« Jacqueline a craqué. […] Elle était déchirée parce qu’Antillaise, parce que son statut était un statut d’infériorité […]. Elle a subi les rapports de force hommes-femmes. »
Nous sommes en 1976. Gisèle Halimi prend la parole devant les militantes de l’association Choisir la cause des femmes. Elle rend hommage à Jacqueline Manicom, compagne de lutte, qui vient de se suicider.Ces quelques mots découverts au hasard des archives éveillent mon attention. Historienne, journaliste, Blanche et née en France hexagonale, je pensais connaître l’histoire de la seconde vague féministe, celle de la conquête de la contraception et de l’avortement. Je réalise subitement que je ne connais aucune militante antillaise au sein de ces mouvements. Qui est cette Guadeloupéenne dont Gisèle Halimi semble si proche ? Les Antilles sont-elles une fois de plus les oubliées d’une partie du récit national ?Je décide de partir sur les traces de cette femme.
Pour comprendre le parcours de Jacqueline Manicom, je suis d’abord allée en Guadeloupe, dans le nord de Grande-Terre. « Morsures, ravages, incendies des rochers turquoise et nacrés, agonie du ciel que le soleil a remplacé en le dévorant. Cette insolente cantate offerte au soleil, c’est Le Moule (1). » C’est là qu’elle naît, en 1935, « à l’extrême échelon de la société la plus pauvre, du monde le plus exploité et le plus inculte », explique-t-elle dans une lettre à Simone de Beauvoir, le 13 janvier 1966. Dans sa version de l’histoire familiale, ses ancêtres font partie de la main‑d’œuvre indienne bon marché et corvéable à merci, arrivée au mitan du xixe siècle pour travailler sur les plantations après l’abolition de l’esclavage, et longtemps méprisée. « Une histoire en partie fausse ou incomplète », nuance Jean-François Manicom, l’un de ses neveux, longtemps conservateur de l’International Slavery Museum de Liverpool. « Il faut toujours garder à l’esprit la violence et la complexité de l’histoire de la Caraïbe, avec ses traumas et ses secrets. » Lui-même a pu reconstituer une filiation où se croisent des travailleurs venus d’Inde, mais aussi une femme esclavisée (Marie la Guinéenne), un aïeul caraïbe, ou encore un béké (un descendant de colons esclavagistes). La peau claire du père de Jacqueline Manicom, tout comme les très bonnes relations qu’il entretient avec son patron, facilite probablement l’émancipation familiale, dans un contexte marqué par le colorisme (lire l’encadré ci-dessous).
Jacqueline est l’aînée d’une famille nombreuse – sa mère a mené vingt grossesses à terme, dix enfants ont survécu. Ses parents, des paysans créolophones, ne savent ni lire ni écrire ; elle se révèle brillante à l’école. Au début des années 1950, elle fait partie du petit nombre d’élèves qui, en Guadeloupe, parviennent au baccalauréat. Que va-t-elle faire de ce sésame ? « J’aurais voulu être médecin, racontera-t-elle en 1974 à un journaliste du quotidien La Suisse. Mais mes parents étaient d’origine modeste. » Elle qui a toujours connu sa mère « enceinte ou en deuil » choisit des études de sage-femme.
Colorisme
Ce terme désigne une hiérarchie implicite entre les personnes noires en fonction du degré de pigmentation de leur peau. Plus la peau est claire, plus le statut social de la personne serait élevé. Ce préjugé est hérité de l’époque de l’esclavage et de l’économie de la plantation. L’historien Pap Ndiaye, dans l’ouvrage collectif De la question sociale à la question raciale ? (La Découverte, 2006), explique : « La réflexion sur le colorisme permet […] de nuancer l’opposition “noir”/“blanc”, certes fondamentale dans les imaginaires racialisés, mais qui ne rend pas compte, à elle seule, des hiérarchies sociales induites par la racialisation. »
Les illusions perdues
Probablement grâce à une bourse, Jacqueline Manicom rejoint l’école la plus proche, en Martinique. En 1957, elle en sort diplômée et choisit de se rendre à Paris. Si la grande émigration antillaise des années 1960–1970 n’a pas encore commencé, la France hexagonale fait rêver et semble ouvrir des perspectives inédites pour les femmes diplômées.
