En prenant la décision de dissoudre l’Assemblée nationale après la victoire de l’extrême droite à l’élection européenne du 9 juin, le président de la République, Emmanuel Macron nous a jeté·es sous les roues d’un train lancé à pleine vitesse. Depuis dimanche soir, l’arrivée du Rassemblement national (RN) à la tête de l’exécutif en France n’est plus un danger hypothétique. C’est une menace imminente qui nous oblige à entrer dans la bataille politique et à nous ranger, sans tergiverser, derrière le front uni de la gauche.
Pour nous qui travaillons chaque jour à la fabrication d’un média engagé dans la lutte contre les oppressions systémiques, il est impératif de réaffirmer quel projet de société nous voulons : féministe, social, antiraciste, écologiste. Il est aussi capital de défendre notre indépendance ainsi que celle de nos consœurs et confrères journalistes face à la concentration des médias et de l’édition au sein de groupes sur lesquels la droite conservatrice – incarnée notamment par Vincent Bolloré – a commencé à faire main basse. Avec les conséquences que l’on connaît désormais : Jordan Bardella, président du RN et grand vainqueur des élections européennes, est le candidat le plus cité, tous médias confondus, en mai 2024.
Il nous reste à peine plus de deux semaines pour éviter à notre pays de suivre l’exemple de la Hongrie, de l’Italie ou plus récemment des Pays-Bas. Des États dans lesquels l’extrême droite, arrivée au pouvoir ces dernières années, détruit consciencieusement les droits des personnes minorisées en même temps qu’elle revoit à la baisse les aides et les minima sociaux.
Nous avons un peu plus de deux semaines pour définir collectivement les contours d’un projet politique désirable qui se trouve, quoi qu’on en dise, à portée de main : un pays qui réinvestit dans la protection sociale, dans l’hôpital public, dans l’éducation pour toutes et tous. Une communauté politique dans laquelle les droits des plus précarisé·es (personnes racisées, trans, sans-papiers, porteuses de handicap, enfants victimes de violences, femmes…) sont garantis. Une société qui affronte sans fard, pour mieux les combattre, tous les racismes, dont l’antisémitisme et l’islamophobie, ainsi que le lot de discriminations et de violences qu’ils charrient.
Pour atteindre ce but, nous devons encourager et soutenir l’alliance des partis et des forces sociales de gauche, quitte à mettre provisoirement nos désaccords sous le tapis, et voter pour les candidates et les candidats que ce « nouveau Front populaire » présentera dans toutes les circonscriptions. Nous le redisons : oui, il existe des divergences, parfois capitales, entre ces mouvements de gauche. Oui, il nous faudra les prendre à bras-le-corps dès le 8 juillet. Mais à l’heure où nous parlons, un danger bien plus grand se profile à un horizon extrêmement proche : le basculement de l’Assemblée nationale à l’extrême droite et la nomination de Jordan Bardella à Matignon.
Cette séquence politique est aussi l’occasion, pour beaucoup parmi nous, d’entrer ou de revenir dans les mobilisations. Partout en France, des citoyen·nes, des militant·es entrent en campagne pour appeler à faire barrage à cette extrême droite qui n’a jamais été aussi proche du pouvoir. Partout, dans la rue, sur les réseaux sociaux, elles et ils diffusent des argumentaires, organisent des manifestations, des rassemblements de quartier ou proposent de prendre les procurations des personnes qui ne pourront pas voter. Prenons part sans délai à cette campagne en tant que média indépendant de gauche.
Jusqu’au 8 juillet, sur nos les réseaux sociaux et sur une page dédiée du site de La Déferlante, nous relaierons ces appels à mobilisation partout en France. En parallèle, nous finaliserons un numéro spécial intitulé « Résister en féministes » qui sortira le 30 août. Tout l’été, dans cette newsletter, vous pourrez également lire les parcours de militantes qui, partout en France et dans le monde, luttent contre l’extrême droite.
En mettant en lumière celles et ceux qui combattent, nous souhaitons renverser le récit qui voudrait que l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite soit inéluctable. Imaginer des lendemains heureux, c’est sortir de la résignation et se donner des chances supplémentaires de voir notre projet de société advenir. Nous savons que leurs avancées sont faites de nos reculs.
Nous pensons aussi au 8 juillet, nos tâches vont être immenses : plus nous serons nombreux et nombreuses à nous engager dès maintenant, plus nous serons fort·es pour nous y atteler.
Dimanche dernier, l’extrême droite suédoise, qui depuis son succès électoral de 2022 gouverne le pays avec la droite conservatrice, a été stoppée net dans son élan par les électrices et les électeurs. Crédité par les instituts de sondage de plus de 20 % des votes, le parti xénophobe des Démocrates de Suède (SD) est arrivé en quatrième position, derrière les formations progressistes. « Une lueur d’espoir » déclarait, dimanche soir, Jonas Sjöstedt, la tête de liste du Parti de gauche.
→ Retrouvez les recommandations ainsi que l’agenda de la rédaction juste ici.
Les médias indépendants de gauche participent à un projet de société plus égalitaire et à la lutte contre l’extrême droite. Le meilleur moyen de soutenir notre ambition : vous abonner.
Vous êtes déjà abonné⸱e ? Nous vous en remercions. Si vous souhaitez nous soutenir encore un peu plus, vous pouvez faire vous pouvez faire un don défiscalisé à La Déferlante.
Vos dons nous permettront de mener à bien nos nombreux projets à venir. En août sortira un numéro spécial consacré aux résistances à l’extrême droite. En fin d’année, La Déferlante Éditions publiera un conte écoféministe, son premier album jeunesse.