Les béguines, ni nonnes ni épouses

par

Anne Simon
Un jour, Eulalie dévoile à son amie Sandrine qu’elle est tombée enceinte, victime d’un viol. Les femmes n’ont alors le choix qu’entre le mariage ou le couvent. Eulalie devra se marier. Pour éviter de connaître le même destin, Sandrine décide de rejoindre les béguines, une communauté spirituelle, autonome et non mixte, avec la ferme intention de venger son amie. Une fiction librement inspirée de faits historiques. 

 

Anne Simon « Raconter la liberté des Béguines »

 

La scé­na­riste et des­si­na­trice Anne Simon explique pourquoi et comment est née sa BD Ni nonnes ni épouses. « Au départ, j’avais envie de tra­vailler sur les reli­gieuses car je voulais explorer des thèmes comme la sororité, la soli­da­ri­té et la non-mixité. Au gré de mes recherches, le sujet des béguines m’est apparu par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sant : des femmes qui, à partir du xiie siècle, ont fait le choix de vivre en com­mu­nau­té, indé­pen­dam­ment des autorités ecclé­siales. Je voulais raconter leur liberté. Pour cela, je me suis docu­men­tée, en lisant notamment La Nuit des béguines d’Aline Kiner. J’ai aussi regardé des repor­tages et suivi une visite guidée d’un béguinage à Bruxelles, dis­po­nible sur YouTube (lire page de droite). Ces sources m’ont permis de cibler les thèmes que je voulais aborder dans cette fiction : la modernité dans l’exercice de la foi, l’indépendance des béguines face à l’Église ou encore leur autonomie finan­cière. Je suis partie sur deux per­son­nages, le duo classique : l’une, Sandrine, choisit la liberté, tandis que l’autre, Eulalie, prend le chemin tra­di­tion­nel du mariage. Au fil du récit, j’ai introduit quelques réfé­rences et des expli­ca­tions his­to­riques comme dans le passage sur l’organisation du travail des béguines. J’ai essayé d’être pédagogue sans que ce soit trop lourd. Enfin, j’ai fait le choix de ne pas ancrer l’histoire dans un pays iden­ti­fiable ou dans une époque précise. Chaque béguinage a une orga­ni­sa­tion dif­fé­rente, mais je ne me réfère à aucun en par­ti­cu­lier. Je propose un mélange de ce qui a existé à Paris, Bruxelles, Amsterdam et Liège. On pourrait bien sûr croire que l’histoire se passe à une époque lointaine, mais j’ai ajouté des détails dans les dessins, comme le vélo, parce que je trouvais important qu’on puisse trans­po­ser les faits à l’époque contem­po­raine. L’histoire de Sandrine et Eulalie est uni­ver­selle. Je voulais montrer que nous devons toujours rester vigi­lantes car, même quand nous pensons avoir acquis certains droits, il faut se battre pour les préserver. »

Retrouvez l’in­té­gra­li­té de la bande dessinée « Ni nonnes ni épouses, laisse vivre les Béguines » dans La Déferlante #8.

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Retrouvez cet article dans la revue papier La Déferlante n°8, de novembre 2022. La Déferlante est une revue trimestrielle indépendante consacrée aux féminismes et au genre. Tous les trois mois, en librairie et sur abonnement, elle raconte les luttes et les débats qui secouent notre société.

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