Charge mentale

La charge mentale a été concep­tua­li­sée par la socio­logue Monique Haicault en 1984, à partir de recherches sur le travail domes­tique. Elle désigne le travail de pla­ni­fi­ca­tion et d’organisation des tâches domes­tiques et des activités d’un foyer, majo­ri­tai­re­ment pris en charge par les femmes dans un couple hété­ro­sexuel. La charge mentale repré­sente un temps de travail souvent invi­si­bi­li­sé et continu : c’est le fait de toujours penser aux dif­fé­rentes tâches domes­tiques à venir, de prendre les rendez-vous pour les membres du foyer – et qu’ils soient honorés –, de faire la liste des courses, de faire toutes ces tâches sans attendre qu’on nous le demande, etc. Tous ces moments de gestion de l’espace et du travail domes­tique repré­sentent un coût en termes de temps et d’énergie qui n’est pas reconnu et qui contribue à l’inégale répar­ti­tion du travail domes­tique dans le couple.

Dans nombre d’ouvrages de vul­ga­ri­sa­tion, la charge mentale est assimilée à la « double journée », qui épuise les femmes actives. L’arrivée massive des femmes sur le marché du travail dans les années 1980 a en effet contraint celles-ci à « conjuguer vie familiale et vie pro­fes­sion­nelle » dans un contexte où la répar­ti­tion des tâches ménagères n’était pas encore devenue un sujet politique, rap­pellent les jour­na­listes Sylvie Fagnart et Elsa Sabado dans leur article « Comment repenser les fron­tières du travail». Ces femmes sont donc souvent victimes de « l’épuisement – sinon la honte d’avoir “échoué” à impliquer les hommes dans les tâches ménagères ». Aujourd’hui encore « les femmes prennent toujours en charge la majorité des tâches consa­crées aux enfants, [y] passant [en moyenne ] 95 minutes par jour. »

Pour aller plus loin

Emma, « Fallait demander », emmaclit.com, mai 2017.

Coline Charpentier, T’as pensé à ? Guide d’autodéfense sur la charge mentale, Le livre de poche, 2020, 160 pages.

Annie Ernaux, La Femme gelée, Gallimard, 1981, 208 pages.

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