Le 9 juin 2024, l’extrême droite a remporté près de 180 sièges sur les 720 que compte le Parlement européen. La progression a été particulièrement forte en Italie, en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas et surtout en France, où 36,8 % des votant·es (contre 28,02 % en 2019) ont donné leur voix aux listes d’extrême droite, menées cette année par Jordan Bardella et Marion Maréchal.
Jusqu’aux dernières élections européennes, l’extrême droite était structurée autour de deux grands groupes. D’une part, le groupe Identité et démocratie (ID) composé de partis nationalistes et anti-immigration, parmi lesquels le Rassemblement national (RN), la Ligue du Nord italienne, le Vlaams Belang flamand en Belgique et Alternative für Deutschland (AfD), en Allemagne, avant son exclusion du groupe en juin dernier. Et d’autre part, les Conservateurs et réformistes européens (ECR) comptant notamment dans ses rangs Frères d’Italie (le parti de Giorgia Meloni) et les Démocrates de Suède.
Nous avons voulu voir de plus près ce que les eurodéputé·es d’extrême droite ayant siégé entre 2019 et 2024 ont voté sur les sujets comportant des enjeux féministes. Le Parlement européen examine plus de 300 résolutions par an, une dizaine de directives et une trentaine de règlements dans un grand nombre de domaines : l’économie, la justice, la sécurité, les transports, etc.
À partir des données de la plateforme indépendante HowTheyVote.eu, qui met à disposition les résultats des votes par parlementaire, notre datajournaliste a analysé ces résultats (voir le graphique ci-dessous) sur des résolutions ou projets de résolutions qui portaient sur l’égalité femmes-hommes, les droits reproductifs ou les questions raciales. S’il n’est pas exhaustif, cet échantillon est représentatif des positions défendues par les eurodéputé·es d’extrême droite durant la précédente législature.
Au lendemain des dernières élections européennes, une reconfiguration des forces d’extrême droite s’est opérée. Le 30 juin, le premier ministre hongrois ultranationaliste, Viktor Orbán, a annoncé la création d’un nouveau groupe : les Patriotes pour l’Europe, rassemblant le Fidesz hongrois et plusieurs partis issus de l’ancien groupe Identité et démocratie. Le 8 juillet, le Rassemblement national a annoncé rejoindre ce nouveau groupe. Fort de ces 30 eurodéputé·es, il en prend la tête, avec Jordan Bardella pour président.
Julie Desrousseaux est datajournaliste. Elle déniche les informations cachées dans les bases de données publiques, les rapports chiffrés et les tableurs pour mieux les vulgariser.