En soirée, Shirley Wirden a longtemps parlé de ce camarade du Parti communiste qui ne savait pas entendre un « non ». Elle racontait à ses ami·es ce jeune homme « très lourd et très répétitif » qui la submergeait d’avances par SMS et sur les réseaux sociaux.
« J’avais été huée. Certain·es pensaient qu’il n’y avait “pas de ça” chez nous. Mais de nombreuses femmes étaient venues se confier
à moi. »
Hélène Bidard, conseillère de Paris, PCF
Fin 2017, en plein déferlement de témoignages #MeToo sur les réseaux sociaux, c’est Hélène Bidard, conseillère de Paris, qui avait impulsé ce dispositif, avec une poignée d’autres féministes du PCF. « On sait que c’est dans tous les partis, dans tous les milieux », avait-elle lancé alors dans un discours au conseil national du Parti. « J’avais été huée. Certain·es pensaient qu’il n’y avait “pas de ça” chez nous. Mais de nombreuses femmes étaient venues se confier à moi », raconte-t-elle aujourd’hui. À cette époque, d’autres partis de gauche amorcent la même réflexion, en réaction à l’affaire Denis Baupin, accusé par plusieurs élues d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) de harcèlement et d’agressions sexuelles . Chez les écologistes, cette onde de choc a marqué le début d’une phase « d’introspection », comme le reconnaît l’ancienne porte-parole d’EELV, Chloé Sagaspe. Une cellule d’écoute est lancée dès 2016 pour détecter toute autre situation abusive. Après la modification du règlement intérieur du parti en mars 2018, une « cellule d’enquête et de sanction » officielle voit le jour. Quelques mois plus tard, La France insoumise (LFI) inaugure son « comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles ». Au Parti socialiste (PS), la réflexion enclenchée avec le tournant Baupin donne naissance à la « cellule d’écoute et d’accompagnement des victimes de violences sexistes et sexuelles » en janvier 2020. En 2011, l’affaire DSK (1), d’une ampleur encore inédite, n’avait pas permis d’amorcer un tel processus. « Il fallait un momentum politique pour que soit enfin pris au sérieux ce qui n’avait pas été prioritaire pendant longtemps », observe Cécilia Gondard, secrétaire nationale à l’égalité entre les femmes et les hommes du PS.
Longtemps discrète, l’existence de ces cellules a été placée sous le feu des projecteurs médiatiques à la rentrée 2022. Plusieurs hauts dirigeants ont été mis en cause dans des affaires, certes bien distinctes, mais contraignant plus ou moins les partis à mettre en application leurs promesses d’exemplarité féministe. Suite à des accusations de violences psychologiques de la part d’une ex-compagne, Julien Bayou a démissionné, en septembre 2022, de la direction d’EELV et de la présidence du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, dénonçant une situation « intenable » dans laquelle il ne peut, selon lui, faire valoir sa défense. Le même mois, le député Adrien Quatennens (2) a reconnu avoir violenté physiquement sa femme – qui a porté plainte contre lui – et s’est mis en retrait de ses fonctions de coordinateur de LFI. Les cellules d’enquête d’EELV et de LFI ont été saisies de ces deux affaires. « Certains se font dévorer par un monstre qu’ils ont contribué à créer », a lancé le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, en conférence de presse, le 27 septembre 2022. Le garde des Sceaux dénonçait l’avènement d’une « justice de droit privé qui n’a aucun sens ».
