Violences conjugales

Les violences conju­gales tuent. Elles blessent aussi dura­ble­ment. En France, des centaines de milliers de femmes pré­sentent des troubles ou des maladies pro­vo­quées par les insultes, coups ou viols qu’elles ont subis. Sylvie Fagnart, jour­na­liste, elle-même ancienne victime, a enquêté sur le poids sanitaire, et donc éco­no­mique, des violences. Pour les victimes directes, comme pour l’ensemble de la société.
Publié le 06/10/2022
Violences conjugales : des séquelles à vie pour les survivantes

 

Retrouvez cet article dans le n°8 Jouer de La Déferlante

À l’autre bout du fil, les mots de Julie me coupent le souffle : « Mon ex a été condamné à quatorze ans de prison. Moi, j’ai pris perpète. »

La jeune femme égrène les maux qui font désormais partie de son quotidien, queue de comète de plus de dix ans d’enfer : migraines inces­santes qui lui vrillent le crâne, pelade, eczéma qui revient à des dates anni­ver­saires – « une plaque apparaît, à un endroit où j’ai eu très longtemps un bleu qu’il m’avait fait » –, des trem­ble­ments « qui ne dis­pa­raissent pas ».

Le procès s’est tenu il y a deux ans, mais l’hypervigilance guide toujours ses gestes. Elle reste à la merci de souvenirs qui sur­gissent : « Quand je passe à certains endroits ou quand j’entends certaines musiques, je sors com­plè­te­ment de la réalité. Je revis les scènes, avec la même peur. »


« J’ai 34 ans mais je me sens comme une gamine. Comme si le temps s’était arrêté à l’âge où je l’ai rencontré. Je m’en veux tellement d’avoir fait vivre cet enfer à la petite fille que j’étais. »

Julie Laurent


Julie Laurent ne demande plus rien : son bourreau a été condamné pour viol par une cour d’assises. « Sans Jacqueline Sauvage, sans le décompte des fémi­ni­cides, sans vous les médias – merci, insiste-t-elle –, le procès n’aurait peut-être pas eu lieu. Ou la peine aurait été plus légère. » Mais elle pointe les deux grands sujets oubliés, selon elle, des violences sur conjoint·e : le sort des enfants et « les consé­quences à vie ».

Elle s’inquiète de son état psychique. « J’ai 34 ans mais je me sens comme une gamine. Comme si le temps s’était arrêté à l’âge où je l’ai rencontré. Je ne peux plus regarder de photo de moi à 14 ans. Je m’en veux tellement d’avoir fait vivre cet enfer à la petite fille que j’étais. »

Sa voix s’est nouée, elle pleure main­te­nant. On pleure, toutes les deux, seules, sus­pen­dues à nos télé­phones. Je pense à mon moi de 23 ans. À ce que je lui ai laissé subir aussi. Comme j’en ai désormais l’habitude, mon état de syndrome post-traumatique (ESPT) se manifeste. Le nœud de l’estomac, le poids sur la poitrine, l’air qui paraît manquer. Puis les yeux lourds, comme s’ils avaient encore dû verser des litres de larmes. Les douleurs qui montent dans les bras. Ces sen­sa­tions, je les connais, je les identifie. Elles sont le miroir de mes souvenirs de dix ans de vie avec un homme violent.

Entre une et quatre années d’espérance de vie en moins

Évidemment, je rejoins Julie. Il faut rendre hommage aux mili­tantes fémi­nistes et aux jour­na­listes qui, ces dernières années, ont fait sortir les fémi­ni­cides – c’est-à-dire les risques concrets et mortels de la violence conjugale – du trou noir média­tique. Mais la santé des sur­vi­vantes, en revanche, reste un impensé.

