Jean-Luc Mélenchon, candidat des féministes ?

Publié le 4 avril 2022

Les fémi­nistes qui appellent à voter pour le candidat de La France insoumise au premier tour de la pré­si­den­tielle sont de plus en plus nom­breuses. Un posi­tion­ne­ment qui interroge : Jean-Luc Mélenchon, souvent critiqué pour sa pratique auto­ri­taire du pouvoir, s’est entouré d’une garde rap­pro­chée aux allures de “boy’s club”. Son parti n’a pas non plus été épargné par les affaires de violences sexistes et sexuelles. Comment expliquer alors ces ral­lie­ments en série ? Jean-Luc Mélenchon peut-il vraiment être le candidat des fémi­nistes ? La Déferlante a enquêté.

Le 4 mars dernier, sur son blog hébergé par Mediapart, Caroline De Haas, fon­da­trice d’Osez le féminisme puis du collectif Nous toutes, publiait un billet intitulé : « Ce sera Mélenchon », appelant à voter, au premier tour pour le candidat de La France insoumise (LFI). Elle prépare également une tribune, signée par des citoyen·nes et des per­son­na­li­tés de gauche, qui devrait paraître dans la presse lundi. Contactée par téléphone, l’ancienne direc­trice de campagne de Cécile Duflot lors de la primaire éco­lo­giste de 2016 recadre immé­dia­te­ment : « Mon féminisme n’est pas le premier déter­mi­nant dans ce choix […]. C’est un vote stra­té­gique : il s’agit d’éviter que l’extrême droite ne soit au second tour et d’avoir deux semaines de moins de paroles racistes et isla­mo­phobes qui se déversent sur les ondes. La présence de LFI au second tour per­met­trait de créer de la contra­dic­tion, de l’opposition, de l’espoir aussi face à Emmanuel Macron, y compris pour la campagne des législatives. »

Que pense-t-elle de son programme et plus pré­ci­sé­ment du chapitre sur les droits des femmes ? « Les pro­po­si­tions sont OK », répond-elle. Dans son livret consacré à l’égalité femmes-hommes, Jean-Luc Mélenchon propose notamment d’allouer un milliard d’euros à la lutte contre les violences sexuelles, comme le demandent les asso­cia­tions fémi­nistes, d’améliorer la prise en charge judi­ciaire des femmes victimes de violence, de pro­mou­voir l’égalité salariale, ou encore de consti­tu­tion­na­li­ser le droit à l’avortement. « J’étais tout aussi raccord avec les pro­po­si­tions de Philippe Poutou [Nouveau Parti anti­ca­pi­ta­liste NPA], explique Caroline De Haas, mais LFI a plus de chances d’être au second tour. » Celle qui a également été, en 2013, conseillère de la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Balkacem, insiste sur ce qu’elle perçoit comme « la capacité des mélen­cho­nistes à gouverner […]. Je lis leur programme et j’entrevois déjà le conseil des ministres : ils sont prêts. »

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