Que ce soit à la Maison-Blanche en 2016, ou lors des grèves à l’usine Lip dans les années 1970, des femmes inventent des stratégies pour être audibles. Les unes et les autres font le même constat : en politique, la prise de parole est une prise de pouvoir.
Les hommes ignorent les propos des femmes, ne les prennent pas au sérieux, ils ne relancent pas la discussion, parlent davantage et haussent rapidement le ton… Preuves sociolinguistiques à l’appui, la chercheuse Corinne Monnet le rappelait dans un article publié en 1998 dans la revue Nouvelles questions féministes: les règles de la conversation sont défavorables aux femmes. C’est ce que déploraient encore en 2016 celles qui travaillaient avec Barack Obama à la Maison-Blanche. Le Washington Post avait alors raconté comment, lassées de ne pas être invitées aux réunions importantes et de ne pas être entendues quand elles y participaient, les conseillères du gouvernement avaient mis au point une stratégie qu’elles avaient appelée « l’amplification » […]