« Les victimes n’en parlent déjà pas d’elles-mêmes », regrette Filiani Fer, infir­mière et coor­di­na­trice au sein de Woman Safe & Children (ex-Institut en santé génésique), un lieu d’accueil qui a fait de la santé des victimes la clé de leur prise en charge. Par la fenêtre, derrière elle, la forêt de Saint-Germain-en-Laye s’étend. Elle explique : « Les victimes racontent le com­por­te­ment de leur agresseur, elles parlent de l’impact sur leurs enfants mais jamais spon­ta­né­ment de comment elles se sentent. Quand je leur pose la question, elles s’effondrent en larmes. »

Ces femmes ont-elles seulement le loisir de s’occuper d’elles-mêmes ? Alice 1Le prénom a été modifié, contactée par l’intermédiaire d’une soignante, m’accorde un bref entretien télé­pho­nique, au milieu de la course qu’est sa vie. Elle a échappé à un fémi­ni­cide. Son ex lui a fracturé la rate. « J’ai deux enfants, deux boulots pour payer les factures car je ne touche pas de pension ali­men­taire. Pour un rendez-vous médical, je dois poser un jour de congé. Je souffre en silence, je n’ai pas le choix. » Les médecins n’expliquent pas ses douleurs fantômes – « il n’y a rien au scanner ». Alice continue de serrer les dents. Même si c’est au prix de réguliers blocages du dos.

« Cet état de santé dégradé s’explique par l’intrication de toute une série de facteurs de risques », explique Cécile Morvant, médecin légiste, une des premières du corps médical à s’être inté­res­sée au sujet des violences de genre en France 2« Le médecin face aux violences conju­gales : analyse à partir d’une étude effectuée auprès de médecins géné­ra­listes », thèse de médecine, uni­ver­si­té Paris‑6, 2000.. « On sait qu’un stress important, sur le long terme, entraîne des patho­lo­gies : des maladies inflam­ma­toires et car­dio­vas­cu­laires, par exemple. »

À cela, s’ajoutent fré­quem­ment des addic­tions (tabagisme, alcoo­lisme) alour­dis­sant les facteurs de risques. « La mauvaise santé des femmes victimes de violences peut aussi s’expliquer par un accès aux soins limité ou une mauvaise obser­vance de trai­te­ment du fait des violences et de l’emprise », complète-t-elle.

Loin d’être des maladies ima­gi­naires, ces affec­tions sont une réalité reconnue par les plus hautes instances de la santé publique. Depuis 1995 et le sommet des Nations-Unies à Pékin, la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale tient pour référence un rapport scien­ti­fique stipulant que les femmes victimes perdent en moyenne entre une et quatre années d’espérance de vie. 

« Les études montrent que, comparées aux femmes non victimes, les victimes de violences conju­gales ont un état de santé général moins bon, plus de problèmes physiques, psy­cho­lo­giques et mentaux, consomh­ment plus de soins médicaux […]. Elles auraient glo­ba­le­ment 60 % de problèmes de santé (gyné­co­lo­giques, symptômes chro­niques liés au stress, neu­ro­lo­giques) en plus », résume une synthèse produite par Santé publique France en 2018 3« Épidémiologie des violences conju­gales en France et dans les pays occi­den­taux », Bertrand Thélot, service de la com­mu­ni­ca­tion de Santé publique France, 2018..

Pour compléter ce tableau clinique déjà chargé, il faut évoquer l’asthénie (une fatigue anormale), des symptômes digestifs, comme le côlon irritable et des douleurs chro­niques. Les violences ont aussi des consé­quences sur le plan gyné­co­lo­gique et obs­té­trique : gros­sesses non désirées, accou­che­ments pré­ma­tu­rés, retard de crois­sance fœtale, maladies ou infec­tions sexuel­le­ment trans­mis­sibles, fausses couches, douleurs pel­viennes, vaginisme.

Le panorama des troubles psy­cho­lo­giques est lui aussi étendu. Un exemple frappant : le risque de dépres­sion majeure est multiplié par deux ou trois chez les victimes de violences conju­gales4 « Intimate partner violence against adult women », article publié en 2012 dans la revue Social Science & Medicine.. Une pré­va­lence si impor­tante qu’une cher­cheuse cana­dienne, Jacquelyn Campbell, posait dès 2002 cette hypothèse : et si elle expli­quait, à l’échelle de la popu­la­tion générale, la forte dif­fé­rence des cas de dépres­sion entre hommes et femmes ?

J’ai compris que ce passé continuait à vivre en moi 

D’autres études ont montré qu’être victime de violences de genre dans le couple augmente de plus de deux fois le risque de consommer anxio­ly­tiques, anti­dé­pres­seurs et neuroleptiques. 

