Que raconte Iddù ?
CAMILLE BOUVOT-DUVAL C’est l’histoire d’une île au centre de laquelle se trouve un volcan, appelé Iddù. C’est là que vit l’enfant Dodù, élevé·e par quatre femmes – l’agricultrice, la cheffe, la tatoueuse et la voyante – qui lui apprennent tout un tas de choses et surtout le sens du collectif.
Quels thèmes abordez-vous à travers ce conte ?
CAMILLE BOUVOT-DUVAL J’ai voulu travailler autour des émotions, à commencer par l’angoisse éprouvée par les adultes : celle d’être coincé·es dans un monde qui ne tourne pas rond et de ne pas réussir à croire qu’un nouveau lendemain peut advenir. Une angoisse qui pousse certain·es à s’inventer un ennemi à attaquer. J’ai aussi souhaité évoquer la créativité des enfants et leur capacité à s’adapter à la nouveauté. Face à ce qui nous clive et nous sépare, il y a une vérité que nous avons en partage : nous sommes des êtres sensibles, des êtres d’émotions. C’est par ces émotions que nous pouvons ressentir le monde, et aussi agir sur lui. Dans le récit, c’est en faisant appel à son imaginaire que Dodù va aider les adultes à trouver des solutions à leur « problème ».
« UN TEXTE POLITIQUE SUR LE VIVRE-ENSEMBLE »
Léa, comment avez-vous appréhendé l’illustration de ce texte conçu pour la jeunesse ?
LÉA DJEZIRI Dès mes premières lectures du texte, des images me sont venues, aussi bien des décors que des personnages. J’ai ensuite fait un travail de recherche sur les volcans, leurs représentations dans le passé, l’architecture qu’on trouve sur les îles volcaniques ; une recherche alimentée par un voyage en Sicile et à Stromboli. Nous avons par ailleurs veillé à ce que texte et images ne soient pas redondant·es. Ça passe notamment par des couleurs : la peau de Dodù est semblable à la lave, par exemple, pour montrer leur proximité. Ça passe aussi par des jeux formels : sur certaines pages, j’ai eu recours à des bulles qui rappellent l’univers de la BD. C’est un équilibre que nous avons longuement travaillé, avec le souci que le livre touche un large lectorat.
Qu’est-ce que vous aimeriez que les lecteur·ices retiennent de cet album ?
CAMILLE BOUVOT-DUVAL Iddù est un livre féministe, qui a une dimension queer et écologiste, mais il parle surtout de la façon dont on gère nos émotions. Nous avons tous·tes des émotions qui nous amènent à percevoir le monde et à agir d’une certaine manière. Et l’album aborde cette question du corps et du sensible qui influencent nos actions.
LÉA DJEZIRI C’est un texte politique qui parle de notre monde et des enjeux auxquels on est tous·tes confronté·es. Il aborde le vivre-ensemble, notamment avec des personnes qui ne nous ressemblent pas ou n’ont pas les mêmes idéaux. J’espère qu’il touchera le plus de monde possible.
⟶ Camille Bouvot-Duval et Léa Djeziri, Iddù, 48 pages, 24 x 30 cm, La Déferlante Éditions. À partir de 6 ans. En précommande sur notre site et en librairie le 8 novembre.
Avec Iddù, La Déferlante Éditions confirme son ambition de donner à lire des récits féministes et de participer au renouvellement de nos imaginaires. C’est un album dont la fabrication se veut cohérente avec le propos du livre : nous avons fait le choix de le faire imprimer en Belgique, même si les coûts de fabrication y sont relativement élevés par rapport à d’autres pays plus éloignés de la France, afin d’en limiter l’empreinte carbone. Nous tenons également à souligner que toute une équipe a été mobilisée pour la conception et la réalisation d’Iddù : Chloé Guidoux, éditrice indépendante ; Mélanie Guéret, graphiste et maquettiste ; Sophie Hofnung : correctrice. Un grand merci à elles.
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