Marotte des réactionnaires de tous bords, l’« idéologie woke » est, en quelque sorte, l’héritière du « politiquement correct ». Passé simple du verbe « to wake » (se réveiller), le mot « woke » désigne, durant la ségrégation aux États-Unis, le fait d’être conscient·e des discriminations visant les Noir·es. En 1965, Martin Luther King exhorte ainsi des étudiant·es de l’université Oberlin, dans l’Ohio, à « rester éveillés » (« stay woke »). En 2008, la chanteuse états-unienne Erykah Badu popularise l’expression dans Master Teacher. Repris en slogan lors du mouvement Black Lives Matter, en 2013, le terme qualifie désormais les personnes sensibles aux injustices systémiques touchant toutes les minorités : femmes, personnes handicapées, racisées, trans ou LGBT+. Détourné de son sens initial, le qualificatif « woke » ou le substantif dérivé « wokisme » en français sont aujourd’hui principalement utilisés par la droite et l’extrême droite comme mot repoussoir pour discréditer toute revendication progressiste et occulter la réalité des discriminations. Elon Musk, le fondateur de Tesla et de SpaceX placé en janvier 2025 à la tête d’une « commission pour l’efficacité gouvernementale » créée par l’administration Trump, répète ainsi à l’envi qu’il s’est juré de « détruire le virus woke ».
Lire dans La Déferlante
- Mathilde Blézat, « Les ABCD de l’égalité, récit d’un fiasco », La Déferlante no 7 (septembre 2022)
- Mathilde Blézat, « L’éducation à la sexualité sous tension », La Déferlante, no 15 (août 2024)
- Marie-Agnès Laffougère, « Offensive transphobe aux États-Unis », La Déferlante no 10 (2023)
Concepts associés
Pour aller plus loin
Alex Mahoudeau, La Panique woke. Anatomie d’une offensive réactionnaire, éditions Textuel, 2022. 160 pages.