Le gouvernement communique à l’envi sur la lutte pour l’égalité femmes-hommes, pourtant le nombre de plaintes pour viols et agressions sexuelles ne cesse d’augmenter depuis cinq ans. Quant aux féminicides, les chiffres restent toujours aussi élevés. Et si, pour briser le continuum des violences – dans la sphère intime comme dans l’espace public –, il fallait d’abord s’attaquer aux stéréotypes de genre et aux idées reçues sur la sexualité ? En partenariat avec l’association En avant toute(s), La Déferlante organise, le mercredi 22 mars, une fête sur le thème des sexualités non violentes.
Assia Matoug avait 46 ans. Elle vivait à Montreuil, en Seine-Saint-Denis avec ses trois enfants et son mari Youssef. Le 13 février dernier, son corps démembré a été retrouvé dans le parc des Buttes-Chaumont, à Paris. Quelques jours plus tard, son époux est passé aux aveux : il l’aurait étranglée, découpée en morceaux dans la cuisine familiale, puis transportée en autobus, dans un caddie de supermarché, jusqu’à ce parc très fréquenté du Nord-Est parisien.
Ce meurtre est le 19e féminicide depuis le début de l’année. Dans les jours qui ont suivi, plusieurs femmes ont encore été tuées, le plus souvent par un conjoint ou un ex-conjoint. Comme dans la majorité des cas, elles avaient préalablement signalé les violences qu’elles subissaient aux autorités, parfois porté plainte. Cela n’a pas suffi à les protéger.

Selon une étude publiée par le ministère de l’Intérieur en août 2022, 64 % des victimes de féminicide avaient préalablement signalé aux forces de l’ordre les violences qu’elles subissaient. Photo prise en 2020, à Besançon. Crédit illustration : Creative commons.
L’Observatoire national des violences faites aux femmes estime que chaque année, en France, 213 000 femmes sont victimes de violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire ou d’un ancien partenaire. Dans le même temps, 94 000 d’entre elles sont victimes de viol ou de tentative de viol. 11 % ont fait l’objet d’injures, d’insultes ou de dénigrement.
La réponse politique marque un temps de retard
Face aux statistiques qui ne désenflent pas, la réponse politique marque un temps de retard. Le 8 mars dernier, la Première ministre Élisabeth Borne annonçait en grande pompe son « grand plan pour l’égalité entre les femmes et les hommes ». Il prévoit notamment la mise en place de pôles spécialisés dans les violences conjugales au sein des tribunaux, l’ouverture, à l’horizon 2025 d’une « maison des femmes » par département, sur le modèle de celle de Saint-Denis, ou encore la délivrance d’ordonnances de protection sous 24 heures pour les femmes jugées « réellement en danger ». Montant de la facture : « plusieurs centaines de millions d’euros », selon Matignon, mais toujours pas le milliard réclamé depuis 2017 par les associations. Par ailleurs, l’accent est mis, encore une fois, sur l’accueil des victimes et sur les sanctions promises aux agresseurs. Mais que fait, au juste, l’exécutif pour empêcher que les violences ne se produisent ? […] LIRE LA SUITE
UNE FEMME SUR SIX COMMENCE SA VIE SEXUELLE PAR UN RAPPORT NON CONSENTI.
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