Plafond de verre

Le concept de plafond de verre est apparu à la fin des années 1970. Il a été popu­la­ri­sé par les chercheur·euses états-unien·nes Ann M. Morrison, Rendall P. White et Ellen Van Velsor dans leur livre Breaking the Glass Ceiling sorti en 1987. Importé en France par la socio­logue Jacqueline Laufer, il désigne ini­tia­le­ment les obstacles et les dif­fi­cul­tés que ren­contrent les femmes pour accéder à des res­pon­sa­bi­li­tés impor­tantes. Même si la notion est parfois élargie aux dis­cri­mi­na­tions de classe et de race, également à l’œuvre dans le monde du travail, elle demeure associée à un certain profil socio­lo­gique : les femmes cadres évoluant dans le secteur tertiaire ; les employées et les ouvrières sont de leur côté exposées à des dyna­miques dis­cri­mi­na­toires spécifiques.

Dans un entretien publié dans le numéro 17 de La Déferlante, la socio­logue du travail et du genre Sophie Pochic souligne l’inégale évolution pro­fes­sion­nelle de ces dif­fé­rents groupes sociaux : parmi les cadres, explique-t-elle, « on constate une fémi­ni­sa­tion depuis les années 1980 – [les femmes] sont aujourd’hui 42 % dans cette catégorie. […] Les femmes cadres ont obtenu l’extension des quotas de sexe dans les comités de direction en 2021. » En revanche, les condi­tions de travail pour les femmes des classes moyennes et infé­rieures ne s’améliorent pas : « Elles restent concen­trées dans les secteurs féminisés sous-valorisés comme le commerce, la santé, le social ou l’éducation. » Pour carac­té­ri­ser le travail des femmes, Sophie Pochic parle donc d’« égalité élitiste » avec « des femmes plus nom­breuses dans des métiers mal rémunérés, qui s’appauvrissent avec l’inflation, et des poli­tiques publiques qui ciblent en priorité l’accès des femmes puis­santes aux postes de pouvoir ».

Pour aller plus loin

Catherine Marry, Laure Bereni, Alban Jacquemart, Sophie Pochic, Anne Revillard, Le Plafond de verre et l’État. La construc­tion des inéga­li­tés de genre dans la fonction publique, Armand Colin, 2017, 288 pages.

Élodie Maillot, Briser le double plafond de verre, « Les Pieds sur terre », France Culture.

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