Reprise d’une pratique utilisée initialement par les salarié·es, la grève féministe consiste à cesser toute activité relevant du travail reproductif, afin de mettre en lumière le caractère gratuit ou précaire de ce travail, majoritairement effectué par les femmes et minorités de genre. Elle vise aussi à dénoncer les violences sexistes et sexuelles dont sont victimes les femmes au sein de notre société capitaliste et patriarcale. Une fois lancées, les grèves féministes ouvrent des espaces de discussions et de réflexions, notamment autour du travail, de son organisation et de sa répartition au sein de notre société.
La première grève féministe d’envergure a eu lieu en Islande en 1975 : 90 % des Islandaises se sont mises en grève ; elles ont refusé de faire à manger, de garder les enfants et d’aller au travail. Le pays entier a été bloqué, preuve du caractère indispensable du travail gratuit et invisibilisé fourni par les femmes.
Depuis les années 2010, des grèves féministes massives ont eu lieu en Amérique latine, en Pologne, en Espagne, ou encore en Suisse. C’est ce que relate la journaliste Mathilde Blézat dans son article « Arrêtons tout ! » (La Déferlante, n° 17, février 2025), qui relate les grèves féministes organisées par le collectif féministe argentin contre les féminicides Ni Una Menos en 2017 (500 000 personnes mobilisées) et en 2018 (800 000). Ces deux grèves ont permis, selon la chercheuse argentine Verónica Gago, de « transformer la mobilisation contre les féminicides, centrée sur cette seule revendication – “Arrêtez de nous tuer” –, en mouvement radical, massif, capable d’établir des liens nouveaux et de politiser le rejet de la violence de manière inédite, de faire ainsi des victimes de féminicides des sujets politiques ».
Lire dans La Déferlante
Mathilde Blézat, « Arrêtons tout ! », La Déferlante, no 17, février 2025.
Charlotte Hervot, « La Bulle : pendant les manifs, qui garde les enfants ? », La Déferlante, no 8, novembre 2022
Concepts associés
Pour aller plus loin
Verónica Gago, La Puissance féministe ou le Désir de tout changer, éditions divergences, 2021.
Fanny Gallot, Mobilisées ! Une histoire féministe des contestations populaires, Seuil, 2024.