Trois décennies de conflit
1994
La fin du génocide des Tutsis au Rwanda conduit un million de Rwandais·es, dont des Hutus génocidaires, à fuir au Zaïre (future RDC). Le Rwanda justifiera par la suite ses interventions en RDC par la protection des Tutsis.
1997
À l’issue de la première guerre du Congo, une coalition éphémère soutenue par le Rwanda et l’Ouganda voisins renverse la dictature de Mobutu, au pouvoir depuis 1965.
2004
Après la deuxième guerre du Congo (1998–2003), le conflit se concentre dans le Kivu (Est), où, depuis, les affrontements se succèdent entre groupes locaux, armée régulière et soutiens étrangers.
2021
À la fin de 2021, le M23, défait en 2013, reprend les armes et lance une offensive dans le Kivu. Il s’empare progressivement de vastes territoires.
2024
Après l’enlisement de pourparlers entre la RDC et le Rwanda, les combats reprennent. L’avancée du M23 culmine avec la prise stratégique de Goma et de Bukavu au début de 2025.
Des violences sexuelles endémiques
Les violences sexuelles utilisées comme arme de guerre atteignent aujourd’hui « des niveaux alarmants », alerte l’Organisation des Nations unies (ONU), qui a dénombré plus de 130 000 victimes en 2024, surtout dans l’est du pays. L’ONU cite plusieurs types d’exactions – viol, esclavage sexuel, ou encore grossesses, prostitution et mariages forcés. 94 % des victimes de ces violences, commises par les différents belligérants, sont des femmes et des filles. Depuis 2010, la RDC est qualifiée dans les médias de « capitale mondiale du viol ». La chercheuse franco-états-unienne Séverine Autesserre a mis en garde contre les effets pervers de cette expression : elle peut invisibiliser les victimes d’autres types de violences et aggraver l’usage des violences sexuelles en en faisant un outil de pression efficace pour les groupes armés.
Richesses minières
Le sous-sol congolais regorge de ressources minières : cuivre, or, lithium, diamants, coltan… Le pays produit aussi les trois quarts du cobalt mondial, un minerai stratégique utilisé dans la construction des batteries de smartphones et de voitures électriques. Des mines sont au centre du conflit. Celle de Rubaya (Nord-Kivu), qui fournit 20 à 30 % du coltan mondial, est aujourd’hui aux mains du M23. La population congolaise bénéficie peu de ces ressources, en raison des conflits, de la mauvaise gestion des autorités et de l’exploitation des minerais par des entreprises étrangères, notamment occidentales et chinoises. Selon la Banque mondiale, la RDC figure parmi les cinq pays les plus pauvres du monde.
Le Nord et le Sud-Kivu
au centre du conflit
C’est au Kivu, dans l’est du pays, que se concentrent aujourd’hui les affrontements. Le M23, soutenu par le Rwanda, contrôle depuis février les deux principales villes de la région, Bukavu et Goma. Pour faire face, l’armée congolaise manque de ressources. L’avancée du M23 s’accompagne d’exactions massives contre les civil·es – exécutions, enlèvements, violences sexuelles –, documentées par l’ONU, qui déplore le manque de mobilisation internationale. Les presque quatre millions de déplacé·es internes que compte le Kivu sont aussi menacé·es par l’intensification de la guerre.