Les hommes politiques ont-ils droit à une vie privée ?

« Il est important que les hommes entrés en politique pré­servent leur vie per­son­nelle », disent les uns. Certes, mais « le privé est politique », répondent les fémi­nistes. Héritée de la pensée libérale, la sépa­ra­tion entre sphères politique et privée fait le lit des violences patriarcales.

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Publié le 6 avril 2023
Légende de la photo. Cursus lectus vulputate quis habitant mi. Massa magna at curabitur id risus volutpat adi­pis­cing non. Photographie Prénom Nom/AFP

Dans le sillage des affaires Coquerel, 
Bouhafs, Quatennens et Bayou – quatre figures de la gauche accusées de com­por­te­ments sexistes ou de violences sexuelles (lire notre enquête « Au cœur des cellules d’enquête sur les violences sexuelles dans les partis de gauche ») –, une convic­tion bien française ne cesse de refaire surface : il serait très important que les hommes poli­tiques (parce qu’il s’agit toujours d’hommes) puissent avoir une vie privée. Beaucoup de gens voient en effet dans la double vie de Mitterrand, dans les infi­dé­li­tés notoires de Chirac ou les heures que Dominique Strauss- Kahn passait chaque jour hors de Bercy lorsqu’il était ministre de Jospin, une source de fierté nationale : nous, au moins, nous ne suc­com­bons pas au supposé puri­ta­nisme américain et à son obsession de la trans­pa­rence. Que François Hollande quitte l’Élysée en scooter la nuit pour voir sa maîtresse ne regarde que lui. Et il est tentant, en effet, de penser que le personnel politique devrait, comme tout le monde, avoir droit à une sphère privée.


« Citation en exergue extraite de l’article, de pré­fé­rence quelque chose de par­ti­cu­liè­re­ment intéressant. »

Auteur autrice


Vous vous ren­con­trez toutes les deux pour la première fois sous les ors de la République, dans le cadre très solennel de l’Assemblée nationale. Un décor assez inattendu pour des trans­fuges de classe, des rebelles, des « grandes gueules »… Comment vous sentez-vous ici ?

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Corinne Masiero Je ne sais pas trop, mesdames. Je vais en parler à ma prochaine séance de psy­cha­na­lyse… En fait, je n’étais jamais entrée dans l’Assemblée nationale. J’ai souvent manifesté devant, notamment avec les InterLuttant·es¹, un collectif qui organise des tas d’actions, des occu­pa­tions… Mais c’est très étrange : Rachel, ton élection a changé quelque chose. Pour la première fois, je me suis dit : « Putain, est-ce qu’il ne faudrait pas que je m’investisse aussi dans ce que j’appelle la “politique poli­ti­cienne” ? » Môme, je me suis impliquée dans un parti d’extrême gauche et les deals entre opposants poli­tiques m’ont rapi­de­ment dégoûtée. Un gars de ce parti m’avait dit : « Si tu veux faire de la politique, il faut apprendre à te salir les mains. » Ah bon ? « Bah tiens, voilà mon badge, salut, je me casse. » Cet engagement-là, c’était faire trop de conces­sions par rapport aux valeurs qui sont les miennes.

Une corrosion à bas bruit de « l’ordre public »

Ici un sous-intertitre

Le rai­son­ne­ment, hérité de la pensée libérale, est géné­ra­le­ment le suivant : il faut protéger l’individu des inter­ven­tions liber­ti­cides de l’État et laisser, autant que possible, les gens mener leur vie comme ils l’entendent. Un tel rai­son­ne­ment est loin d’être toujours nuisible : c’est celui-là même qui a permis, par exemple, la dépé­na­li­sa­tion de l’homosexualité aux États-Unis avec l’arrêt Lawrence versus Texas rendu par la Cour suprême en 2003. En recon­nais­sant à tous les individus un droit à la vie privée, on leur reconnaît le droit d’avoir des pratiques homo­sexuelles. Dans l’Union euro­péenne, on a, sur la même base, reconnu théoriquement.

Ici un encadré et son titre

Le rai­son­ne­ment, hérité de la pensée libérale, est géné­ra­le­ment le suivant : il faut protéger l’individu des inter­ven­tions liber­ti­cides de l’État et laisser, autant que possible, les gens mener leur vie comme ils l’entendent. Un tel rai­son­ne­ment est loin d’être toujours nuisible : c’est celui-là même qui a permis, par exemple, la dépé­na­li­sa­tion de l’homosexualité aux États-Unis avec l’arrêt Lawrence versus Texas rendu par la Cour suprême en 2003. En recon­nais­sant à tous les individus un droit à la vie privée, on leur reconnaît le droit d’avoir des pratiques homo­sexuelles. Dans l’Union euro­péenne, on a, sur la même base, reconnu théoriquement

Ici un sous-intertitre

Le rai­son­ne­ment, hérité de la pensée libérale, est géné­ra­le­ment le suivant : il faut protéger l’individu des inter­ven­tions liber­ti­cides de l’État et laisser, autant que possible, les gens mener leur vie comme ils l’entendent. Un tel rai­son­ne­ment est loin d’être toujours nuisible : c’est celui-là même qui a permis, par exemple, la dépé­na­li­sa­tion de l’homosexualité aux États-Unis avec l’arrêt Lawrence versus Texas rendu par la Cour suprême en 2003. En recon­nais­sant à tous les individus un droit à la vie privée, on leur reconnaît le droit d’avoir des pratiques homo­sexuelles. Dans l’Union euro­péenne, on a, sur la même base, reconnu théoriquement.

Parler : les voix de l’émancipation

Cet article a été publié dans le numéro 3 — Parler, paru en février 2022.
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