Je veux
Je veux coucher avec
je veux faire l’amour à
je veux ken, je veux bouillave, je veux sale et tendre,
je veux faire des petites maisons en kit,
je veux baiser, qu’on me baise le bocage,
qu’on me baise la boca, me caresse le bouli, me soupèse
l’emballage,
me transperce, transporte, transcende,
je veux qu’on me frotte, qu’on m’effleure l’foum,
me lichotte les tissus avec une langue chienne,
je veux qu’on me draine, qu’on me soulage,
qu’on me prenne avec rage et douceur aussi,
je veux qu’on me déleste, j’ai envie de paresser, de squatter,
de zoner,
j’ai envie d’habiter les zones de turbulences caractéristiques
des orages,
les zones d’ombre, les angles morts, je veux percer à jour
les points noirs, gratter les croûtes, déterrer les verrues –
cautériser
mes désirs au fer chaud des tiens. Je ne veux pas me réveiller,
je veux renaître tous les matins, je je veux, j’ai
j’ai une envie pressante de dire
je veux dire je t’aime
tu m’as dit
Tu m’as dit « ça va ? »
Tu m’as dit « t’as joui ? »
J’ai pensé « pas du tout »
J’ai dit « oui oui »
Tu m’as dit « merci pour ce moment »
J’ai dit « de rien bébé »
J’ai pensé « plus jamais »
J’ai dit « je dois vérifier mon agenda »
Tu m’as dit « c’était vraiment super »
J’ai pensé « je devrais te faire payer »
J’ai dit « je t’enverrai la facture »
Tu as rigolé
J’ai rigolé
J’ai dit « je dois rentrer »
Tu m’as dit « je te raccompagne »
J’ai dit « non tkt »
Tu m’as dit « ok »
Et je suis sortie. J’ai marché dans la nuit, m’en suis roulée
une. Il faisait — 5 °. Il était minuit moins cinq. Et malgré mon
corps plein de lui-même, mon corps dans son jus, plein
de ses fardeaux dont tu n’as pas su m’alléger, j’ai pensé
« je suis libre »
J’ai dit à voix haute
« je suis libre »