La fabrique des scandales
Produit par le quotidien américain The New York Times, le film Malfunction. The Dressing Down of Janet Jackson décortique méticuleusement le Nipplegate, grâce aux témoignages de nombreux protagonistes de l’époque. À la suite de sa diffusion, et à celle d’un autre documentaire consacré à la chanteuse Britney Spears, Justin Timberlake a adressé des excuses publiques aux deux artistesJustin Timberlake et Britney Spears ont formé un couple ultra médiatisé. Leur séparation en 2002, sur fond d’accusation d’infidélité de Britney Spears, avait entaché l’image et la carrière de la pop star. Framing Britney Spears revient sur cette rupture. Le documentaire est une enquête remarquable sur le mouvement #FreeBritney et sur la bataille judiciaire opposant la chanteuse à son père. Il montre aussi à quel point Britney Spears a été très jeune érigée en icône pop hypersexualisée.
→ Janet Jackson. Avant et après le scandale du Nipplegate. De Jodi Gomes (2021). Diffusé par Arte en décembre 2022 (non disponible en streaming actuellement).
→ Framing Britney Spears, de Samantha Stark (2021). Disponible sur Amazon Prime Vidéo pour les abonné·es.
Pop culture et misogynoir
À l’intersection du racisme et du sexisme, la misogynoir est une forme de discrimination subie par les femmes noires. Le concept a été théorisé par l’universitaire noire et queer Moya Bailey. La misogynoir est massivement présente dans la culture populaire. Elle catégorise et stimagtise les femmes noires, enfermées dans des stéréotypes comme celui de « la femme noire en colère », ou de la « panthère » hypersexualisée. Ce concept qui repose sur la théorie de l’intersectionnalité explique en grande partie le traitement médiatique et politique qu’a subi Janet Jackson après le scandale du Super Bowl.
Janet Jackson et le BDSM
Le New York Time produit un podcast en 2018 intitulé « Still Processing: We’re Still Here for Janet ». La journaliste du quotidien new-yorkais Jenna Wortham et le critique d’art Wesley Morris y analysent le scandale du Nipplegate au cours d’une discussion qui préfigure le documentaire de 2021, auquel ils participeront. Ils dénoncent en particulier l’indulgence médiatique dont a bénéficié Justin Timberlake.
La seconde partie du podcast dissèque le thème de l’expérimentation sexuelle dans l’œuvre de Janet Jackson, et plus particulièrement le BDSM (pratique sexuelle qui met en scène la contrainte et la douleur) qu’elle évoque dans des morceaux comme Rope Burn (traces de cordes), référence au bondage. Jenna Wortham note que la tenue portée par Janet lors du Halftime Show de 2004 est clairement une référence esthétique à ces pratiques sexuelles. « Pour les femmes noires qui explorent ce mouvement, cela peut-être un moyen pour chacune de se réapproprier sa sexualité et son corps sans qu’il soit associé à la blanchité. Un corps noir entravé peut ne pas évoquer directement l’esclavage », suggère Jenna Wortham pour expliquer cette exploration du BDSM par Janet Jackson. Les deux journalistes du New York Times approfondissent ainsi les nombreux questionnements soulevés par le Nipplegate par le prisme des black, cultural and gender studies.
À écouter
→ Control (A&M Records, 1986) : le troisième album de Janet Jackson est son premier grand succès international, et le disque qui affirme son émancipation créative et personnelle.
→ En 1989, la chanteuse sort Rhythm Nation 1814, un disque politique et une œuvre importante de l’art africain-américain de la décennie
→ Paru en 1997, The Velvet Rope est un opus R&B‑soul, produit après une longue période de dépression. Janet Jackson y évoque l’expérimentation sexuelle et son exploration des pratiques BDSM.