Baiser : à quand la révolution sexuelle ?

Publié le 17/01/2023

Modifié le 16/01/2025

La Déferlante 9 Baiser : À quand la révolution sexuelle ?
Lucile Gautier
La révolution sexuelle est encore à venir !

Dans les années 1960 et 1970, en France, la léga­li­sa­tion de la contra­cep­tion puis de l’avortement a permis aux femmes cisgenres hété­ro­sexuelles de ne plus vivre leur sexualité sous la menace d’une grossesse non désirée. Cette révo­lu­tion politique aux puis­santes réper­cus­sions intimes est venue ren­con­trer le désir d’émancipation de la géné­ra­tion post-Mai 68. De ce double mouvement est née la « libé­ra­tion sexuelle », racontée, aujourd’hui encore, comme une révo­lu­tion per­met­tant à chacun·e de vivre une sexualité sup­po­sé­ment « sans entraves ». 

Un demi-siècle plus tard, un tiers des Françaises se déclarent insa­tis­faites de leur vie sexuelle. Plus grave, 9 sur 10 disent avoir déjà ressenti une pression de la part d’un par­te­naire pour avoir un rapport sexuel. En Occident, les droits repro­duc­tifs et les men­ta­li­tés ont évolué. Pour autant, la sexualité des femmes et des personnes LGBT+, a fortiori lorsqu’elles sont non blanches, han­di­ca­pées, tra­vailleuses du sexe ou âgées de plus de 50 ans, reste largement évaluée à travers le prisme patriar­cal. Son script infuse un peu partout, depuis le discours médical jusqu’aux comédies roman­tiques: un pénis dans un vagin, avec à la fin un orgasme, environ deux fois par semaine. Ces repré­sen­ta­tions éludent en grande partie la question des violences et des logiques de domi­na­tion qui tra­versent les rapports intimes. Elles ont aussi pour effet de hié­rar­chi­ser les sexua­li­tés et de stig­ma­ti­ser les corps et les désirs de toute une partie de la popu­la­tion. Or, comme le sou­li­gnait, en substance, Virginie Despentes dans une interview donnée en 2019: « Une fille devrait pouvoir, autant qu’un garçon, frimer dans la cour de l’école en disant: “Je suis une bonne suceuse!” » Tout le monde devrait également pouvoir refuser un rapport sexuel sans être moqué·e, violé·e ou quitté·e. 

Ce dossier propose des clés pour com­prendre comment s’est construite cette norme sexuelle, et de quelle manière la sexualité peut oppresser autant qu’elle peut libérer. Il propose d’imaginer des chemins de traverse pour échapper aux iti­né­raires tout tracés d’une intimité qui reproduit les logiques de domi­na­tion entre les sexes, les corps, les classes ou les races. Pour, enfin vivre en entente avec nos corps, nos désirs et nos par­te­naires. Aussi varié·es soient-ils et elles.

Retrouvez l’in­té­gra­li­té de ce dossier Baiser dans la Déferlante #9.

Marion Pillas

Après un détour par la production de documentaires, elle est revenue au journalisme avec La Déferlante. Elle en est cofondatrice et corédactrice en chef. Depuis Lille, elle supervise la newsletter, les partenariats et les événements. Voir tous ses articles