Des souvenirs cousus de fil rouge

par

Carolle Bénitah

La pho­to­graphe et plas­ti­cienne Carolle Bénitah s’applique depuis vingt ans à créer des albums de souvenirs en retra­vaillant des photos d’archives, fami­liales ou col­lec­tées. Que ce soit par la peinture, la dorure ou la broderie, qu’elle détourne de leurs fonctions déco­ra­tives, elle décons­truit le récit familial et dénonce les travers de son milieu pour inventer une nouvelle histoire plus nuancée. Une explo­ra­tion qui interroge l’identité et invite à déjouer toute forme d’assignation.

Mon père prenait beaucoup de photos de nous. Sur celle-ci, je prolonge le bouquet de fleurs sur la table pour masquer tous les visages des membres de ma famille. Je suis la seule à regarder l’objectif, comme un dialogue muet avec le pho­to­graphe. Sur les photos de la page de droite, j’ai dessiné des cellules agrandies du corps humain dont je recouvre les yeux. Le corps n’est pas repré­sen­té sur les photos d’identité, et à travers cette inter­ven­tion, je parle de la dif­fi­cul­té à consi­dé­rer son corps comme un objet désirant. […]

Lire cet article

Retrouvez cet article dans la revue papier La Déferlante n°5, de mars 2021. La Déferlante est une revue trimestrielle indépendante consacrée aux féminismes et au genre. Tous les trois mois, en librairie et sur abonnement, elle raconte les luttes et les débats qui secouent notre société.