Elle est embauchée à l’hôpital Bichat. C’est là qu’elle rencontre Jacques, un interne en médecine, issu d’une famille blanche de la bourgeoisie parisienne. Elle a 23 ans, lui presque 30. Quelques mois plus tard, Jacqueline Manicom est enceinte. Mais l’histoire tourne mal. Dans son premier livre, elle reviendra de façon à peine romancée sur cet épisode : « J’étais enceinte de plus de quatre mois. La nouvelle fut annoncée à sa famille quinze jours avant la date fixée pour le mariage. Ce fut la catastrophe, dans le salon tapissé de velours gris de “Maman”. Mais tu es devenu fou, Xavier ! C’est du déclassement ! […] Une Négresse ici ? Jamais ! »
La belle-famille de Jacqueline Manicom impose que l’union ait lieu, afin d’éviter une naissance hors mariage, mais qu’elle soit suivie immédiatement d’un divorce. C’est ainsi que la jeune femme se marie le 20 mars 1959, et se retrouve, douze mois plus tard, seule, divorcée, avec un bébé. « Les Négresses gréco-latines, on ne les prend pas au sérieux », constate-t-elle amèrement. Elle s’effondre, tente de se suicider, démissionne de l’hôpital Bichat et rentre en Guadeloupe. Après un départ triomphant, le retour est difficile, d’autant que les femmes divorcées sont encore très mal vues à l’époque.
La création du Planning familial
« À partir d’un échec, le commencement d’une vie » : Gisèle Halimi résumera (2) par cette formule lapidaire le tournant que connaît alors la vie de Jacqueline Manicom. Ce nouveau départ, la Guadeloupéenne le doit à sa rencontre avec le féminisme. D’abord celui de Simone de Beauvoir, dont l’ouvrage La Force de l’âge paraît en 1960. « Moi, une femme de couleur, bafouée par un homme blanc. Je me suis sentie votre sœur et mieux vous avez été une amie. […] Vous m’avez aidée à supporter le monde, les Européens, et moi-même », écrit-elle dans une lettre à la philosophe le 19 mai 1965. C’est ensuite la découverte par la presse du Planning familial : créé en 1956, son premier centre ouvre à Grenoble en 1961. Une révélation pour Jacqueline Manicom, qui voit dans le contrôle des naissances l’outil indispensable à l’émancipation des femmes. La sage-femme, qui a repris son activité en Guadeloupe, annonce dès 1962 dans Revue guadeloupéenne l’idée d’un centre local – le premier des départements d’outre-mer. En 1964, elle crée avec l’aide d’une poignée de militant·es progressistes l’association guadeloupéenne pour le planning familial : La Maternité consciente. Jacqueline Manicom reviendra sur cet épisode lors de sa déposition au procès de Bobigny (3) : « J’ai fondé le centre du Planning familial, en 1964, parce que j’étais affolée par le problème des naissances en Guadeloupe. J’étais bien placée pour le savoir. Je suis sage-femme et l’aînée d’une famille de vingt enfants. Ma mère a eu vingt gosses en vingt ans. J’ai accouché des femmes de 35 ans de leur seizième ou de leur vingtième enfant. » Parallèlement, la Guadeloupéenne s’approprie son identité de femme noire. Si l’homme qu’elle épouse en secondes noces est à nouveau un Blanc – Yves Letourneur, militant marxiste et professeur de philosophie, alors en poste au lycée de Pointe-à-Pitre – c’est « cette fois-ci un Blanc qui sait qu’en épousant une femme de couleur, elle le restera ! » s’amuse-t-elle, d’après les souvenirs de son amie Gisèle Halimi (Une embellie perdue, Gallimard, 1995).
À l’été 1964, le Planning tout juste mis sur pied, Jacqueline Manicom et son mari repartent en France hexagonale. La sage-femme se sent-elle à l’étroit en Guadeloupe ? Le docteur Jacques Bangou, dont la mère, la communiste et féministe Marcelle Bangou, a vécu l’aventure du Planning, se souvient d’une femme qui avait « un parcours de militante féministe très singulier pour la Guadeloupe de l’époque. Un parcours qui n’était pas dans l’air du temps. » La famille, qui s’est agrandie d’une petite fille, s’installe à Créteil (Val-de-Marne), puis à Massy (Essonne). Après quelques mois de chômage, Jacqueline Manicom reprend son travail, à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, puis à l’hôpital Boucicaut.
En avril 1971, Jacqueline Manicom soutient le « Manifeste des 343 » publié dans le Nouvel Observateur, dans lequel des femmes déclarent avoir avorté. Elle rejoint l’année suivante le secrétariat national de Choisir la cause des femmes, l’association créée par Beauvoir et Halimi à la suite du manifeste. Jacqueline Manicom et Gisèle Halimi deviennent compagnes de lutte, et nouent une solide amitié.