Parmi les patho­lo­gies d’ordre psy­cho­lo­gique, l’état de stress post-traumatique est un classique : 61 % des femmes victimes de violences conju­gales en sont frappées. « Les trau­ma­tismes répétés sur un temps long favo­risent l’altération de la gestion des émotions », me confirme Laurine Egreteau, psy­chiatre au centre régional de psycho­traumatologie du CHU de Tours. « Le circuit de gestion de la peur est déréglé, les émotions sont perçues de façon disproportionnée. »

En marquant dura­ble­ment les corps et les âmes des victimes, les violences conju­gales repré­sentent, à l’évidence, un coût pour le système de santé. Les comptages sont complexes à réaliser (lire l’encadré ci-dessous), mais lorsqu’ils existent, ils per­mettent de saisir l’impact des violences, non plus seulement sur des individus, mais sur l’ensemble de la société.

Des outils disparates pour évaluer les violences

Le calcul du coût éco­no­mique des violences de genre au sein du couple repose sur une autre donnée : le nombre de victimes. Or ce dernier chiffre est complexe à évaluer, car les outils manquent.

Le chiffre com­mu­né­ment avancé en France, par les autorités comme les asso­cia­tions fémi­nistes, oscille chaque année entre 200 000 et 225 000 femmes, soit 1 % à 1,2 % de la popu­la­tion féminine adulte entre 20 et 65 ans. Il s’appuie sur les enquêtes de vic­ti­ma­tion menées annuel­le­ment par l’Insee, inti­tu­lées « Cadre de vie et sécurité » dans les­quelles la question des violences par conjoint·e inter­vient inci­dem­ment, parmi des dizaines de thèmes.

C’est sur ce chiffre, par exemple, que le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) se fonde pour estimer le finan­ce­ment néces­saire à la mul­ti­pli­ca­tion des struc­tures tournées vers la prise en charge de la santé des victimes.

L’étude Psytel, citée ci-dessus, se base, quant à elle, sur l’Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (Enveff), autre source fré­quem­ment citée sur le sujet. Menée en 2000 par la socio­dé­mo­graphe Maryse Jaspard, cette étude révèle qu’une femme sur dix subit ou a subi, au cours des douze derniers mois, de la violence de la part de son « par­te­naire intime ». Dans le détail, 2 à 3 % des répon­dantes se disaient victimes de violences physiques et 7 % de violences psychologiques.

On dispose par ailleurs, depuis 2015, de l’étude Virage, produite par l’Institut national des études démo­gra­phiques (Ined). Cette dernière constate que, depuis les conclu­sions tirées par l’Enveff, les « violences les plus graves n’ont pas signi­fi­ca­ti­ve­ment baissé ». Elle évalue à 2 % des femmes adultes les victimes d’atteintes cor­po­relles. La déva­lo­ri­sa­tion, les remarques désa­gréables et la sur­veillance au quotidien ne concernent pour leur part que 4 à 6 % des répondantes.

En France, à la demande des services de l’État, le cabinet Psytel a estimé à 3,6 milliards d’euros le coût global des « violences au sein du couple » supporté par la col­lec­ti­vi­té 5« Étude relative à l’actualisation du chiffrage des réper­cus­sions éco­no­miques des violences au sein du couple et leur incidence sur les enfants en France en 2012 », cabinet Psytel.. Dans cette somme, les coûts médicaux, au sens strict, s’élèvent à 290 millions. Une hypothèse a minima car leurs calculs se fondent sur des pro­jec­tions réalisées à partir d’études par­cel­laires portant sur le coût des soins d’urgence ou de la sur­con­som­ma­tion de médicaments.

À cet ordre de grandeur, il faudrait encore ajouter le poids financier pour le système de santé des violences passées, jamais comp­ta­bi­li­sées dans les enquêtes. Ainsi que les soins engagés après un mauvais diag­nos­tic. « Pour des douleurs chro­niques, j’ai été jusqu’à prendre un trai­te­ment contre la maladie de Lyme », me raconte Marie Gervais, autrice d’un ouvrage 6Marie Gervais, Il me tue cet amour. Comment je me suis recons­truite après neuf ans de violences conju­gales, Massot éditions, 2020. relatant la relation des­truc­trice qu’elle a subie, jeune femme. Un livre dont je pourrais prendre à mon compte chacun des mots. Comme ceux qu’elle me confie sur son état présent. « J’attribue désormais mes douleurs au ventre et mes inflam­ma­tions à mon trauma. Mais je me suis surtout habituée à avoir mal toutes ces années. »


