Publié pour la première fois en 1979, Une si longue lettre de l’autrice sénégalaise Mariama Bâ, est un classique de la littérature africaine d’expression française. L’autrice Axelle Jah Njiké a choisi de présenter un extrait du roman évoquant la dépression nerveuse chez les femmes africaines : un sujet toujours tabou.
Inscrit dans les programmes scolaires et universitaires à travers tout le continent africain, plusieurs fois réédité en France, Une si longue lettre est considéré comme l’une des œuvres majeures des lettres africaines du XXe siècle. Mais c’est avant tout un très beau roman épistolaire. Son héroïne, Ramatoulaye, met à profit l’isolement qu’elle doit observer à la suite du décès de son mari pour faire le bilan de sa vie en s’adressant à son amie d’enfance, Aïssatou. Après vingt-cinq ans de mariage, son époux prend une seconde épouse, plus jeune, l’abandonnant elle, ainsi que ses enfants. Mais Ramatoulaye décide de rester dans son foyer. Aïssatou, à qui elle écrit, a fait le choix inverse, divorçant et s’exilant aux États-Unis pour s’affranchir du poids des traditions et de la polygamie. À travers ces deux personnages, Mariama Bâ (1929–1981) décrit deux parcours de femmes qui se soutiennent mutuellement face à une société sénégalaise tiraillée entre enracinement et ouverture. Enracinement dans ses valeurs traditionnelles propres et ouverture à de nouveaux modèles de société dans lesquels les femmes pourraient aspirer à être les sujets de leur existence.
PIONNIÈRE D’UN FÉMINISME AFRICAIN, INTIME ET POLITIQUE
Mariama Bâ est la première autrice africaine qu’il m’ait été donné de lire. Une si longue lettre – et sa description jusqu’alors inédite en littérature de la condition de femmes africaines – fut ma première véritable incursion dans l’intimité de celles-ci, pour moi qui avais grandi sans ma mère à mes côtés et avais été éduquée par ses deux fils aînés. […]