Une sage-femme hors norme
Jacqueline Manicom ne cesse dès lors de militer. En 1972, elle est témoin de moralité au procès de Bobigny. On la retrouve avec Simone de Beauvoir, devant le tribunal, distribuant des tracts pour le droit à l’avortement ; à la tribune de la Mutualité avec Claude Servan-Schreiber et Michel Rocard ; défendant la contraception dans des réunions publiques. À Massy, elle loue, avec des militantes du Mouvement de libération des femmes (MLF) et quelques médecins, un appartement pour pratiquer des avortements clandestins. Un engagement qui, particulièrement pour une sage-femme, « n’est pas anodin », selon la féministe Chantal Birman, entrée dans la profession dans ces mêmes années : « Le milieu des sages-femmes était alors assez réactionnaire. Aucune ne s’était engagée officiellement en faveur de l’avortement. À l’époque, elle aurait été radiée par son ordre professionnel s’il avait été su qu’elle pratiquait des avortements. »
Portée par l’admiration qu’elle voue à Simone de Beauvoir, la militante s’est mise à écrire, dès 1960–1961, « comme si [elle prenait] des verres et des verres de rhum blanc ». « Cela a d’abord été une biographie […]. Puis petit à petit (ma vie réelle se transformant) j’ai pris de la distance par rapport aux personnages », écrit-elle à la philosophe le 19 mai 1965. Beauvoir transmet un premier manuscrit en 1965 à Gallimard, sans succès. Il sera publié en 1972 par les éditions Sarrazin sous le titre Mon examen de Blanc. Sous les traits à peine romancés de son héroïne Madévie, Jacqueline Manicom décrit avec une précision chirurgicale la fascination qu’elle a eue pour son premier mari, Blanc, bourgeois. Elle raconte la violence du racisme qui fait voler en éclat ses illusions. Au terme d’un cheminement intérieur, l’héroïne se réapproprie sa « douloureuse et fière histoire de Caraïbes, de Nègres, d’hindous et de Blancs ». « À bas l’assimilation et aussi la seule négritude ! » conclut-elle. L’écrivaine dédie son ouvrage aux victimes de la violente répression étatique de mai 1967 à Pointe-à-Pitre, prenant ainsi explicitement position en faveur du mouvement indépendantiste guadeloupéen, alors en plein essor.
Paternalisme médical
Deux ans plus tard paraît aux Presses de la Cité La Graine. Journal d’une sage-femme. Jacqueline Manicom raconte au travers de ce roman son quotidien à l’hôpital Boucicaut à Paris : les rapports de pouvoir, le paternalisme médical, la réticence des médecins à parler de contraception aux femmes et les violences gynécologiques : « Ils sont une vingtaine qui plongent tous ensemble leur regard vers le vagin des femmes installées en position gynécologique. […] Armé de son spéculum, M. de Maruéjols peut faire des découvertes étonnantes. “Sperme !” a‑t-il annoncé, ce lundi matin, en explorant l’intimité d’une jeune femme. »
Le livre, « un des rares témoignages sur l’exercice du métier de sage-femme à l’hôpital », selon l’historienne Nathalie Sage Pranchère, a du succès. Jacqueline Manicom fait montre d’un féminisme de plus en plus affirmé : « Je pense que le monde changera profondément et véritablement quand les femmes cesseront d’être des opprimées, des mineures et des productrices de “chair à canon” », explique-t-elle à Mireille Nicolas, professeure de lettres qui prépare alors le tome IV de son anthologie de littérature antillaise.
La sage-femme témoigne aussi de la difficile situation des Antillais·es, de plus en plus nombreuses et nombreux à rejoindre les travailleur·euses « du balai, du torchon, de la serpillière et des bassins à vider ».
« Moi, une femme de couleur, bafouée par un homme blanc. Je me suis sentie votre sœur et mieux vous avez été une amie. »
Lettre de Jacqueline Manicom à Simone de Beauvoir
Déceptions en série
Au début des années 1970, Jacqueline Manicom devient une militante féministe de premier plan. Son troisième roman est en cours d’écriture. Elle est régulièrement invitée sur les plateaux télé et à la radio, participe au film militant de Ioana Wieder (4) Accouche ! (sorti en 1977), et rejoint le Conseil supérieur de l’information sexuelle créé par Lucien Neuwirth. Mais derrière cette façade publique flamboyante se cachent des difficultés professionnelles et personnelles. En raison de ses critiques sévères du milieu hospitalier, Jacqueline Manicom, décrite dans son dossier administratif, par ses supérieurs, comme une sage-femme d’une « qualité exceptionnelle, très intelligente et particulièrement dévouée », se voit désormais reprocher son « comportement parfois malheureux, voire regrettable ». Elle est changée d’affectation. À Massy, où elle souhaitait encourager la contraception, la militante est déçue par les résultats : « [Les patientes] venaient pour se faire avorter et on ne les revoyait plus », explique-t-elle en 1973 devant ses camarades de Choisir. « En ce qui concerne l’impact sur la population de Massy, il n’y en a aucun. »
Dans l’intimité, son couple bat de l’aile. Yves Letourneur s’installe quasiment à demeure chez sa maîtresse. Elle-même a un amant, qu’elle juge plus attentif à son corps qu’à ses idées. D’après ce que m’en ont dit ses enfants, la sage-femme tient alors à bout de bras sa famille, y compris financièrement. Reste, enfin, « [ses] inquiets, [ses] chimériques problèmes de métèque, de métisse, de mulâtresse, de coolie-malabar, puisqu’[elle est] tout cela à la fois dans [son] île et en France ». Et cette sentence : « S’il arrive à une mulâtresse d’avoir envie de se suicider, que personne ne lui manifeste la moindre pitié. »
Le 21 avril 1976, Jacqueline Manicom rentre chez elle après une longue garde. Au matin elle envoie sa fille à l’école puis avale des médicaments. Elle écrit une lettre dans laquelle elle dit sa fatigue d’être femme, Noire et pauvre. Lorsqu’on la découvre, il est trop tard. Jacqueline Manicom meurt à 41 ans. Elle ne sera plus là pour voir naître, quelques semaines plus tard à Paris, la Coordination des femmes noires, qui dénonce l’oppression à la fois sexiste et raciste que celles-ci subissent.