« Au bout de quarante séances de réédu­ca­tion, même avec des impul­sions élec­triques, son périnée ne réagis­sait pas. Je lui ai posé des questions sur son passé. Elle a fini par me dire que son premier copain l’avait violée. Et son corps s’est débloqué. »

Carole Mettavant, kiné­si­thé­ra­peute et sexologue

C’est un classique. J’ai moi-même mis du temps à com­prendre le lien entre mes maux et les violences que j’ai subies. Il m’est apparu sur une table de kiné­si­thé­ra­peute. Celle de Carole Mettavant, qui est aussi sexologue. Ma réédu­ca­tion périnéale était à l’époque gênée par un dia­phragme trop rigide. « Le plus souvent, c’est la consé­quence d’un trauma », m’a‑t-elle soufflé. La mémoire de mon corps et celle de mon cerveau se sont alors recon­nec­tées. J’ai compris que ce passé, dont j’étais persuadée de m’être défaite – vic­to­rieuse, pensais-je – conti­nuait à vivre en moi.

« Forcément », balaie Carole Mettavant, à sa manière un peu brusque. « Mon travail de kiné­si­thé­ra­peute péri­néo­logue m’a placée au plus proche de l’intime. En tra­vaillant sur le périnée et le ventre, en par­ti­cu­lier sur le dia­phragme, j’ai constaté comme ils portent la marque des expé­riences vécues. » Au début de sa vie pro­fes­sion­nelle, une patiente bou­le­verse sa pratique. « Au bout de quarante séances de réédu­ca­tion, même avec des impul­sions élec­triques, son périnée ne réagis­sait toujours pas. Je lui ai posé des questions sur son passé. Elle a fini par me dire que son premier copain l’avait violée. Et son corps s’est débloqué. »

Pour que ces liens se nouent davantage, il faut, de l’avis de nombre de soignant·es, inter­ro­ger les patientes sur les violences subies dès la première consul­ta­tion. L’anamnèse, cet inter­ro­ga­toire pré­li­mi­naire à tout examen clinique, pourrait ainsi intégrer cette question au même titre que les anté­cé­dents médicaux, les trai­te­ments en cours et les inter­ven­tions chi­rur­gi­cales passées. « Le ques­tion­naire est assez formel ; on en apprend le déroulé pendant les études », pose Perrine Millet, gynécologue-obstétricienne à l’origine de la première formation sur le sujet destinée aux soignant·es, aujourd’hui dispensée à l’université Paris-Descartes et à celle de Grenoble-Alpes. « Cette question des violences est beaucoup plus impac­tante sur la santé globale que de savoir si la patiente a eu une appen­di­cite ou une allergie à la péni­cil­line. Mais il faut former celles et ceux qui vont dès lors devoir accueillir cette parole », plaide-t-elle.

Il faudrait créer des pôles de « victimologie »

Ma kiné­si­thé­ra­peute, Carole Mettavant, titulaire de ce diplôme uni­ver­si­taire, prévient elle aussi : « Le dépistage sys­té­ma­tique, sans formation préalable, peut s’avérer délétère, pour le ou la professionnel·le comme pour sa patiente. Sans connaître un peu de trau­ma­to­lo­gie, que fait-on de ce qu’on nous livre ? On donne les petits papiers des asso­cia­tions et on n’en parle plus ? »

Partisan du ques­tion­ne­ment sys­té­ma­tique, Gilles Lazimi, médecin géné­ra­liste à Romainville (Seine-Saint-Denis) et membre du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), est, pour sa part, persuadé que les médecins sauront entendre la parole des victimes. « Interroger les patient·es va éclaircir des tableaux cliniques et des situa­tions médicales. » Mais poser des questions ne suffit pas, admet-il. Pour une meilleure prise en charge, il croit aux réseaux de proximité des différent·es professionnel·les du soin : dentistes, kinés, médecins. « Des pôles de “vic­ti­mo­lo­gie” comme on a su le faire pour le cancer et le diabète. »

Depuis ses monts de l’Ardèche, sa consœur Cécile Morvant, la légiste, est sur la même ligne. « On ne peut pas construire une Maison des femmes partout », constate-t-elle, se référant à cette structure par­ti­cu­lière, ouverte à Saint-Denis en 2016, où une équipe plu­ri­dis­ci­pli­naire peut assurer à la fois une prise en charge médicale, sociale et un dépôt de plainte. S’il existe désormais une dizaine de lieux en France organisés sur ce modèle, leurs finan­ce­ments sont fragiles, car ils reposent encore en grande partie sur le mécénat privé.

