Certaines années plus que d’autres, il est difficile de formuler des vœux aux gens qu’on aime et qui nous entourent. Parce que l’actualité est si dramatique qu’il en devient presque indécent de se projeter ailleurs.
Pourtant, il va bien falloir nous y jeter, dans cette année qui commence. Sortir de la torpeur dans laquelle nous a plongé·es l’actualité, ramasser à terre ce qu’il nous reste d’énergie et rallumer le flambeau qu’entre féministes antiracistes et écologistes, on se passe de main en main, d’année en année.
En 2024, nous vous souhaitons la force de débattre et le courage de défendre vos convictions. Comme d’autres médias engagés contre le racisme et les violences de genre, La Déferlante continuera cette année encore à outiller les consciences grâce à des témoignages, des enquêtes et des récits au plus près des vécus, pour donner à voir « l’épaisseur du réel », selon l’expression utilisée par l’écrivaine Annie Ernaux – désormais actionnaire de notre média.
Maintenir en vie des endroits de résistance
L’année dernière, nos journalistes sont parties en reportage en Amazonie, en Italie, en Afghanistan, au Royaume-Uni et en Israël. Elles ont brossé le portrait de figures féministes mal connues comme l’écrivaine Jacqueline Manicom ou l’autrice tchèque Jana Černa. Mais aussi enquêté pendant 10 mois sur un phénomène massif encore méconnu : l’inceste commis par des mineurs. Dans nos pages se sont croisées la députée Rachel Keke et la comédienne Corinne Masiero, mais également l’essayiste Mona Chollet et l’autrice de bande dessinée suédoise Liv Strömquist. Des écrivaines – Diaty Diallo, Emmanuelle Richard, Seynabou Sonko, Isabelle Sorente, Juliette Rousseau… – ont elles-mêmes pris la plume pour nous donner un aperçu de leurs univers.
En parallèle, nous avons noué de nombreux partenariats (festival Longueur d’ondes, Centre Pompidou, musée Carnavalet, Théâtre de la Croix-Rousse…) et organisé des événements réunissant plus de 5 000 lectrices et lecteurs. Nous avons inauguré La Déferlante Éditions, et publié deux ouvrages, portant les voix dissidentes d’un homme trans (La Fin des monstres, récit d’une trajectoire trans, de Tal Madesta) et d’une femme lesbienne (Et l’amour aussi, de Marie Docher). Deux nouveaux ouvrages paraîtront en 2024 : un essai sur les sexualités lesbiennes, par Élodie Font, et un conte écoféministe pour enfants signé Camille Bouvot-Duval (textes) et Léa Djeziri (dessins).
DES AMBITIONS ÉDITORIALES À LA HAUTEUR DES ENJEUX POLITIQUES
En mars, dans notre treizième numéro, nous commémorerons les 50 ans des luttes ayant débouché sur la loi Veil, dépénalisant l’avortement. En septembre, nous bousculerons notre chemin de fer habituel avec un numéro spécial d’enquêtes, d’analyses et de reportages sur la montée de l’extrême droite, les dangers qu’elle fait courir aux femmes et aux minorités de genre, mais aussi sur les moyens d’y résister.
En 2024, nous nous souhaitons d’être plus que jamais un média d’enquête, d’analyse et de résistance. De poursuivre notre travail d’investigation sur les violences de genre, de classe ou de race, ainsi que sur les paniques morales que, partout dans le monde, la droite et l’extrême droite entretiennent sur le dos des personnes déjà opprimées.
Tout ce travail nécessite des moyens financiers, et la bonne nouvelle – car il y en a quand même quelques-unes –, c’est que grâce à votre fidélité et à votre engagement à nos côtés, ces moyens existent. En 2023, vous avez été 756 à investir dans le capital social de notre média. Grâce aux 400 000 euros de cette levée de fonds, nous pouvons avoir des ambitions éditoriales à la hauteur des enjeux politiques qui nous attendent, en finançant encore davantage le travail de terrain des journalistes et en publiant toujours plus d’autrices et d’auteurs porteurs de récits transformateurs et utopiques. Car « ouvrir l’œil en rêve, c’est se retrouver soudain dans un monde où tout, absolument tout, devient possible », comme l’a écrit dans nos pages la romancière Isabelle Sorente.
De toutes ces manières, nous voulons cette année, avec votre aide et à la faveur de nos échanges, maintenir en vie ces endroits de résistance que sont le débat, l’information et la littérature. Protéger cette flamme que nous portons à bout de bras et qu’il nous faudra garder en vie jusqu’à l’année prochaine. Car « la seule manière d’aller de l’avant, expliquait Alison Bechdel dans notre numéro de mai 2023, c’est finalement de s’engager ».
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