Dans la région de Toula, dans celle de Tcheliabinsk, en Sibérie, dans celle de Voronej, et jusqu’en Crimée occupée, à Sébastopol. À Samara, un comité de mères de soldats a été créé en septembre 2022, à la suite de la mobilisation partielle décrétée par le Kremlin. Lancé à l’initiative d’Olga Tsukanova, habitante de la ville, le collectif dénonce les conditions de vie des militaires envoyés sur le front, le manque d’équipements, de formation, et de produits de première nécessité.
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À Magas : mutilations sexuelles
Chaque année, dans les républiques musulmanes du Caucase, 1 300 fillettes subissent des mutilations sexuelles. La dernière affaire à avoir été médiatisée date de 2020 et a eu lieu à Magas, capitale de l’Ingouchie. C’est la mère d’une fille de 9 ans, dont le père et la belle-mère avaient, un an plus tôt, organisé l’excision, qui a porté les faits devant la justice. Mais seule la gynécologue ayant réalisé l’ablation du clitoris a été jugée, pour atteinte légère à la santé de la jeune fille, et condamnée à une amende de 30 000 roubles (environ 300 euros).
À Saint-Pétersbourg, l’information en résistance
« L’armée russe a bombardé une école à Marioupol où environ 400 personnes s’étaient réfugiées pour se protéger des bombardements ». C’est par cette phrase qu’au début de la guerre en Ukraine, la militante féministe Alexandra Skotchilenko a remplacé le contenu des étiquettes des produits d’un supermarché de Saint-Pétersbourg. Un acte de résistance repris par de nombreuses féministes du pays, qui vise à dénoncer l’agression russe. Cette action vaut à Alexandra Skotchilenko d’être inculpée pour « diffusion publique de fausses informations ». En détention depuis avril 2022, elle risque 10 ans de prison.
LGBT+phobie à Novossibirsk
Le 20 novembre 2022, une pièce de théâtre était annulée à la dernière minute à Novossibirsk, en Sibérie. La raison : un homme y jouait le rôle d’une femme. Quatre jours plus tard, le Parlement russe, la Douma, adoptait une loi interdisant la « propagande » portant sur les « relations sexuelles non traditionnelles ». Ce texte vient renforcer une loi de 2013 prohibant la « propagande » homosexuelle auprès des mineur·es, et revient à exclure toute référence aux personnes LGBT+ du domaine public.
Audrey Lebel est journaliste indépendante. Elle travaille sur les droits des femmes et les droits humains, principalement en Russie et en Ukraine.