Depuis 2018, à LfI : 44 signalements, 18 exclusions
En mai 2022, le retrait du journaliste activiste Taha Bouhafs de la course à la députation avait déjà suscité un tollé. Enrôlé sous les couleurs de LFI, ce dernier s’était retiré quand le comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles (CVSS) du parti a ouvert une enquête à son encontre, après avoir reçu un témoignage relatant des faits de violences sexuelles. « J’ignore ce dont on m’accuse, je n’ai jamais été confronté aux dites accusations », déclarait Taha Bouhafs dans une lettre publiée sur Twitter en juillet. Son avocat, Raphaël Kempf, réagit pour La Déferlante : « On ne peut condamner une personne sur la simple base d’un témoignage. C’est un principe de la Convention européenne des droits de l’homme. Par ailleurs, la personne mise en cause et son avocat, doivent avoir la possibilité de questionner la personne qui accuse. »
Par téléphone, la députée de Paris Sarah Legrain, qui pilote le CVSS de LFI, argue qu’il a été proposé à Taha Bouhafs d’être entendu courant octobre. « Le dossier entre nos mains était suffisamment lourd pour que nous décidions de lancer immédiatement une alerte auprès du comité de respect des principes, comme c’est prévu dans notre fonctionnement. Nous avons considéré avoir suffisamment d’éléments pour ne pas vouloir prendre le risque d’en faire un député, pourvu de l’immunité parlementaire qui va avec. » Hors urgence, la procédure est tout autre, assure Sarah Legrain, la seule des sept femmes du CVSS dont le nom est public – l’anonymat pour les autres permet de « ne pas subir des pressions ou recevoir des signalements par des voies informelles ». Une fois bouclé, le rapport est adressé au « comité de respect des principes », l’organe disciplinaire, chargé de régler tous les litiges. Cette instance réalise l’entretien contradictoire, pour la version du mis en cause. Depuis 2018, 44 signalements (concernant uniquement des hommes) ont été effectués, pour des faits allant de comportements sexistes de faible intensité à des violences sexuelles. Dix-huit exclusions ont été prononcées. D’autres mis en cause, selon la gravité des faits reprochés, se sont simplement vus contraints de suivre un stage de sensibilisation contre le sexisme.
« La cellule n’est pas là pour être neutre, assume Cécilia Gondard du PS. Nous sommes du côté de la victime et nous ne remettons jamais en cause sa parole. » Le nom des neuf « référent·es » est publié sur une page dédiée du site web des socialistes. « Ce sont des psychologues, avocat·es, assistant·es social·es », énumère Cécilia Gondard. À compter de l’ouverture d’une enquête, le PS s’est fixé un délai de huit mois pour rendre sa décision. Celle-ci est prononcée par la « commission de lutte contre le harcèlement et les discriminations », un organisme disciplinaire créé spécialement en septembre 2022. En trois ans, une exclusion définitive et une temporaire ont été prononcées. Ce fonctionnement bicéphale, séparant la phase d’écoute de celle du contradictoire, reste encore flou pour beaucoup. La secrétaire nationale soupire : « Lors du dernier conseil national, j’y suis allée à coups de PowerPoint pour expliquer ce fonctionnement à la direction du parti. Il y a une acceptation générale. Mais certain·es ne comprennent pas la différence entre cellule d’écoute et commission. Ça va prendre du temps, mais on ne lâche pas. »
Au PCF, la commission « Tolérance zéro », composée de quatre femmes et deux hommes, n’est pas encore entrée dans les statuts. « On va les refaire pour la première fois depuis dix ans en avril 2023, annonce Shirley Wirden, qui a repris la tête de l’instance. Je suis une dizaine de dossiers en ce moment, dont une moitié relative à des faits remontant à plusieurs années. » Le contradictoire comme la sanction incombe à la « commission nationale de règlement des conflits ». Depuis cinq ans, deux exclusions définitives ont été prononcées, ainsi que vingt suspensions. « Ce qui a l’air peu au regard du nombre d’adhérent·es, commente Hélène Bidard. Mais sur les dix années antérieures, il n’y avait eu que trois exclusions prononcées, pour des divergences politiques. »
Des réunions entre cellules dédiées des partis et syndicats
Dans le paysage des cellules au sein des partis, c’est EELV qui se distingue le plus car l’équipe assure à la fois l’écoute et le contradictoire, avec la possibilité de suspendre le suspect à titre conservatoire pour quatre mois. Son nom « cellule d’enquête et de sanction » prête néanmoins à confusion. Car, si elle préconise une sanction, elle n’a pas le pouvoir de l’entériner. Longtemps, ce rôle incombait au conseil fédéral, assemblée d’une centaine de personnes, l’équivalent du parlement du parti. « Nous faisions preuve de bonnes intentions démocratiques, avance Jérémie Crépel, ex-secrétaire national adjoint chargé du lien avec la cellule. Mais nous n’avions pas la possibilité de garantir la confidentialité. » En septembre 2022, une enquête de France Info (3) épingle EELV. Une militante, qui dénonçait une agression sexuelle perpétrée par un cadre, affirme avoir été contactée par son agresseur deux jours après avoir témoigné à la cellule. Un membre du conseil fédéral aurait fait fuiter le nom de la jeune femme. Pour prévenir tout nouveau risque, un comité de sanctions dédié spécifiquement aux VSS a été institué par une réforme de février 2022, composé de deux personnes du bureau exécutif national et de deux autres du bureau du conseil fédéral, chargées de sanctionner ou non le mis en cause. EELV ne communique pas de chiffres précis. « [Ils] démissionnent souvent dès qu’ils ont leur rapport entre les mains, pour éviter que la sanction ne tombe », précise Jérémie Crépel.
