Arrivée en France à 15 ans, Aïcha Zabie a trouvé une nouvelle famille avec Hélène, qui l’a accueillie et souhaiterait maintenant l’adopter. Aïcha compose désormais avec ses deux mères, une au Mali et une en France. Un témoignage exceptionnel sur l’adoption.

« Pour moi, la famille réunit des gens qui se montrent aimants entre eux, qui se sou­tiennent en toutes cir­cons­tances. Peu importe qu’ils aient ou non des liens de paren­té. Je suis née au Mali, où j’ai été éle­vée par ma grand-mère et ma mère. Je n’ai pas gran­di dans une famille clas­sique avec un papa, une maman, des enfants. Je n’ai pas reçu d’éducation de mon père ou d’autres hommes. Les sou­ve­nirs de mon enfance sont bai­gnés d’amour et de par­tage. Je vivais seule avec ma grand-mère et ma mère, un peu la chou­choute. À 15 ans, j’ai quit­té Bamako avec ma tante, pour rejoindre la France et mon père, qui y vivait depuis des années. Ma mère vou­lait que je puisse suivre sérieu­se­ment des études, alors que les grèves s’enchaînaient dans les écoles maliennes. Je n’étais pas pour, au départ. Mais elle m’a convain­cue en piquant mon amour propre, en me disant: “Si j’avais eu un gar­çon, il ne se serait pas posé la ques­tion…” Je suis par­tie! Quand ma tante et moi sommes arri­vées au Maroc, nous avons com­pris que le pas­seur nous avait men­ti: pas de bateau mais un canot gon­flable pour tra­ver­ser la Méditerranée. Du moment où je suis mon­tée des­sus, je me suis comme dis­so­ciée de mon corps. Je n’ai éprou­vé aucune émo­tion. Je voyais des hommes pleu­rer et des femmes res­ter silen­cieuses. Cet évé­ne­ment a chan­gé ma façon d’envisager la force mas­cu­line. Après bien des péri­pé­ties, j’ai fini par arri­ver à Périgueux, où vivait mon père. Il venait de perdre son loge­ment et ne pou­vait pas m’accueillir. De toute manière, c’était com­pli­qué entre nous. On ne pou­vait pas […]

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