Le concept a émergé dans les années 1970 aux États-Unis au sein des disa­bi­li­ty studies, un courant de recherche dédié aux repré­sen­ta­tions et à l’expérience sociale des personnes en situation de handicap. Également appelé « capa­ci­tisme », le validisme désigne une dis­cri­mi­na­tion sys­té­mique qui consiste à faire des personnes valides la norme sociale, jus­ti­fiant l’infériorisation et la mar­gi­na­li­sa­tion des personnes handies. Le validisme se manifeste par un ensemble de dis­cri­mi­na­tions struc­tu­relles : dif­fi­cul­tés d’accès à des logements ou à des éta­blis­se­ments publics, cir­cu­la­tion empêchée dans les espaces publics, struc­tures d’accueil inadap­tées, etc., ainsi que par des remarques ou des propos insultants.

Créé en 2019, le collectif féministe Les Dévalideuses se bat pour faire recon­naître le validisme comme une oppres­sion résultant de choix poli­tiques assumés. « Le handicap est encore trop souvent considéré comme un problème médical et personnel. Nous, nous voulons des actes poli­tiques qui nous incluent dans tous les milieux. Notre objectif est que le validisme soit combattu de la même façon que le sexisme ou le racisme », reven­dique dans nos pages Céline Extenso, cofon­da­trice du collectif.

Ces derniers mois, à l’occasion des débats à l’Assemblée nationale sur le projet de loi sur la fin de vie, le concept a été mobilisé dans les milieux militants craignant les dérives eugé­nistes de cette loi conçue notamment pour répondre à la demande du droit à mourir dans la dignité. « Le concept de “dignité” est inté­res­sant car il ne veut pas dire la même chose selon l’endroit où l’on se place sur le spectre de la validité. Pour les valides, la plupart du temps, la dignité signifie l’indépendance », exprime l’activiste Harriet de G, dans le débat « Faciliter l’aide à mourir : un acte féministe ? ». « Pour nous, militant·es handi·es, la dignité, c’est avoir accès à un toit, des trans­ports, de l’éducation, des soins, de la nour­ri­ture, une vie sociale, etc. Dans les débats autour de la fin de vie, le quotidien des personnes han­di­ca­pées est décrit comme quelque chose de terrible, auquel il faut échapper à tout prix, même si pour cela il faut mourir. »

Pour aller plus loin

Clémence Allezard, « Handicap : la hié­rar­chie des vies », 4 épisodes, LSD, France Culture, 2022.

Zig Blanquer, Nos exis­tences handies, Monstrograph, 2022.

Charlotte Puiseux, De chair et de fer. Vivre et lutter dans une société validiste, La Découverte, 2022.