« Le plus courant, c’est que des gens exclus d’un mouvement arrivent dans un parti sans que l’on ne sache rien de leurs casseroles. »
Sarah Legrain, référente du comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles de La France insoumise
Tous les trimestres, depuis juin 2021, des réunions informelles sont organisées à l’initiative de Raphaëlle Manière, responsable du pôle anti-VSS de la CGT, entre les cellules dédiées des différents partis et syndicats. Elle résume : « On y partage nos réflexions pour devenir plus égalitaires. » Plusieurs syndicats répondent à l’appel aux côtés des quatre partis précédemment cités, mais aussi « le Parti de gauche, l’Union communiste libertaire, Génération·s, Ensemble !, et le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) », liste Raphaëlle Manière. Shirley Wirden, du PCF, renchérit : « Ça nous fait du bien d’être dans l’entraide. Personne n’a la prétention de dire qu’il ou elle fait mieux que l’autre. Tout est récent donc tout reste perfectible. » L’itinérance des agresseurs fait débat. L’homme qui a harcelé Shirley Wirden n’a pas attendu la saisie de son dossier pour quitter le parti. Il s’est, depuis, encarté ailleurs. « C’est un vrai sujet, se préoccupe l’Insoumise Sarah Legrain. Le plus courant, c’est que des gens exclus d’un mouvement arrivent dans un parti sans que l’on ne sache rien de leurs casseroles. »
Au NPA, on commence pourtant à se poser la question de la réintégration des radiés. Il faut dire que le parti d’extrême gauche a quelques années d’avance. Un dispositif de lutte contre les VSS, le plus ancien répertorié par nos soins, existe depuis sa création en 2009 à la suite de la dissolution de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). « C’était déjà présent au sein de la LCR », rappelle Alice Pelletier, de la « commission nationale d’intervention féministe ». Pour signaler un cas de VSS, les adhérent·es doivent saisir la commission de médiation composée d’une dizaine de personnes. « Nous sommes assez peu contactées par mail, cela se fait surtout par le éseau amical. Notre fonctionnement est plus informel qu’ailleurs : c’est lié à la taille de notre parti où nous sommes 1 800, poursuit la militante. Chez nous les copines se réunissent en AG non mixte, donc il y a une parole forte et solidaire. Nous discutons des signes avant-coureurs comme une attitude viriliste ou un comportement méprisant. Les violences ont lieu dans un contexte qui le permet parce que l’agresseur se sent dans l’impunité. » Dès qu’il y a saisine, le mis en cause est suspendu à titre provisoire. Au NPA, l’enquête, comme le choix de la sanction, est confiée à la « commission de médiation », l’instance paritaire qui règle tous les différends au sein du parti (4). « Mais il n’y a pas de médiation pour les VSS », souligne Alice Pelletier, qui indique que deux cas de VSS ont été traités cette année et ont conduit à une exclusion définitive. Longtemps, le NPA a occupé l’inconfortable position d’être le pionnier, c’est-à-dire le premier parti à se confronter aux VSS et au sein duquel, mécaniquement, le plus d’affaires éclataient au grand jour. « Nous avions l’impression d’avoir plus de cas, ce qui n’était pas la réalité », précise Alice Pelletier.
