Emma Goldman, la radicalité joyeuse

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Elle ne cessa de se battre : contre la guerre, l’exploitation des prolétaires, le mariage et toute forme d’aliénation. Surnommée « la Reine rouge», Emma Goldman (1869–1940) a longtemps été réduite à sa légende de dangereuse anarchiste, pourtant son apport pour les droits des femmes a été considérable. Elle défendait une idée subversive: il n’y aura pas de révolution politique sans révolution sexuelle. 

 

« On a colporté à mon sujet tant d’histoires à glacer le sang et à dormir debout qu’il n’est pas sur­pre­nant que l’être humain moyen ait des pal­pi­ta­tions car­diaques à la seule mention de mon nom1 .» Incarnation d’une mar­gi­na­li­té assumée, d’une critique féroce de la norme et de l’aliénation qu’elle produit, Emma Goldman aimait se moquer des journaux amé­ri­cains qui la cari­ca­tu­raient à longueur d’articles. Elle était de tous les combats – certains lui ont valu d’être plusieurs fois arrêtée et empri­son­née: ses positions anar­chistes, sa défense des ouvrières et des ouvriers, son mili­tan­tisme en faveur du droit à la contra­cep­tion, son oppo­si­tion à la Première Guerre mondiale, sa condam­na­tion du mariage et sa défense de l’homosexualité… Sa vie, qu’elle a retracée dans une auto­bio­gra­phie monumentale2 , fut un tour­billon de luttes et de ren­contres, au carrefour de l’Europe et des États-Unis. 

Née dans l’Empire russe, d’une famille juive, Emma Goldman émigre aux États-Unis en 1885, alors qu’elle n’a que 16 ans. Elle vit à New York quand éclate l’affaire des «martyrs de Haymarket». Le 4 mai 1886, à Chicago, une bombe explose lors d’une mani­fes­ta­tion pacifique en faveur de la journée de huit heures et contre la répres­sion policière des mobi­li­sa­tions ouvrières3 . Huit anar­chistes sont arrêtés et accusés de conspi­ra­tion. Sept d’entre eux sont condamnés à mort l’année suivante, et quatre sont pendus le 11 novembre 1887, malgré un mouvement de pro­tes­ta­tion dans le monde entier. C’est à ce moment-là qu’Emma Goldman […]

Retrouvez l’in­té­gra­li­té de ce portrait d’Emma Goldman dans La Déferlante #8.

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Retrouvez cet article dans la revue papier La Déferlante n°8, de novembre 2022. La Déferlante est une revue trimestrielle indépendante consacrée aux féminismes et au genre. Tous les trois mois, en librairie et sur abonnement, elle raconte les luttes et les débats qui secouent notre société.

La Déferlante 7 : Réinventer la famille