RDC : un conflit au long cours

Depuis la fin de l’année 2024, une nouvelle offensive du groupe armé rebelle M23 (Mouvement du 23 Mars), soutenu par le Rwanda, déchire l’est de la République démo­cra­tique du Congo (RDC). Cet épisode est le dernier d’un conflit qui agite le pays depuis une trentaine d’années, et dans lequel les violences sexuelles sont utilisées comme arme de guerre. Carte d’un conflit au long cours.
Publié le 04/05/2025

Carte du conflit en RDC

Retrouvez cet article dans la revue La Déferlante n°18 Éduquer, parue en mai 2025. Consultez le sommaire.

Trois décennies de conflit 

1994

La fin du génocide des Tutsis au Rwanda conduit un million de Rwandais·es, dont des Hutus géno­ci­daires, à fuir au Zaïre (future RDC). Le Rwanda jus­ti­fie­ra par la suite ses inter­ven­tions en RDC par la pro­tec­tion des Tutsis.

1997

À l’issue de la première guerre du Congo, une coalition éphémère soutenue par le Rwanda et l’Ouganda voisins renverse la dictature de Mobutu, au pouvoir depuis 1965.

2004

Après la deuxième guerre du Congo (1998–2003), le conflit se concentre dans le Kivu (Est), où, depuis, les affron­te­ments se succèdent entre groupes locaux, armée régulière et soutiens étrangers.

2021

À la fin de 2021, le M23, défait en 2013, reprend les armes et lance une offensive dans le Kivu. Il s’empare pro­gres­si­ve­ment de vastes territoires.

2024

Après l’enlisement de pour­par­lers entre la RDC et le Rwanda, les combats reprennent. L’avancée du M23 culmine avec la prise stra­té­gique de Goma et de Bukavu au début de 2025.

Des violences sexuelles endémiques

Les violences sexuelles utilisées comme arme de guerre atteignent aujourd’hui « des niveaux alarmants », alerte l’Organisation des Nations unies (ONU), qui a dénombré plus de 130 000 victimes en 2024, surtout dans l’est du pays. L’ONU cite plusieurs types d’exactions – viol, esclavage sexuel, ou encore gros­sesses, pros­ti­tu­tion et mariages forcés. 94 % des victimes de ces violences, commises par les dif­fé­rents bel­li­gé­rants, sont des femmes et des filles. Depuis 2010, la RDC est qualifiée dans les médias de « capitale mondiale du viol ». La cher­cheuse franco-états-unienne Séverine Autesserre a mis en garde contre les effets pervers de cette expres­sion : elle peut invi­si­bi­li­ser les victimes d’autres types de violences et aggraver l’usage des violences sexuelles en en faisant un outil de pression efficace pour les groupes armés.

Richesses minières

Le sous-sol congolais regorge de res­sources minières : cuivre, or, lithium, diamants, coltan… Le pays produit aussi les trois quarts du cobalt mondial, un minerai stra­té­gique utilisé dans la construc­tion des batteries de smart­phones et de voitures élec­triques. Des mines sont au centre du conflit. Celle de Rubaya (Nord-Kivu), qui fournit 20 à 30 % du coltan mondial, est aujourd’hui aux mains du M23. La popu­la­tion congo­laise bénéficie peu de ces res­sources, en raison des conflits, de la mauvaise gestion des autorités et de l’exploitation des minerais par des entre­prises étran­gères, notamment occi­den­tales et chinoises. Selon la Banque mondiale, la RDC figure parmi les cinq pays les plus pauvres du monde.

Le Nord et le Sud-Kivu
au centre du conflit

C’est au Kivu, dans l’est du pays, que se concentrent aujourd’hui les affron­te­ments. Le M23, soutenu par le Rwanda, contrôle depuis février les deux prin­ci­pales villes de la région, Bukavu et Goma. Pour faire face, l’armée congo­laise manque de res­sources. L’avancée du M23 s’accompagne d’exactions massives contre les civil·es – exé­cu­tions, enlè­ve­ments, violences sexuelles –, docu­men­tées par l’ONU, qui déplore le manque de mobi­li­sa­tion inter­na­tio­nale. Les presque quatre millions de déplacé·es internes que compte le Kivu sont aussi menacé·es par l’intensification de la guerre.

Maya Elboudrari

Journaliste indépendante, Maya Elboudrari s’intéresse à l’actualité internationale et aux questions sociales – féminismes et migrations en particulier. Engagée à l’Association des journalistes antiracistes et racisé·es (Ajar), elle assure également des séances d’éducation aux médias. Voir tous ses articles

Thierry Gauthé

Cartographe pendant vingt ans à Courrier international, il continue aujourd’hui l’aventure en solo sur son blog Zemapmaker Voir tous ses articles

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Retrouvez cet article dans la revue La Déferlante n°18 Éduquer, parue en mai 2025. Consultez le sommaire.