Cette expression a été employée pour la première fois par la politologue africaine-américaine Terri E. Givens en 2004. Pouvant se traduire par « l’écart de positionnement entre les femmes et les hommes dans leur vote pour les droites radicales », le RRGG désigne le phénomène selon lequel les femmes sont traditionnellement moins enclines que les hommes à voter pour l’extrême droite. Cet écart, observé dans de nombreuses études, est, selon les sociologues Nonna Mayer et Francesca Scrinzi, plus ou moins important selon les pays. Il tend à se réduire, notamment en France, où la différence entre le vote masculin et féminin pour le Rassemblement national (ex-Front national) est quasi nulle depuis l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti en 2011.
Dans un entretien intitulé « La question du genre joue un rôle clé dans le discours raciste », publié dans notre numéro spécial consacré à l’extrême droite, Francesca Scrinzi explique que la réduction de ce gap s’explique par le fait que les partis d’extrême droite ont adapté leurs discours afin de paraître moins dangereux pour les femmes, notamment autour de la question du travail : « L’extrême droite est toujours opposée à l’égalité et maintient une vision essentialiste des rapports entre les sexes, mais son discours s’est reconfiguré en intégrant le salariat des femmes – sans pour autant renoncer à la promotion du “retour au foyer” comme devant être une possibilité pour les femmes qui le souhaitent. »
Pour aller plus loin
Programme de recherche et d’enseignement des savoirs sur le genre (PRESAGE) de Sciences Po, Genre, etc. « Les femmes et le vote en faveur de l’extrême droite, avec Nonna Mayer », Ausha.
Magali Della Sudda, Les Nouvelles Femmes de droite, Hors d’atteinte, 2022.