« J’étais affolée par le problème des naissances en Guadeloupe. Je suis sage-femme, et l’aînée d’une famille de vingt enfants. J’ai accouché des femmes de 35 ans de leur seizième ou de leur vingtième enfant. »
Jacqueline Manicom en 1972 au procès de Bobigny
Après sa mort, sa disparition
Après la mort de Jacqueline Manicom, son souvenir disparaît. Seul·es les universitaires anglo-saxon·nes semblent se souvenir de ses romans. Cet oubli est étonnant, alors qu’elle était devenue une féministe très active, proche de Gisèle Halimi, présente dans les médias… Comment l’expliquer ? Je pose la question à l’autrice féministe guadeloupéenne Gerty Dambury, à l’origine, avec d’autres, du collectif Décolonisons les arts, et à Félix Germain, chercheur à l’université de Pittsburgh et codirecteur d’un ouvrage sur le rôle des femmes noires dans l’histoire de France (5).
Jacqueline Manicom n’était pas la seule Antillaise féministe dans l’Hexagone des années 1950–1960, m’explique Félix Germain. Mais les expériences vécues des Antillais et plus encore des Antillaises restent encore aujourd’hui largement ignorées. Gerty Dambury renchérit : « Qui, parmi les féministes françaises, connaît aujourd’hui Sarah Maldoror, Michèle Lacrosil, France Alibar ou Lucie Julia ? Quand je vois le silence qui entoure le parcours de Jacqueline, je suis furieuse de ce colonialisme latent qui se traduit par l’oubli du combat des femmes noires. »
Bien qu’écrivaine, militante, fondatrice du Planning familial de Guadeloupe, Jacqueline Manicom a ainsi été, comme tant d’autres Antillaises, « une voix criant dans deux déserts : sa Guadeloupe natale, et la France continentale (6)». •
Merci à celles et ceux qui m’ont apporté leur aide lors de cette enquête, en France hexagonale et en Guadeloupe : Frédéric Émerit, Gaëlle Letourneur et Jean-François Manicom, ainsi que Jacques Bangou, Ginette Batilde, Monique Benjamin, Chantal Birman, Carol Borel, Maryse Condé, Stéphanie Condon, Albertine Cotellon, Gerty Dambury, Arlette Gautier, Félix Germain, Jean-Pierre Guengant, Bruno Moutoussamy, Clara Palmiste, Bibia Pavard, Nathalie Sage Pranchère, Jean-Pierre Sainton (décédé le 22 août 2023), George Tarer et Michelle Zancarini-Fournel.
Hélène Frouard
Historienne et journaliste, elle s’intéresse aux parcours de femmes. Elle a réalisé pour France Culture un documentaire sonore sur sa grandmère, La Dénonciation.
1. Jacqueline Manicom, Mon examen de Blanc, éd. Sarrazin, 1972. Sauf mention contraire, les citations suivantes sont tirées de ce même ouvrage.
2. Gisèle Halimi, « Roman, déposition du Blanc », Le Nouvel Observateur, 1972.
3. En octobre et novembre 1972, alors que l’avortement est encore illégal, l’avocate Gisèle Halimi assure la défense d’une mineure ayant avorté à la suite d’un viol. Elle défend aussi sa mère et trois autres femmes qui l’ont aidée.
4. Ioana Wieder (1932) est une réalisatrice féministe française. Dans les années 1970, avec Delphine Seyrig et Carole Roussopoulos, elle crée Les Muses s’amusent, qui deviendra les Insoumuses, un collectif pour des films sur les femmes, par des femmes.
5. Félix Germain et Silyane Larcher (dir.), Black French Women and The Struggle for Equality, 1848–2016, University of Nebraska Press, 2018 (non traduit).
6. Franklin W. Knight et Henry Louis Gates Jr, Dictionary of Caribbean and Afro-Latin American Biography, Oxford University Press, 2016 (non traduit).