🌈 En juin, La Déferlante est fière !

Des essais, des romans, et une expo pour célébrer les identités LGBTQIA+
Publié le 19/06/2025

All about love, Mickalene Thomas, jusqu’au 9 novembre 2025 aux Abattoirs, Musée – Frac Occitanie à Toulouse.

Découvrez la revue La Déferlante n°18, « Pour une éducation qui libère », parue en mai 2025. Consultez le sommaire.

Des homosexuel·les condamné·es à des peines de prison ou interdit·es de se marier, des personnes trans exclues de l’armée, des com­pé­ti­tions sportives ou dans l’impossibilité

d’u­ti­li­ser les toilettes de leur choix dans les lieux publics, des mani­fes­ta­tions pour les droits des personnes LGBTQIA+ réprimées : partout dans le monde, les droits des personnes queers ont encore nettement reculé ces derniers mois. Juin, Mois des fiertés, est pour La Déferlante l’occasion d’afficher son indé­fec­tible soutien à celles, ceux et celleux dont les exis­tences sont méprisées et les corps violentés.
Dans cette news­let­ter, c’est toute notre équipe ainsi que notre comité éditorial qui partagent leurs recom­man­da­tions et coups de cœur : des romans, des essais, des expo­si­tions qui docu­mentent les vécus LGBTQIA+ et concourent, on l’espère, à modifier les repré­sen­ta­tions dominantes.

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Romans

Entre ici et avant il y a la mer

Premier roman, roman d’apprentissage, l’ouvrage de Nelly Slim est l’histoire d’une recons­truc­tion. La nar­ra­trice va et vient entre les souvenirs de son enfance dans un milieu bourgeois occi­den­ta­li­sé à Tunis et la vie d’immigrée qu’elle mène main­te­nant à Paris, sa ville d’adoption. Des souvenirs troubles surnagent – une agression sexuelle, une fas­ci­na­tion amoureuse pour son amie Zeinab – et se mêlent au vécu dou­lou­reux de l’exil et du racisme : « Je suis du Sud faible et navrant et je ne peux me hisser à la hauteur de la France qu’en apprenant à consommer comme eux, à rire comme eux, à parler comme eux, à user du mépris poli et du sourire crasse. » Peu à peu, suivant l’exemple des mam­mi­fères des fonds marins dont les fantômes peuplent son récit, la nar­ra­trice se recons­truit, et trouve des repères qui prennent les traits d’une femme dont elle est désormais amoureuse.

🌊→ Nelly Slim, Entre ici et avant il y a la mer, éd. Hystériques et associées, 2025. 15 euros.

Insolations

Une jeune femme raconte son enfance dans des lettres à sa thé­ra­peute. Elle y convoque l’Algérie, son père, les femmes de sa famille, la violence qui traverse leurs relations, et ques­tionne la com­plexi­té de cet atta­che­ment teinté de violences. Premier roman de la poétesse Meryem Alqamar, Insolations est un livre âpre et percutant, écrit dans une langue lumineuse. Déjà publié aux éditions du Commun en 2022, il vient de ressortir en format poche aux éditions Cambourakis.

☀️ → Meryem Alqamar, Insolations, Cambourakis, 2025. 10 euros.

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Fantasy

Le Trône des héritières

Dans un monde sans héritiers masculins, la paix passe par le mariage de la princesse. Le roi organise donc un tournoi, mais, cette fois, les pré­ten­dantes sont toutes des femmes. Solène Kate signe une fantasy saphique, poétique et roman­tique qui renverse les codes et ques­tionne les normes de genre à travers une aventure aussi pal­pi­tante qu’engagée.

♞ → Solène Kate, Le Trône des héri­tières, Books on demand, 2023. 20 euros.

