La photographe et plasticienne Carolle Bénitah s’applique depuis vingt ans à créer des albums de souvenirs en retravaillant des photos d’archives, familiales ou collectées. Que ce soit par la peinture, la dorure ou la broderie, qu’elle détourne de leurs fonctions décoratives, elle déconstruit le récit familial et dénonce les travers de son milieu pour inventer une nouvelle histoire plus nuancée. Une exploration qui interroge l’identité et invite à déjouer toute forme d’assignation.
Mon père prenait beaucoup de photos de nous. Sur celle-ci, je prolonge le bouquet de fleurs sur la table pour masquer tous les visages des membres de ma famille. Je suis la seule à regarder l’objectif, comme un dialogue muet avec le photographe. Sur les photos de la page de droite, j’ai dessiné des cellules agrandies du corps humain dont je recouvre les yeux. Le corps n’est pas représenté sur les photos d’identité, et à travers cette intervention, je parle de la difficulté à considérer son corps comme un objet désirant. […]