« Dans une entreprise, les salarié·es ne sont pas licencié·es pour avoir commis des infractions pénales, mais parce que le droit du travail n’a pas été respecté. Cela devrait être pareil dans un parti politique. »
Marilyn Baldeck, déléguée générale de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT)
Au centre et à droite, aucun comité d’enquête sur les VSS
« Les cellules sont toujours accusées de mal faire, de ne pas être impartiales et d’avoir voulu enfoncer ou sauver Untel », regrette Mathilde Viot (5), cofondatrice de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique. Fondée en février 2022, l’association appelle à la création d’un organisme, financé sur fonds publics, selon le modèle de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique mise en place peu après l’affaire Cahuzac. « Il est temps que les violences faites aux femmes soient prises tout autant au sérieux que les conflits d’intérêts », scande l’ancienne attachée parlementaire. Une alternative envisagée par Sarah Legrain de LFI : « Notre charte pourrait évoluer dans ce sens lors de l’assemblée représentative de décembre », anticipe-t-elle. Puis de nuancer : « Ma conviction, c’est que l’on ne pourra jamais externaliser la décision politique. »
Reste que l’option d’une « haute autorité » permettrait d’inclure les femmes d’autres mouvances politiques « et de combler les défaillances des partis de droite », conclut Mathilde Viot. Car au centre et à droite, où aucun comité d’enquête sur les VSS n’a jamais vu le jour, seule Renaissance fait figure d’exception. À l’automne 2022, une refonte des statuts a permis la création d’une structure baptisée « Prévention, écoute, action » composée de dix membres et dirigée par Marlène Schiappa. Un choix qui étonne plusieurs interlocuteur·ices des cellules de gauche, qui pointent sa gestion de l’affaire Hulot (6). Au Parisien, l’ancienne secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes a promis « une structure qui ne consiste ni à couper des têtes arbitrairement ni à étouffer des affaires. […] Nous ne sommes pas un parti de justice expéditive, de procès staliniens ».
En septembre 2022, alors qu’il était candidat à la présidence du parti Les Républicains, Bruno Retailleau s’est déclaré « favorable » à la création d’une cellule d’enquête. Aurélien Pradié, lui aussi engagé dans la course pour la chefferie LR, a au contraire estimé que c’était « à la justice de trancher ». Même rengaine au Rassemblement national. Pour Jordan Bardella, « ce n’est pas aux partis politiques de s’autogérer et de se faire justice eux-mêmes. Les partis politiques ne sont pas des astres à part qui se gouvernent selon des lois différentes. »
Une critique fréquente qui n’a pas lieu d’être, réplique Marilyn Baldeck, déléguée générale de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) : « Derrière le débat de savoir si l’on est pour ou contre les cellules, je devine une question sous-jacente : pour ou contre le traitement des VSS en dehors du spectre pénal ? Or, on ne peut raisonnablement pas s’appuyer sur une procédure pénale pour justifier des mesures disciplinaires, car le délai va être beaucoup trop long par rapport au besoin de gérer ces affaires en urgence. » Ces cellules relèvent, selon la juriste, du droit du travail. « Dans une entreprise, les salarié·es ne sont pas licencié·es pour avoir commis des infractions pénales, mais parce que le droit du travail et/ou les règles internes n’ont pas été respectées. Cela devrait être pareil dans un parti politique. » La juriste distingue les infractions pénales, qui sanctionnent le trouble à l’ordre public, des mesures disciplinaires, qui vérifient la conformité d’un comportement selon les règles de fonctionnement de la structure. Pour étayer son argumentaire, l’AVFT cite une jurisprudence du 25 mars 2020, confirmant la condamnation prud’homale d’un employeur pour harcèlement sexuel, malgré une relaxe au pénal. « Un individu peut être sanctionné en interne, même s’il n’a pas été condamné par la justice pénale, explique Marylin Baldeck. La faute pénale et la faute civile ne procèdent pas de la même logique. Si la sanction disciplinaire repose sur des faits que le tribunal correctionnel a considérés comme “insuffisants” – mais pas inexistants – pour caractériser une infraction pénale, ni le principe d’autorité de la chose jugée ni le principe de présomption d’innocence ne sont remis en cause. »
Épauler et accompagner les femmes sur le long terme