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Essais

Une brève histoire de la transmisogynie

Déjà connue pour son travail sur les enfants trans, l’historienne cana­dienne Jules Gill-Peterson s’intéresse cette fois à l’histoire de la trans­mi­so­gy­nie, dans le contexte par­ti­cu­lier des empires coloniaux. Du continent américain aux Philippines, en passant par l’Europe et l’Inde, elle démontre que la trans­mi­so­gy­nie constitue une forme de violence spé­ci­fique dirigée contre des caté­go­ries de popu­la­tion qui ne se défi­nissent d’ailleurs pas forcément comme trans, au sens occi­den­tal et moderne du terme. Elle développe le concept de « trans­fé­mi­ni­sa­tion » pour décrire les processus poli­tiques par lesquels certaines formes de féminités, souvent racia­li­sées, sont les cibles des droites et des extrême droites. Préfacé par Mihena Alsharif, autrice et anthro­po­logue, cet ouvrage apparaît comme un des livres majeurs de l’année 2025 sur les transidentités.

🏳️‍⚧️ → Jules Gill-Peterson, Une brève histoire de la trans­my­so­gi­nie. Pour une lecture anti-impérialistes de la trans­fé­mi­ni­té, trad. Mihena Alsharif (et préface) et Nesma Merhoum, Shed publi­shing, 2025. 19 euros.

Pourquoi les lesbiennes sont invisibles ?

Où sont les repré­sen­ta­tions les­biennes dans la société ? Dans ce court essai à la première personne, la pho­to­graphe Marie Docher (également autrice d’Et l’amour aussi, La Déferlante Éditions, 2023) propose une réflexion sur l’invisibilisation des les­biennes dans le domaine de l’art et de la pho­to­gra­phie. En s’appuyant sur l’exemple de plusieurs artistes (la peintre Rosa Bonheur, la pho­to­graphe Berenice Abbott ou encore la danseuse Loïe Fuller), elle explique comment des relations les­biennes ont été ni plus ni moins effacées de notre matri­moine. Le livre s’interroge également sur le lesbian gaze dans l’art et offre à ses lecteur·ices un texte inédit de la pho­to­graphe états-unienne Joan E. Biren, pour qui « la création d’images […] est un moyen pour les les­biennes de se donner du pouvoir ». Amen.

📷 → Marie Docher, Pourquoi les les­biennes sont invi­sibles, Seuil, coll. « Libelle », 2025. 4,90 euros.

Un désir démesuré d’amitié

Certains conseils doivent être pris au sérieux. « Tu dis qu’il n’y a pas de mots pour décrire ce temps […]. Mais souviens-toi. Fais un effort pour te souvenir. Ou à défaut invente », écrit Monique Wittig dans Les Guérillères. De cette exhor­ta­tion, Hélène Giannecchini a fait une méthode, une éthique.

L’histoire des personnes queers est emplie de silences, leurs vies sont obli­té­rées. OK. Mais la fiction, l’imagination et un talent indé­niable à faire vivre les archives peuvent réparer certains oublis. C’est tout le projet d’Un désir démesuré d’amitié : sauver de l’ombre des vies intimes mino­ri­taires pour les inscrire dans un grand récit collectif et éman­ci­pa­teur. De photos d’inconnu·es aux clichés de la pho­to­graphe états-unienne Donna Gottschalk, en passant par le témoi­gnage bou­le­ver­sant d’un malade du sida (Jean Dumargue), Hélène Giannecchini dresse un monument à la mémoire d’existences cachées dans les plis de l’histoire. Un monument qui célèbre, ce faisant, la puissance politique de l’amitié et des liens indes­truc­tibles de la famille qu’on s’est choisie.

💖 → Hélène Giannecchini, Un désir démesuré d’amitié, Seuil, 2024. 21 euros.

Gouines

« Nous sommes gouines, parce que nous voulons le respect, nous voulons l’égalité des droits, mais sans avoir à nous fondre dans le moule hété­ro­pa­triar­cal. » Se réap­pro­priant ce qui est, au départ, une insulte les­bo­phobe, les autrices de cet ouvrage collectif – Marie Kirschen, Maëlle Le Corre, Amandine Agić, Meryem Alqamar, No Anger, Marcia Burnier, Noémie Grunenwald, Erika Nomeni – proposent de penser les identités les­biennes contem­po­raines et disent en creux la com­plexi­té des vécus.

