Travail domestique

On entend par travail domes­tique l’ensemble des tâches néces­saires à l’entretien d’un foyer : préparer à manger, faire les courses et le ménage, s’occuper des enfants, etc. Majoritairement effectué par les femmes, ce travail n’est souvent pas reconnu comme tel malgré sa péni­bi­li­té : répé­ti­ti­vi­té des gestes, dureté des tâches, dis­po­ni­bi­li­té et inter­rup­tions per­ma­nentes, etc. L’Institut national de la sta­tis­tique et des études éco­no­miques (Insee) estime que, en moyenne, 20 % des femmes consacrent quatre heures par jour aux tâches domes­tiques et 54 % consacrent 4 heures par jour aux enfants contre res­pec­ti­ve­ment 10 % et 38 % des hommes, selon une enquête publiée en 2022. C’est un travail qui n’est souvent pas rémunéré. Cependant, s’il est délégué – la plupart du temps à des femmes des classes popu­laires, notamment racisées – il peut l’être. Cette division genrée du travail devient alors également une division raciale et sociale.

Depuis plus de cinquante ans, divers courants fémi­nistes demandent que ce travail soit reconnu ou fasse l’objet d’une rému­né­ra­tion. Mais le débat est complexe et clivant, expliquent les jour­na­listes Sylvie Fagnart et Elsa Sabado dans leur article « Comment repenser les fron­tières du travail ». En 1972, Silvia Federici et Mariarosa Dalla Costa, des fémi­nistes ita­liennes marxistes, théo­risent le fait que « les déten­teurs du capital s’approprient le travail gratuit des femmes, condition de l’accroissement démo­gra­phique de la masse des tra­vailleurs ». Elles devraient donc à ce titre percevoir un salaire. Dans les années 1980, la reven­di­ca­tion de rémunérer le travail domes­tique est abandonné : le salaire ménager est vu comme une alié­na­tion à la gestion du foyer et comme un frein à un meilleur partage des tâches. En 2017, juste avant que le mouvement #MeToo ne redonne au féminisme une visi­bi­li­té incon­tes­table, le sujet réap­pa­raît dans le débat public, notamment avec la popu­la­ri­sa­tion d’un autre concept, celui de « charge mentale ».

Pour aller plus loin

Maud Simonet, L’imposture du travail. Désandrocentrer le travail pour l’émanciper, 10/18, 2024, 96 pages.

Titiou Lecoq, Libérées ! Le combat féministe se gagne devant le panier 

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