Dans un rapport de 2018 7, le HCE détaille les inves­tis­se­ments néces­saires pour lutter contre les violences de genre au sein du couple. Le coût d’une formation obli­ga­toire des soignant·es à la prise en charge des victimes s’élèverait à 6,6 millions d’euros. Auxquels il faudrait ajouter 56,2 millions d’euros pour financer des « dis­po­si­tifs d’accès aux soins dans une approche globale et spé­cia­li­sée » sur le modèle de la Maison des femmes de Saint-Denis.

Début 2021, l’État a enfin décidé d’une aide pour déployer des struc­tures d’accueil spé­cia­li­sées au sein d’établissements hos­pi­ta­liers ou médico-sociaux. Avec un budget alloué de 5 millions d’euros. Soit onze fois moins que préconisé. •

Grenelle : « Peut mieux faire »

L’heure était au satis­fe­cit du côté du gou­ver­ne­ment, au moment de tirer le bilan du Grenelle des violences faites aux femmes, trois ans après son orga­ni­sa­tion, en septembre 2019. 

Du côté des asso­cia­tions spé­cia­li­sées, on ne veut pas nier « les avancées » : les places d’hébergement créées, un effort de formation des professionnel·les concerné·es, de nouveaux outils expé­ri­men­tés, comme le bracelet anti-rapprochement ou le téléphone « grave danger ». « Mais le niveau des violences ne baisse pas. Là est le véritable bilan du Grenelle », note Clémence Pajot, direc­trice générale de la Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles. 

Les reven­di­ca­tions restent nom­breuses. Et prin­ci­pa­le­ment sur ce qui fait ori­gi­nel­le­ment défaut au Grenelle : l’absence d’apport financier massif. Pour Françoise Brié, de la Fédération nationale Solidarité Femmes, le budget propre du ministère lié aux droits des femmes doit augmenter. « Nous attendons un socle de finan­ce­ment garanti. Ce n’est pas normal de devoir faire quarante demandes de sub­ven­tion pour boucler notre budget. »


Making of

En plus des professionel·les du soin, dix femmes, anciennes victimes, ont accepté de témoigner pour cette enquête : Sophia, qui m’a raconté le calvaire de sa mère, Emma, Béatrice, Julie, Héloïse, Chloé, Marie, Nawele, Alice et Sophie. Leurs histoires ne figurent pas toutes dans cet article, mais leurs récits m’ont permis d’affiner ma com­pré­hen­sion du sujet et de confirmer les chiffres et les tableaux cliniques obtenus auprès des soignant·es et des ins­ti­tu­tions. Qu’elles en soient remerciées.

  • 1
    Le prénom a été modifié
  • 2
    « Le médecin face aux violences conju­gales : analyse à partir d’une étude effectuée auprès de médecins géné­ra­listes », thèse de médecine, uni­ver­si­té Paris‑6, 2000.
  • 3
    « Épidémiologie des violences conju­gales en France et dans les pays occi­den­taux », Bertrand Thélot, service de la com­mu­ni­ca­tion de Santé publique France, 2018.
  • 4
     « Intimate partner violence against adult women », article publié en 2012 dans la revue Social Science & Medicine.
  • 5
    « Étude relative à l’actualisation du chiffrage des réper­cus­sions éco­no­miques des violences au sein du couple et leur incidence sur les enfants en France en 2012 », cabinet Psytel.
  • 6
    Marie Gervais, Il me tue cet amour. Comment je me suis recons­truite après neuf ans de violences conju­gales, Massot éditions, 2020.
Sylvie Fagnart

Journaliste indépendante au sein du collectif Hors cadre, elle s’intéresse au numérique et aux questions de genre. Elle travaille avec le magazine en ligne Chut! et l’émission « Affaires sensibles » sur France Inter. Dans le numéro Travailler, elle cosigne le focus sur le travail domestique et l’histoire d’un slogan. Voir tous ses articles

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