Dans les années 1970, en affirmant « Nos désirs font désordre », les militant·es féministes, lesbiennes et gay clament la dimension révolutionnaire des sexualités minoritaires. Et ébranlent l’ordre hétéropatriarcal. Retour sur un slogan qui, d’une mobilisation à l’autre, ne cesse de circuler depuis cinquante ans.
« Nos désirs font désordre »: l’allitération est aussi séduisante et créative que le propos est subversif. Il nous ramène au cœur de l’histoire de la révolution sexuelle des années 1970–1980. Un moment où les femmes et les lesbiennes revendiquent l’autonomie quant à leur sexualité, leur accès à la jouissance, leurs choix de vie. Où certaines militantes cherchent à bouleverser radicalement les normes discriminantes de l’hétérosexualité et de la binarité de genre. Un moment où la dimension éminemment politique des désirs des femmes et des personnes LGBT+ apparaît en pleine lumière.
Au début des années 1970, on assiste en effet à un développement simultané du Mouvement de libération des femmes (MLF) et des mouvements de libération homosexuelle. Une politisation de la sexualité s’opère: elle transgresse la frontière d’ordinaire établie entre la sphère privée et la sphère publique. Façonnée par les rapports collectifs de domination, perçue comme une déviance ou vécue clandestinement lorsqu’elle ne répond pas à la norme, la sexualité ne peut être considérée comme relevant uniquement de l’ordre du privé. « Le privé est politique », comme le résume un autre slogan clé forgé à la même époque par les premiers groupes féministes et homosexuels.
L’HÉTÉROSEXUALITÉ ANALYSÉE COMME UN RÉGIME POLITIQUE
Les groupes du MLF mettent alors au cœur de leurs revendications le droit à l’avortement libre et gratuit, les luttes contre les violences faites aux femmes, ainsi que la (re)découverte et l’apprentissage d’une sexualité par et pour les femmes, avec une conception novatrice de la jouissance féminine. Il s’agit de détourner la sexualité de sa dimension uniquement reproductive comme de celle d’outil au service de la jouissance masculine. Cela amène à replacer au cœur des débats publics le […]
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