« Le plaisir, un malentendu permanent »

par

Béa Uhart
Manon Lilas milite au sein de l’association toulousaine Grisélidis, qui se bat pour un meilleur accès des travailleur·euses du sexe (TDS) à la santé et à leurs droits. Elle-même escort, elle revient sur ce qu’elle considère comme un « service à la personne » et une éducation à la sexualité.
Comment et pourquoi avez-vous commencé à militer au sein de cette association toulousaine Grisélidis qui accueille les travailleur·euses du sexe ?

Lorsque j’ai décidé de devenir escort il y a une dizaine d’années, à l’âge de 25 ans, j’ai pris contact avec l’association. Pas pour moi – je ne me croyais pas concernée par les violences liées à cette activité parce que je ne tra­vaillais pas dans la rue –, mais pour les alerter sur un client qui se faisait passer pour un flic afin d’obtenir des pres­ta­tions sexuelles gratuites. Je pensais qu’il fallait faire passer le mot dans la com­mu­nau­té pour mettre fin à ses chantages. À l’époque, vers 2010–2011, les réseaux sociaux com­men­çaient à peine à se déve­lop­per en France. Le mili­tan­tisme TDS est récent sur Internet et se passe plutôt sur Twitter aujourd’hui, parce qu’Instagram exerce une censure très forte. La personne que j’ai eue au téléphone m’a dit : « Viens boire un café ! » Je ne suis jamais repartie.


Quelles sont les missions de Grisélidis ? 

Créée en 2000, l’asso­cia­tion tient son nom de sa marraine, l’écrivaine, peintre et pros­ti­tuée suisse Grisélidis Réal, décédée en 2005. Ses missions prin­ci­pales sont l’accès à la santé et aux droits pour les travailleur·euses du sexe. Concrètement, nous faisons beaucoup d’accompagnement social. Il y a aussi une partie santé : on accom­pagne les personnes concer­nées par le VIH, les hépatites et autres infec­tions sexuel­le­ment trans­mis­sibles, et les gros­sesses non désirées. On défend l’accès au logement, à la formation, à l’emploi, mais aussi au droit au séjour et à la citoyen­ne­té. La lutte contre les exploi­ta­tions, les violences et les dis­cri­mi­na­tions sexuelles, sexistes et ins­ti­tu­tion­nelles que subissent les travailleur·euses du sexe est […]

Retrouvez l’in­té­gra­li­té de cette interview avec Manon Lilas de l’as­so­cia­tion Grisélidis dans La Déferlante #9.

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Retrouvez cet article dans la revue papier La Déferlante n°9, de février 2023. La Déferlante est une revue trimestrielle indépendante consacrée aux féminismes et au genre. Tous les trois mois, en librairie et sur abonnement, elle raconte les luttes et les débats qui secouent notre société.

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