Et si on croyait les victimes de violences sexuelles ?

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Le dépôt d’une plainte pour violences sexuelles s’apparente souvent à un parcours semé d’embûches. Il faut non seulement raconter ce qu’on a subi, mais aussi convaincre les agent·es de police et les gendarmes qu’on est crédible. Et si on accordait par principe, le temps de l’enquête, le crédit de bonne foi aux plaignant·es ?

 

Marie, 18 ans, est agres­sée chez elle par un incon­nu cagou­lé qui la ligote et la viole. Dès qu’elle dépose plainte, les poli­ciers sont soup­çon­neux. Aucun élé­ment maté­riel ne vient confor­ter son témoi­gnage. Et puis Marie est une enfant pla­cée, dont la parole est jugée peu cré­dible. Elle subit donc un inter­ro­ga­toire féroce, répé­tant pen­dant plu­sieurs heures le récit de ce qu’elle a endu­ré… au point qu’elle finit par se contredire.

Cette his­toire, qui a eu lieu aux États-Unis en 2008, a ins­pi­ré la série Unbelievable, dif­fu­sée sur Netflix en 2019. Un poli­cier spé­cia­li­sé dans les vio­lences sexuelles m’a confié avoir été « inca­pable de regar­der le pre­mier épi­sode en entier » : « Je pars tou­jours du prin­cipe qu’un·e plaignant·e fran­chit les portes d’un com­mis­sa­riat parce qu’il ou elle a été vic­time d’une infrac­tion. » On ne remet pas en ques­tion la parole d’un·e auto­mo­bi­liste qui vient décla­rer le vol de son SUV. Alors pour­quoi dou­ter de celle des vic­times de vio­lences sexuelles ?

Malheureusement, la réac­tion de ce bri­ga­dier n’est pas la norme dans les rangs de la police  et de la gen­dar­me­rie. L’ampleur du mou­ve­ment #DoublePeine en est l’illustration fla­grante : lan­cé en octobre 2021 sur les réseaux sociaux, il dénonce le  mau­vais accueil réser­vé aux vic­times de vio­lences sexuelles dans les commissariats.

LES FAUSSES ALLÉGATIONS, UN PHÉNOMÈNE TRÈS MINORITAIRE 

Dans les cen­taines de témoi­gnages col­lec­tés par les ini­tia­trices du mou­ve­ment, l’ombre du dis­cré­dit plane sur la parole des plaignant·es. Un poli­cier conseille à une vic­time de viol conju­gal « de ne pas inven­ter des his­toires la pro­chaine fois qu’elle se dis­pute avec son copain ». Un autre souffle le chaud et le froid avec une jeune femme qui dénonce […]

Retrouvez l’in­té­gra­li­té de cette chro­nique « Et si on croyait les vic­times de vio­lences sexuelles » dans La Déferlante #8.

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Retrouvez cet article dans la revue papier La Déferlante n°8, de novembre 2022. La Déferlante est une revue trimestrielle indépendante consacrée aux féminismes et au genre. Tous les trois mois, en librairie et sur abonnement, elle raconte les luttes et les débats qui secouent notre société.

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