La carte des luttes féministes

De la Corée du Sud à la Namibie en passant par l’Afghanistan, les fémi­nistes et les personnes LGBT+ font entendre leurs voix, malgré les violences aux­quelles elles s’exposent. Tour d’horizon de combats en cours. Ce pla­ni­sphère qui s’affranchit d’une vision euro­cen­trée a été conçu par Léonie Schlosser. 
Publié le 22/10/2024

Modifié le 07/02/2025

Retrouvez cet article dans la revue La Déferlante n°16 S’habiller, parue en novembre 2024. Consultez le sommaire.

La transphobie condamnée en Argentine

Le tribunal de La Plata, près de Buenos Aires a reconnu Luis Alberto Ramos coupable du meurtre de Tehuel de la Torre, jeune homme trans disparu le 11 mars 2021 et dont le corps n’a pas été retrouvé. Il a été condamné à la prison à per­pé­tui­té pour homicide aggravé en raison de la haine de l’identité de genre de la victime. C’est une première : jusqu’ici la justice argentine n’avait reconnu la dimension trans­phobe de crimes de haine que dans des cas où des femmes trans en étaient victimes.

Les Sud-Coréennes face à la violence sexuelle en ligne

Le 22 août 2024, le média sud-coréen Hankyoreh a mis en lumière l’ampleur de la pratique des deepfakes por­no­gra­phiques, ces montages générés par intel­li­gence arti­fi­cielle sans le consen­te­ment des personnes concer­nées – des femmes et des filles majo­ri­tai­re­ment. Dans nombre d’établissements scolaires et uni­ver­si­taires, par l’application Telegram, des garçons et des jeunes hommes diffusent ces images, accom­pa­gnées parfois d’informations per­son­nelles sur les victimes. Le 27 août, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a annoncé l’ouverture d’une enquête appro­fon­die sur les crimes sexuels numé­riques (voir aussi le portfolio dans le numéro 15 de La Déferlante, août 2024).

En Inde, vagues de manifestations contre les féminicides

Le 9 août 2024, une médecin de 31 ans a été violée puis assas­si­née dans un hôpital public de Calcutta. En réaction, pendant plusieurs semaines, les professionnel·les de santé ont multiplié les grèves et les mani­fes­ta­tions. Des milliers d’Indien·nes ont rejoint les mobi­li­sa­tions qui se sont tenues partout dans le pays, et lors des­quelles sont dénoncées à la fois les condi­tions de travail des soignant·es et les violences sexuelles endé­miques dont sont victimes les femmes en Inde.

En Namibie, les relations homosexuelles décriminalisées

La Haute Cour de Namibie a déclaré, le 21 juin 2023, que « le délit de sodomie [était] anti­cons­ti­tu­tion­nel et invalide », tout comme « les délits de sexe contre nature ». Adoptés en 1927, à une époque où le pays était une colonie sud-africaine, maintenus après l’indépendance en 1990, ces textes légis­la­tifs étaient rarement appliqués. Bien qu’elle puisse faire l’objet d’un appel auprès de la Cour suprême, leur abro­ga­tion est une victoire pour les personnes LGBT+, attaquées vio­lem­ment ces derniers mois par les autorités poli­tiques et religieuses.

Les Afghanes refusent le silence

Elles se sont filmées chantant et récitant de la poésie, le visage flouté ou à découvert, et ont posté ces vidéos sous les hashtags #MaVoixN’estPas’Awra (« awra » désigne en arabe les parties du corps qu’il convien­drait de cacher) ou #LetUsExist (Laissez-nous exister). À la fin d’août, des dizaines d’Afghanes dénon­çaient une loi tout juste pro­mul­guée par le régime taliban qui leur interdit notamment de chanter, de réciter de la poésie, et même de parler en public. Une énième preuve de ce que l’Organisation des Nations unies qualifie d’« apartheid de genre », mais qui, au-delà des pro­tes­ta­tions convenues, ne suscite guère d’émotion par­ti­cu­lière au sein des diplo­ma­ties occidentales.

Marie-Agnès Laffougère

Journaliste indépendante, elle travaille pour Têtu, Livres Hebdo et Radio France sur des sujets liés au genre et aux questions LGBT+. Voir tous ses articles

S’habiller, en découdre avec les injonctions

Retrouvez cet article dans la revue La Déferlante n°16 S’habiller, parue en novembre 2024. Consultez le sommaire.