👭 → Marie Kirschen et Maëlle Le Corre (dir.), Gouines, Points, 2024. 9,90 euros.

Pédés

« On ne naît pas pédé, on le devient. » Comment faire pour com­prendre qui on est quand les autres vous ont déjà assigné à une identité sans votre accord ? Comment se réap­pro­prier une insulte avant même d’avoir compris sa propre sexualité ? Cet ouvrage collectif dans lequel on retrouve – entre autres – le jour­na­liste et essayiste Adrien Naselli, le militant LGBTQIA+ Ruben Tayupo ou le pho­to­graphe Nanténé Traoré, offre une pluralité de récits et de réflexions sur les identités gays.

👨🏽‍🤝‍👨🏾 → Florent Manelli (dir.), Pédés, Points, 2023. 9,90 euros.

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Exposition

De l’amour

Avec l’exposition intitulée All about love – un clin d’œil à l’ouvrage de bell hooks publié en 2001 – l’artiste états-unienne Mickalene Thomas propose d’explorer la question de l’amour. Parmi les œuvres pré­sen­tées : des tableaux monu­men­taux, composés de couleurs écla­tantes, qui mêlent pho­to­gra­phie, collage, peinture et incrus­ta­tions de strass. L’artiste revisite également avec un regard féministe, noir et queer, les clas­siques de la peinture occi­den­tale : le male gaze et le regard occi­den­tal qui les tra­versent sont ici partout subvertis. Le célèbre Déjeuner sur l’herbe devient Déjeuner sur l’herbe : trois femmes noires. Dans ces œuvres, les per­son­nages ne sont pas des objets de désir, mais des êtres vivants et désirants. Une œuvre queer pro­fon­dé­ment politique et émancipatrice.

🖌️ → All about love, Mickalene Thomas, jusqu’au 9 novembre 2025 aux Abattoirs, Musée – Frac Occitanie à Toulouse.

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Un glossaire pour tout comprendre

Alors que l’actualité montre à quel point la guerre cultu­relle qui fait rage est aussi une bataille séman­tique, il nous a paru important que La Déferlante propose à ses lecteur·ices des défi­ni­tions de concepts clés pour appré­hen­der l’époque dans une pers­pec­tive féministe inter­sec­tion­nelle. Queer, panique morale, théorie du genre : toutes les défi­ni­tions sont en accès libre sur notre site internet, qui sera alimenté au fil des numéros pour faciliter la com­pré­hen­sion des concepts mobilisés dans chaque dossier.

🔏 → Retrouvez toutes nos défi­ni­tions en libre accès

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On y sera

💥 Cinéclub féministe

Dim 29 juin 2025, 18h
Majestic Bastille, Paris

Tonnerre, le ciné-club d’Elvire Duvelle-Charles, dont La Déferlante est par­te­naire, propose une pro­jec­tion en avant-première du film d’Alice Douard, Des preuves d’amour, dans le cadre de la dixième édition du Festival du film de fesses. La pro­jec­tion sera suivie d’une rencontre avec la réalisatrice.

🎟️ → Informations pratiques et réservations

☔ Festival des pluies de juillet

Sam 19 et dim 20 juillet 2025
Le Tanu, Manche (50)

La Déferlante tiendra un stand lors du Festival des pluies de juillet. Vous y retrou­ve­rez nos revues, nos livres et nos goodies. Le dimanche 20 juillet, à 14h45, Anne-Laure Pineau, jour­na­liste et membre du comité éditorial de La Déferlante, discutera avec le politiste Éric Neveu dans le cadre d’une rencontre intitulée : Informer est un sport de combat.

👉🏼 → Informations pratiques et billetterie

La Déferlante

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Pour une éducation qui libère !

Découvrez la revue La Déferlante n°18, « Pour une éducation qui libère », parue en mai 2025. Consultez le sommaire.