Forgé en 1970 par une étudiante australienne, « Une femme sans homme, c’est comme un poisson sans bicyclette » est l’un des slogans féministes les plus connus au monde. S’il provoque un effet immédiat sur le muscle des zygomatiques, il porte aussi en soi un propos révolutionnaire et symbolise l’inventivité des militantes féministes en matière de slogans politiques.
Il a donné son nom à un café féministe de Schaerbeek à Bruxelles. Il a été cité aussi bien par Pierre Desproges que Stephen King. On l’entend dans les paroles d’un tube de U2. « Une femme sans homme est comme un poisson sans bicyclette » a beaucoup voyagé et compte parmi les slogans féministes les plus partagés. La formule nous vient d’Australie. La féministe américaine Gloria Steinem, à qui certain·es en avaient attribué la maternité, démentait le 16 septembre 2000 dans le magazine Time : c’est à Irina Dunn, militante et réalisatrice australienne qu’on la doit. Cette dernière l’aurait forgé en 1970 alors qu’elle était étudiante à l’université de Sydney en littérature anglaise en paraphrasant une formule du philosophe Charles S. Harris « A man without faith is like a fish without bicycle » (un homme sans foi, c’est comme un poisson sans bicyclette). Irina Dunn expliquera plus tard qu’elle avait écrit ce graffiti sur des portes de toilettes – une à l’université, une autre au Soren’s Wine Bar à Sydney. Ce qui est sûr, c’est que la formule trouve immédiatement son public. Le slogan va ensuite se diffuser dans le monde entier. « Une femme sans homme, c’est comme un poisson sans bicyclette » se retrouve sur les pancartes francophones des mouvements de femmes dès le milieu des années 1970, appelant, par le rire et l’incongruité, à prendre conscience qu’une femme peut se penser et agir de façon totalement indépendante d’un homme, devenu pour elle superflu. […]