De fait, les cellules de lutte contre les VSS sont bien souvent les antichambres d’un parcours judiciaire. Quand elle était à la tête de « Tolérance Zéro », Hélène Bidard a accompagné des plaignantes au commissariat. Sa successeuse, Shirley Wirden émet parfois des signalements au procureur de la République : « Je ne veux pas que les femmes aient l’impression qu’il est suffisant de passer par le parti. Au PCF, nous faisons du disciplinaire. La justice fait du judiciaire. »
Au NPA, les femmes sont épaulées autant que possible sur le long terme, en étant aiguillées vers des psychologues compétent·es et / ou dans leurs parcours de plainte. « Pour elles, cela ne se règle pas en quelques semaines et c’est parfois ce qui est le plus dur à gérer », confie Alice Pelletier. « Oui, c’est éprouvant, abonde Shirley Wirden. Il n’y a pas de déconnexion possible sur ces sujets. Les victimes nous sollicitent dès qu’elles en ont besoin. Les écouter, c’est un don de soi. » Cécilia Gondard du PS résume : « Il faut le faire donc on le fait. » Pour ces raisons, les cellules connaissent parfois des difficultés de recrutement, avec un nombre de bénévoles qui décroît au fil des ans. Le PS devrait d’ailleurs bientôt lancer une campagne de recrutement. « Il y a un coût politique à cet engagement, prévient Hélène Bidard. Mais tant que #MeToo est là, nous avons une force indéniable pour faire bouger les lignes. Nous avons une chance énorme de vivre cette période. » •
1. Le 14 mai 2011, Dominique Strauss Kahn, directeur du FMI et présidentiable, est accusé d’agression sexuelle par Nafissatou Diallo, femme de chambre du Sofitel de New York. Les hommes politiques et éditorialistes français se distinguent alors par leur mépris de classe et leurs propos racistes et sexistes envers Nafissatou Diallo.
2. Adrien Quatennens a été condamné le 13 décembre 2022 à quatre mois de prison avec sursis. Il a par ailleurs été suspendu du groupe parlementaire LFI jusqu’au 13 avril 2023.
3. « Une victime d’agression sexuelle dénonce les failles de la cellule d’écoute d’EELV », par Stéphane Pair, francetvinfo.fr, le 30 septembre 2022.
4. Le dernier congrès, en décembre 2022, a décidé la création d’une cellule contre les VSS, non mixte, chargée de recueillir la parole des militant·es, d’émettre des préconisations et d’accompagner les plaignantes.
5. Mathilde Viot est l’autrice de L’homme politique, moi j’en fais du compost (Stock, 2022), un essai tiré de son parcours dans les arènes politiques.
En tant qu’attachée parlementaire, l’autrice avait cofondé en 2016 le collectif Chair collaboratrice, réunissant des femmes collaboratrices de l’Assemblée nationale et du Sénat.
6. En février 2018, Marlène Schiappa, alors secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, publie dans le Journal du dimanche une tribune de soutien à Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, accusé de viol. Une enquête pour viol et agression sexuelle sur mineure sera ouverte, puis classée sans suite pour prescription en septembre 2022. (Contactée par La Déferlante, Marlène Schiappa n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien.)
L’onde de choc Baupin
En mai 2016, dans une enquête conjointe de Lénaïg Bredoux (Mediapart) et Cyril Graziani (France Inter), plusieurs femmes, responsables et élues EELV, accusent Denis Baupin, alors vice-président de l’Assemblée nationale, de harcèlement et d’agressions sexuelles. Le parquet de Paris ouvre une enquête. Elle sera classée sans suite en mars 2017 pour cause de prescription, même si les faits étaient « corroborés » et « susceptibles d’être qualifiés pénalement », précise le procureur de Paris. Denis Baupin quitte la vie politique et porte plainte pour dénonciation calomnieuse et diffamation. Mais il est condamné en avril 2019 à verser des dommages et intérêts pour « abus de constitution de partie civile » après un procès retentissant qui aura vu ses victimes, des témoins et les journalistes ayant rapporté ces faits sur le banc des prévenu·es. « L’affaire Baupin, et plus encore le procès de presse auquel elle a donné lieu, est une première du genre, analyse la politiste Vanessa Jérome. Aucune violence sexuelle commise par un homme politique sur des femmes politiques n’avait été aussi massivement dénoncée jusque-là. » Dans un article consacré à ce sujet pour la revue Mouvements (mars 2019), Vanessa Jérome qualifie cette décision de justice d’« emblématique de l’ère post-#MeToo ». Et précise : « [La jurisprudence] sécurise les journalistes qui enquêtent sur ce sujet, ou souhaiteraient le faire, ainsi que les individus (victimes et témoins, quel·le que soit leur sexe/orientation sexuelle) qui voudraient témoigner. »